À moins d’un mois du premier tour des élections départementales, on peut déjà identifier les thématiques qui feront le lit de la campagne électorale. Sans ordre de priorité ou de classement, on peut citer pour commencer, la querelle Lurel/Gillot qui constitue une sorte de trame de fond, installée depuis longtemps déjà, nourrie par la question de l’évolution institutionnelle de la Guadeloupe et qui, à l’approche de l’échéance électorale, s’est carrément exacerbée. Cette opposition des deux hommes sur une question hautement politique – et donc noble —, à y regarder de plus près, n’est pourtant pas un point de clivage insurmontable. Jacques Gillot a maintes fois répété qu’entre lui et Victorin Lurel, il ne s’agissait que d’un problème de calendrier. Autrement dit, le différend n’est pas rédhibitoire. Sauf que le ton n’a pas cessé de monter entre les deux ténors des deux familles de la gauche guadeloupéenne. D’où toujours, l’interrogation qui finit par devenir lancinante : sur quoi repose véritablement la rupture entre les deux hommes ? Aucune réponse n’épuisera le sujet. Cependant, la question n’est pas superflue. Elle va tarauder la pensée de l’électeur pendant toute la campagne, et jusqu’au moment du vote. L’autre thème de campagne qui découle en réalité du premier, est clairement attaché à l’avenir de Jacques Gillot, à la tête du conseil général. Les électeurs voteront localement pour désigner un conseiller général. Toutefois, il n’est pas impossible qu’ils aient également à l’esprit, la désignation du futur président de l’Assemblée départementale. À dire vrai, c’est même tout l’enjeu de cette élection. Un autre sujet fort sera présent au cours de cette campagne et que commande l’actualité, c’est celui de l’eau. Même si je vois mal, comment les candidats pourraient honnêtement capitaliser sur cette problématique, tant toute la classe politique est tenue responsable du naufrage amorcé. N’empêche, l’eau sera dans toutes les têtes. Les candidats le savent. Et les plus hardis en feront tout de même leur cheval de bataille. Parce que l’eau est un besoin vital qui parle directement aux gens. Parce qu’elle est rendue imbuvable à cause aussi de factures de plus en plus salées. Ce qui touche directement au portefeuille. Or personne n’est insensible à cette ponction. Oui, on n’a pas fini de parler de l’eau ou d’y penser au cours de cette campagne. Peut-on en déduire comme l’a dit Lucette Michaux-Chevry que c’est l’eau qui fera la campagne ? Pas sûr, puisque même dans les localités où la pénurie d’eau s’est fait cruellement sentir, les gens savent fort bien que la plupart des candidats qui sollicitent leurs voix n’ont pas été à la manœuvre et n’y seront sans doute toujours pas. En revanche, le mécontentement est réel et pourrait susciter un énorme rejet de la politique. Ce qui ne pourrait qu’amplifier un taux d’abstention qu’on peut déjà pressentir important, eu égard aux nouveaux périmètres des cantons, à la nouvelle loi électorale et au climat morose ambiant. Reste un élément à analyser. Quelle influence peut avoir l’état de l’opinion dans l’Hexagone où le parti socialiste se déchire, promis à un échec tout aussi cuisant qu’aux municipales de 2014, sur les résultats de ces élections départementales en Guadeloupe ? Pour dire vrai, politiquement, la France hexagonale suit son cours et la Guadeloupe le sien. Autrement dit, il n’y aura pas de raz de marée de droite et encore moins du Front national. Et la gauche ne sera certainement pas laminée. D’abord parce que le Front national n’a pas d’ancrage en Guadeloupe, ensuite parce que la droite guadeloupéenne se cherche encore et n’a toujours pas réglé ses problèmes de leadership. Enfin au risque de se répéter, pour des raisons liées à son contexte sociologique, la Guadeloupe vote plus volontiers à gauche. Alors, Gauche PS ou gauche GUSR ? En réalité c’est là, le vrai match !

Poster un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.