François Hollande est dans une mauvaise passe. C’est le moins qu’on puisse dire. Peut-il rebondir ? Pas simple du tout. Surtout si l’on analyse à la fois la situation politique de la France et sa réalité sociologique. Disons-le tout net, ce n’est pas l’opposition de droite UMP et UDI réunis qui représentent les plus grands dangers pour le chef de l’État. L’UMP est toujours groggy après la défaite de la présidentielle, la guerre des chefs est toujours lancinante et dans ce parti les ego sont plus que jamais exacerbés. Par ailleurs, il est clair qu’au sein du parti au-delà des ralliements aux différents chefs de file deux droites s’affrontent. L’une modérée sociale et humaniste, l’autre décomplexée, qui reprend volontiers à son compte les thématiques du Front national et qui serait prête à franchir le pas vers Marine Le Pen. Reste le Front national qui brouille en ce moment toutes les cartes posant de vraies questions pour assener de fausses réponses. Eh bien même cette force réelle n’est pas la plus dangereuse pour François Hollande. Quant à Jean-Luc Mélenchon, ses excès le condamnent à jouer les trublions. Rien de plus. En réalité, le véritable ennemi de François Hollande c’est le parti socialiste lui-même. Tout aussi déchiré que l’UMP. On savait le PS ballotté entre la social-démocratie et une ligne plus dirigiste et plus sociale. Mais jusqu’ici on s’affrontait sur la politique économique. Le cursus s’est brutalement dépassé. Actualité oblige. Désormais ce sont les problèmes de société, la sécurité, l’immigration surtout qui donne le la. Ces deux sujets sont en tout cas prétexte à tous les écarts, toutes les sorties intempestives. Pire, certains barons n’ont même pas besoin d’alibi. Ils montent au créneau et font entendre leur petite musique. Ce fut le cas de Claude Bartolone avec la loi sur la transparence, c’est toujours le cas de François Rebsamen qui mène la fronde au Sénat contre la loi sur le cumul des mandats. Sinon, ce sont les verts qui ruent dans les brancards histoire de rappeler qu’ils ne sont pas tout à fait morts, en oubliant – Cécile Duflot en tête — qu’ils n’existent que parce qu’ils sont encore au gouvernement. Toutes ces dissonances créent un vrai brouhaha qui rend inaudible le gouvernement et qui agace de plus en plus les Français. Dans une telle situation où on voit monter les extrêmes, François Hollande ne peut se contenter de gouverner en s’appuyant sur des synthèses. Ni l’heure, ni les enjeux n’y sont propices. Un chef doit être sage. Mais il doit savoir aussi trancher. Des têtes aussi.
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