À la suite du premier tour des élections législatives anticipées provoquées par Emmanuel Macron, le Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, pourrait obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et gouverner la France. Cette perspective suscite de vives inquiétudes quant à l’avenir de la France. Notamment en matière de cohésion sociale et de respect des valeurs républicaines.
Depuis les résultats du premier tour le 30 juin, une recrudescence des agressions verbales et physiques, ainsi que des insultes racistes à l’encontre des populations noires ou arabes est observée. Ces délits revendiqués par des sympathisants du RN, mettent au grand jour un climat de haine, de xénophobie et de division. Plus grave encore, certains candidats du RN, déjà élus ou en tête au premier tour du scrutin, ont tenu des propos xénophobes et racistes d’une rare violence. Le journal Médiapart en a recensé une quinzaine.
Les auteurs de ces violences et injures ne se sont pas soudainement découverts racistes au lendemain du premier tour. Mais aujourd’hui, ils se sentent désinhibés, autorisés à exprimer publiquement leurs pensées les plus sombres et à donner libre cours à leur haine de l’étranger. Cette libération de la parole raciste est particulièrement alarmante dans un pays qui s’arroge le titre de berceau des droits de l’Homme. Elle peut entraîner des drames qui rappellent la triste époque des ratonnades et autres persécutions de catégories de population qui n’ont pas la bonne couleur de peau ou la bonne religion.
Le Rassemblement national nourrit une haine de l’égalité, prônant une théorie de la préférence nationale qui considère l’étranger, le Noir, l’Arabe comme inférieur au Français dit « de souche ». En cas de majorité absolue du RN, il semble qu’aucun étranger, supposément identifiable à la couleur de sa peau, ne sera en sécurité en France. Question : les Afrodescendants et descendants d’Indiens qui ont voté pour le RN en Guadeloupe ont-ils oublié qu’ils ont tous, des parents et des amis qui vivent dans l’Hexagone ?
Le vote est une expression personnelle, mais aussi un acte de responsabilité collective. En soutenant un parti qui promeut la haine et la division, on participe à la destruction du tissu social et à la mise en danger de milliers de citoyens. La France mérite mieux qu’un avenir dominé par l’intolérance et la discrimination.
L’histoire coloniale de la France, au prix de nombreuses vies et ressources prélevées, lui a permis d’endosser le statut de puissance mondiale contemporaine. Elle a aussi créé des liens historiques et migratoires entre la France et ses anciennes colonies du monde noir et arabe. Les acteurs passés et présents de ces migrations sont plus particulièrement visés par les projets du RN.
Au Courrier de Guadeloupe nous considérons qu’il est de notre devoir de nous opposer à cette montée de l’extrême droite. Nous considérons que la focalisation excessive sur les personnes (aujourd’hui plus particulièrement dans l’Hexagone les Noirs, les Arabes, les migrants, et en Guadeloupe les Haïtiens, Dominiquais, Dominicains) n’est qu’une diversion qui ne garantit en rien que des solutions pérennes soient trouvées aux problèmes que sont notamment la pauvreté, l’insécurité, l’injustice, l’absence de liberté, la négation des identités, les entraves à l’épanouissement.
Ce deuxième tour des élections législatives est une opportunité pour les Guadeloupéens de porter haut l’héritage rebelle et abolitionniste qui amène à se dresser contre toutes les formes d’oppression et à briser les idées, pratiques et institutions injustes et inhumaines.
Le Courrier de Guadeloupe invite tous les citoyens à faire le choix d’élus respectueux des citoyens, de l’humain, du vivant.
Faisons résolument barrage à l’extrême droite et au Rassemblement national.
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