Au plus fort de la crise Covid-19, une petite musique a flotté maintes fois ici et là. Y compris dans des milieux peu ou pas du tout habitués à l’entonner. Propos entendus : il faut rapatrier les entreprises industrielles françaises sur le territoire national, reconquérir, maîtriser et amplifier les productions agricoles françaises. Maîtriser les circuits de distribution. Il est également inadmissible que la 6e économie mondiale soit obligée de quémander des masques à la Chine. Au détour du Covid-19, les Français ont découvert que 80 % des principes actifs des médicaments vendus en France sont fabriqués en Inde ou en Chine. Les génériques surtout. Leur qualité, donc leur efficacité laisse à désirer (doux euphémisme). Contre cette réalité jugée aberrante, une autre mélopée sœur de la première s’est levée. Emmanuel Macron en visite chez Sanofi le 16 juin a prôné la relocalisation des médicaments en France afin de garantir au pays son indépendance sanitaire. Dans son discours du 14 juin il a enfoncé le clou : « Les temps imposent de dessiner un nouveau chemin. C’est ainsi que chacun d’entre nous doit se réinventer. (…) Ce que j’ai commencé ce soir à esquisser, je me l’applique d’abord et avant tout à moi-même ». En Guadeloupe aussi, le spectre des rayons vides dans les supermarchés a titillé les esprits. Et pas seulement ceux des indépendantistes indécrottables. Et alors ?
Le soufflé est vite retombé. Maintenant, on fait quoi ? À vrai dire rien qui puisse apaiser les angoisses qui sont apparues en pleine crise sanitaire. Alors que nous ne savons même pas si nous avons complètement tourné le dos à l’épidémie, le monde économique est reparti comme avant. Aujourd’hui, Il est question de relance de l’économie, pas de relocalisation. Ce n’était qu’une chimère. Le maître mot demeure toujours profit. Plusieurs grands groupes ont annoncé la fermeture de leurs sites de production en France. Loin d’inverser la tendance, la désindustrialisation de la France se poursuit de plus belle. Le pays s’apprête à perdre par blocs entiers des milliers d’emplois. De ce qu’il nous est donné de voir aujourd’hui, l’épidémie du Covid-19 n’a même pas freiné la mondialisation. Au contraire, elle est repartie de plus belle. Peut-être faudra-t-il aux dirigeants politiques et économiques du monde une leçon encore plus sévère que cette pandémie. Rendez-vous au prochain épisode.
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