Sortir du marigot politique

Si l’on se fiait uniquement aux clapotis du marigot politique, il y aurait de quoi être complètement déboussolé. D’autant qu’il n’y a pas plus emberlificoté qu’un homme politique quand il essaie d’aligner deux idées cohérentes sur ce qu’il veut vraiment. Ainsi, cela fait plus de cinq ans, juste après les élections régionales de 2010, que rien ne va plus entre le GUSR et la fédération du parti socialiste et par ricochet entre Victorin Lurel et Jacques Gillot. 5 ans qu’ils ne sont d’accord sur rien. Ni sur le statut juridico-administratif que doit adopter la Guadeloupe, ni sur les politiques publiques à mener. Victorin Lurel ne se cachait pas pour critiquer la politique du transport du Département, ni celle qu’il jugeait défaillante en faveur des personnes âgées, ou de la petite enfance. De son côté on a vu Jacques Gillot prendre fait et cause ou presque, en faveur des gérants de station de service alors que le décret voulu par Victorin Lurel vise justement à rogner certains de leurs privilèges et surtout à annihiler la capacité de nuisance qu’ils exerçaient en bloquant les stations-service et partant, la Guadeloupe. La presse sur cette situation conflictuelle évidente où les crocs-en-jambe l’ont souvent disputé aux coups fourrés, a maintes fois mis en exergue, l’opposition parfois criante entre les deux frères de gauche. Invariablement, Jacques Gillot nous ressortait le concept fumeux du socle de gauche. Jusqu’au jour – c’est-à-dire lorsqu’il a perdu la présidence de l’assemblée départementale — où ce socle de gauche a soudain explosé en mille morceaux, laissant percer rancœur et ressentiment. Pour être tout à fait juste, tous les membres du GUSR n’étaient pas au diapason de l’ancien président du conseil général. Guy Losbar n’a jamais mâché ses mots. Il a entre autres accusé Victorin Lurel de priver sa ville d’aides régionales. Quant à Dominique Théophile, il a clairement affublé le président de Région de dictateur. Nous en étions donc là de cet épisode grand guignolesque de la politique en Guadeloupe, lorsque Max Mathiasin a décidé de monter encore d’un cran la mayonnaise et de mettre carrément les pieds dans le plat. Dans l’attitude de l’ex-secrétaire fédéral, il y a certainement beaucoup de souffrance. Mais il y a aussi une volonté d’exister politiquement à tout prix. Or, on peut toujours vouloir tout ce qu’on veut, c’est le peuple qui décide. Max Mathiasin dit qu’il n’a jamais demandé à Lurel de s’engager à sa place auprès de Jeanny Marc. Admettons. Mais la population de Deshaies est témoin que Jeanny Marc s’est engagée en faveur de son cousin lors du second tour des législatives. Elle le sait tant et si bien que lorsque Max Mathiasin se présente aux municipales, il se prend une raclée. Il perd des voix là où il en avait toujours eu. La leçon ne lui a pas suffi. Il ira encore aux départementales et subira la même défaite alors qu’il a l’appui du maire de Pointe-Noire, Christian Jean-Charles. Alors en dépit des conseils de tous ses amis il va faire un coup d’éclat et avoir la vedette sur les médias pendant tout un week-end. Mais une fois le soufflé retombé que deviendra l’ex-secrétaire fédéral ? Il va dit-il lancer un mouvement pour aller à la rencontre de la population. Pour lui dire quoi ? Que Lurel est méchant ? Et pourquoi ne l’avoir pas dit plus tôt ? Cela dit, même si le coup de tonnerre provoqué par Max Mathiasin ne lui rapporte pas grand-chose, il est clair que le PS a été rudement secoué et le camp Lurel avec. Une droite en ordre de bataille aurait pu recueillir les bénéfices d’une telle secousse. Mais la droite est toujours dans les choux. Reste le GUSR qui dit-on s’organise. Mais son ambition ne pourra prospérer qu’à condition de proposer un vrai projet, une vraie alternative. Et il faudra convaincre de la meilleure qualité de cette alternative. C’est sur le plan des idées qu’il faut concurrencer Victorin Lurel, pas sur celui des petites querelles autour de sa personne. Des offres, des offres proposez de véritables offres et qu’enfin nous ayons de vrais choix à faire.