Adrien Weladji-Chebahi est lycéen-athlète en classe de terminale aux Abymes. A 18 ans révolus, et à quelques jours des épreuves du baccalauréat, il se prépare également à une autre grande première : voter aux élections européennes

Adrien Weladji-Chebahi est lycéen-athlète en classe de terminale aux Abymes. À 18 ans révolus, et à quelques jours des épreuves du baccalauréat, il se prépare également à une autre grande première. Adrien votera pour la première fois ce 8 juin à l’occasion des élections européennes. Conscience citoyenne, choix de candidat, aspirations… il explique au Courrier de Guadeloupe sa vision de l’enjeu électoral à venir. Interview.

Le Courrier de Guadeloupe : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez reçu votre carte d’électeur ?

Adrien Weladji-Chebahi : Je n’ai pas eu de réaction particulière. J’avoue que je ne savais pas du tout quel était le sens profond du vote. J’en ai parlé à mes parents qui m’ont expliqué. Dans un premier temps je leur ai dit que je n’irai pas voter parce que je ne savais pas à quoi cela servait, même si j’en avais une très vague idée via les réseaux sociaux. Je sais maintenant qu’il s’agit de choisir des députés européens qui votent des décisions qui s’appliquent aux états-membres dont la France.

Les explications de vos parents ont-elles influencé votre vote ?

Adrien Weladji-Chebahi : Mes parents ne m’ont pas influencé. Ils m’ont juste expliqué ce que c’était, et que c’était important. Ils m’ont dit de prendre le temps de la réflexion. Ce que je fais. J’ai procédé à des éliminations. Je n’ai pas encore fait un choix définitif mais je serai seul à décider.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ces élections ?

Adrien Weladji-Chebahi : J’ai fait quelques recherches. J’ai vu les sondages. Mais je n’attends pas grand-chose de cette élection. Pour moi c’est surtout une expérience nouvelle que de devenir un vrai citoyen. Je réalise que je deviens un vrai citoyen. C’est un thème qu’on aborde à l’école mais on en a qu’une vague idée. Tant qu’on n’a pas exercé ce devoir citoyen ce n’est pas concret.

Comment vous êtes-vous informé sur les programmes des candidats ?

Adrien Weladji-Chebahi : Les réseaux sociaux sont incontournables puisqu’ils sont partout. Mais je ne m’y fie pas entièrement. J’ai pris le temps de lire les programmes des principales listes. C’est comme cela que je me fais une idée quant au choix que je ferai lors du vote.

Vous est-il arrivé de participer à des discussions politiques en ligne ?

Adrien Weladji-Chebahi : Non pas du tout.

Les politiques ont beaucoup investi les réseaux sociaux, qu’en avez-vous pensé ?

Adrien Weladji-Chebahi : D’un côté c’est bien. Ils vivent avec leur temps. D’un autre côté je trouve cela moyen parce que cela peut-être très trompeur et même menteur.

Vous n’êtes pas très confiant…

Adrien Weladji-Chebahi : L’objectif des promesses électorales c’est de convaincre les électeurs. Mais c’est à double tranchant. Comme ces promesses sont rarement tenues. Cela explique que les gens soient de plus en plus déçus de la politique.

Je sais que tout ce que les candidats racontent n’est pas forcément vrai. Surtout en ce qui concerne les promesses qui figurent dans les programmes. J’évalue ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas, et je sélectionne. Les réseaux sociaux nous abreuvent d’information mais moi je fais le tri.

Avez-vous prêté attention aux Guadeloupéens qui figurent sur les listes ?

Adrien Weladji-Chebahi : Pas du tout. Je ne me déterminerai pas en fonction de ces personnalités. Je sais désormais qu’il est important de voter. Cela nous permet d’exercer un droit démocratique. Mais les personnes m’importent peu. Ce sont les idées qui vont me déterminer. J’ai pris le soin de vérifier les noms des têtes de listes des principaux partis au niveau national et ce qu’ils proposent. Et je dois dire que tout n’est pas bon.

Qu’est-ce qui n’est pas bon ? Par quoi vous sentez-vous davantage concerné ?

Adrien Weladji-Chebahi : Je suis très sensible à l’écologie, à l’environnement au problème du réchauffement climatique. D’abord parce que je pense que c’est important pour l’avenir de l’humanité, et puis parce que c’est nous les jeunes qui allons hériter de ces fléaux. Ceux qui gouvernent aujourd’hui ne seront plus là. Et puis j’attache une grande importance à la justice sociale. Le sort des ouvriers, des démunis, de ceux qui ne gagnent pas grand-chose m’interpelle.

La justice, l’attention aux autres, ce sont les qualités que vous recherchez chez un candidat ou un parti politique ?

Adrien Weladji-Chebahi : Je recherche d’abord la sincérité. Même si ce n’est pas facile à détecter. Ensuite la transparence, l’honnêteté respecter l’éthique dans son comportement et ses décisions. Ce sont ces qualités qui peuvent déclencher ma confiance.

Et lorsqu’un candidat traîne une casserole, cela le disqualifie-t-il ?

Adrien Weladji-Chebahi : Cela dépend de laquelle. Si le candidat a des démêlés judiciaires, s’il se complaît dans l’illégalité cela influencera fortement mon choix. Son programme peut être valable mais j’attache une grande importance à l’éthique.

Selon vous, dans cette élection les candidats abordent-ils suffisamment les problèmes des jeunes ?

Adrien Weladji-Chebahi : Ils ont tous un petit chapitre sur le sujet mais ce n’est pas forcément convaincant. D’ailleurs même s’ils en parlent, beaucoup de choses sont promises mais il n’y a pas grand-chose de concret.

Vous sentez-vous Européen ? Quels aspects de l’Union européenne sont les plus importants pour vous ?

Adrien Weladji-Chebahi : Je me sens davantage Français qu’Européen. Quand on vit sa vie au quotidien, on ne pense pas Europe. Ce n’est pas la première identité qui nous anime.

La stabilité, la coopération politique et sociale, la protection de l’environnement, la mobilité, la défense des droits de l’homme.

Comment percevez-vous le débat autour de l’intégration européenne et de la souveraineté nationale ?

Adrien Weladji-Chebahi : C’est un débat complexe. Certains voient l’intégration européenne comme un moyen de renforcer la coopération. D’autres ont peur de se diluer dans l’Europe. L’intégration européenne me paraît une bonne chose. On ne peut s’enfermer dans une case. Il faut s’ouvrir sur le monde c’est l’une des motivations des jeunes.

Votre génération a-t-elle une vision différente du monde ?

Adrien Weladji-Chebahi : Je pense que oui. La jeunesse est plus consciente du reste du monde, de ses différences culturelles et de ses choix, et donc des autres pays européens que les générations actuelles et précédentes. Contrairement à une idée reçue, les jeunes commencent à s’intéresser à la politique avant 18 ans. Mais nous nous posons des questions politiques pas politiciennes.

Les jeunes électeurs peuvent-ils influencer les politiques européennes ?

Adrien Weladji-Chebahi : Oui, s’ils sont suffisamment nombreux à voter. Potentiellement, les jeunes pourraient représenter une part importante des électeurs. Nous pourrions être porteurs de changement. De toute façon les jeunes représentent l’avenir.

En sont-ils conscients ?

Adrien Weladji-Chebahi : Malheureusement non.

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