En cette période de tour cycliste de Guadeloupe, je m’étais dit, surtout foin de politique ! Même si chacun en coulisse s’affaire à préparer la rentrée de septembre qui cette fois risque d’être plus électorale que scolaire, calendrier oblige. Donc, il était selon moi de bon ton de renvoyer à plus tard, les commentaires sur les joutes verbales, même s’il y en a chaque jour ! Et partant, de différer faits de campagne et analyses. Mais pas seulement. Il n’était pas temps non plus me semblait-il, d’embrasser les grandes questions de notre société guadeloupéenne si complexe. Où va notre université ? Le centre hospitalier (CHU) qui nous est promis sera-t-il construit un jour ? À quelles conditions ? À quand la fin des monopoles au profit des multinationales dans un territoire censé se mouvoir dans un ensemble dont la règle est la concurrence, soit disant moteur du libéralisme ? Que vaut le concept de l’égalité réelle ? Est-ce un leurre, une utopie ou la voie vers une véritable perspective ? Autant de sujets qui de mon point de vue ne cadrent pas vraiment avec l’air du temps. Car l’heure est au Tour cycliste de Guadeloupe. À la liesse populaire. La fièvre est d’autant plus palpable à l’heure où sont écrites ces quelques lignes, que les Guadeloupéens se sont laissés dire que Boris Carène leur chouchou, a cette fois les jambes et l’équipe (ASBM – Team Macambou) pour rivaliser avec les meilleurs. La montée de Saint-Claude dimanche 2 août fut déjà une communion populaire. Et chacun s’est mis à espérer que dimanche soit l’apothéose avec comme point d’orgue, la consécration de notre champion. Certes Boris Carène peut échouer dans sa tentative de gagner ce Tour de Guadeloupe. Mais la ferveur de tous ceux qui se précipitent sur les routes, oreilles collées à un transistor ou qui restent vissés sur leur divan devant la télé est réelle. Cette ferveur se nourrit de cet espoir de voir gagner un Guadeloupéen. Alors chauvinisme futile ? Ivresse chimérique ? Sans doute… Mais cet élan de fierté qui saisit tout un peuple, dès lors qu’un des siens se distingue dans une compétition sportive internationale, est commun à tous les pays. Qui ne se souvient pas des Champs Elysées, noirs de monde en juin 1998, lorsque la France a remporté sa première coupe du monde ? Avez-vous entendu les commentateurs de la télévision française lorsque Thibault Pinot a remporté l’étape de l’Alpe d’Huez ? Soit dit en passant, il n’est venu à l’esprit d’aucun journaliste d’évoquer un quelconque dopage. Le chauvinisme des commentateurs français n’est, de mon point de vue, nullement gênant. Alors pourquoi diable un ancien professionnel, fut-il ancien champion du monde, Luc Leblanc pour ne pas le nommer, accessoirement commentateur de ce 65ème Tour cycliste sur RCI aurait le droit de jeter sans gêne aucune, le discrédit sur la performance de Boris Carène dans la montée de Saint-Claude ? Qu’il se soit excusé est une bonne chose. On n’a pas envie de lui rappeler qu’il a avoué lui-même s’être dopé après son titre de champion du monde de 1994. Non, le plus dérangeant ce n’est pas tant non plus le soutien de ses confrères de RCI, mais l’argument avancé. Ils s’offusquent qu’on ait plus le droit de rien dire. La bonne affaire ! Tiens, moi aussi je peux tout dire. Y compris les outrances les plus imbéciles. Par exemple que toute l’équipe de France de football était dopée en 1998. Je peux relayer aussi la rumeur selon laquelle la France a acheté sa coupe du monde. Je pourrais continuer ainsi à l’infini, puisqu’on peut tout dire. Mais par respect pour ceux qui ont pratiqué du sport à un certain niveau, par respect pour vous lecteurs qui attendez autre chose que des états d’âme, et aussi parce que je ne crois pas un traître mot de tout cela, j’arrête là les inepties. D’autres devraient en faire autant !

Le Courrier de Guadeloupe souhaite à ses lecteurs de belles et belles vacances. Nous nous retrouverons très vite avec l’édition du 28 août 2015.

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