Les années passent et la politique en Guadeloupe génère toujours les mêmes querelles, les mêmes contradictions, et les mêmes incongruités. Dans le même temps, le pays traîne depuis des lustres les mêmes problèmes de politique publique : l’eau, le transport public, le chômage de masse et j’en passe… D’abord les querelles. En 2010, à la veille des élections régionales, les dirigeants du GUSR commencent à secouer le cocotier Lurel. Au sein même du conseil régional des voix s’élèvent pour contester l’exécutif. On susurre que Jacques Gillot mène la fronde et conduira une liste. Las, la bulle se dégonfle très vite. Jacques Gillot est le plus chaud partisan de Victorin Lurel au cours de la campagne de ces élections régionales. Les cadors du GUSR avalent leur langue. Courageuse, Jeannie Marc va toute seule au casse-pipe. Lurel est sur un nuage. 2015, il y a juste les élections départementales qui interviennent quelques mois avant les élections régionales, contrairement à 2010. Mais on est toujours dans la même configuration. On prend les mêmes et on recommence. Les rapports entre le GUSR et la fédération du parti socialiste sont au plus mal. Au différend sur la question institutionnelle s’est ajouté celui de la gouvernance du conseil général. Chacun fait monter les enchères. Victorin Lurel annonce clairement qu’un parti socialiste vainqueur aux élections départementales remettra en question l’actuel exécutif. Réponse du berger à la bergère si l’exécutif actuel est mis à mal, Jacques Gillot conduira une liste aux régionales. Fin du premier acte. On revient à 2010 pour parler cette fois du PPDG. Le parti d’Albert Elatré est plus proche – déjà — du GUSR sur la question institutionnelle, mais bien plus fidèle au PS au niveau des alliances électorales. 2015 même musique. Le PPDG et le PS sont indéfectiblement alliés. Résultats des courses, il est fort possible qu’en dépit des déclarations des uns et des autres, on rejoue la même partition. Jacques Gillot pourrait très bien rester à la tête du conseil général quel que soit le score du PS, ce qui reconduirait Victorin Lurel à la tête de la Région sans vraiment batailler. Cela paraît logique. D’autant qu’en dépit de leurs coups de gueule, les deux hommes s’apprécient et continuent à se parler. Sauf que la politique n’a rien de logique ! Ce cas de figure pourrait cependant mettre carrément dans le vent la droite qui dès lors, n’aurait plus d’alliés de circonstance. L’autre constance de la politique en Guadeloupe ce sont les petits arrangements des candidats toujours possibles ici et là sur le terrain par-devers leur parti. Toutefois, il y a une évolution au chapitre des alliances contre nature. Elles peuvent désormais se faire au grand jour. Ainsi dans le canton Baillif Vieux-Habitants Bouillante, une socialiste dépitée s’est alliée à un candidat classé plutôt à droite. Même si l’intéressé nie appartenir à cette famille. Dans le Nord Grande-Terre c’est encore plus épique. Un combo communiste/droite/proche du PS mène le bal. La modification de la loi électorale permet ces acrobaties. Pourquoi s’en priver ? Au fond lorsque chaque candidat possède un fief, l’alliance des deux peut assurer à chacun une élection facile. Il fallait juste y penser ! Reste maintenant les serpents de mer que sont la politique publique de l’eau, celle des transports et du chômage. Sur ce chapitre rien de nouveau à l’horizon. Il y a 20 ans on parlait déjà de l’inanité des transports publics. À la même époque, on savait aussi – déjà — que les réseaux d’adduction d’eau étaient troués comme du gruyère. Seul changement on ne sait pas encore qui aujourd’hui continuera à gérer le fromage. Il y a 20 ans la Guadeloupe produisait autant de chômeurs qu’aujourd’hui. On pourrait continuer ainsi à l’envi. Rien n’y fera. Dans 20 ans, les mêmes problèmes resteront toujours insolubles. Dans ces domaines aussi la politique reste immuable. Sauf que là c’est bien plus grave.

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