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Présidence de la République : sprint avant le jour J

Deux heures au réfectoire d’une école pour les macronistes. 10 000 affiches collées, trois fois plus de tracts distribués sur le terrain chez les mélenchonistes. Du porte-à-porte sans grande hostilité du côté des lepénistes. Des divisions peu fédératrices pour les fillonistes.

L’effet Macron,  » c’est surtout l’effet Ary « 

Guy Losbar, Dominique Théophile, Georges Brédent, Olivier Serva, Hélène Polifonte. Avec Ary Chalus, ils ont pendant deux heures au réfectoire de l’école primaire de Baie-Mahault, vanté les qualités du candidat Emmanuel Macron.

Quand j’ai rejoint Emmanuel Macron, il était quatrième dans les sondages. D’autres l’ont rejoint seulement après « . Ary Chalus dit tout le bien qu’il pense du candidat qu’il soutient. Il est le dernier orateur de la réunion de mardi 18 avril qui se tient le soir au réfectoire de l’école primaire de Baie-Mahault. Là, deux cent cinquante partisans assis et d’autres debouts à l’extérieur ont répondu à l’appel du GUSR et du président de Région. L’effet Macron ? Pas seulement d’après Murielle :  » C’est surtout l’effet Ary. Il est toujours aussi populaire « , explique-t-elle en riant. La jeune femme, grande, la quarantaine, jean bleu, serré, chemisier à carreaux, parle autant avec ses mains qu’avec sa bouche. Elle avoue n’avoir pas lu une seule ligne du programme d’Emmanuel Macron. Murielle fait confiance à Ary Chalus. Cela suffit. Juste derrière elle, une dame dans la force de l’âge tient un tout autre langage. Elle n’a pas voté Chalus aux régionales. Mais elle votera Macron dès le premier tour de la présidentielle.  » C’est la seule façon d’éviter un duel Le Pen/Fillon au second « , opine-t-elle.

 » Je crains Fillon « 

 » Emmanuel Macron sera à nos côtés. Il est jeune. Il est entré en politique à 39 ans comme moi « . Entre deux couplets à la gloire du candidat Macron, Ary Chalus fustige l’ancien président de Région (Victorin Lurel, PS) et l’actuel gouvernement :  » Les socialistes au pouvoir n’ont pas pris en compte nos difficultés. La preuve : voyez ce qui se passe en Guyane « . La salle pleine à craquer applaudit à tout rompre. Parmi les supporters Dominique Larifla (en rupture avec le PS et fondateur du GUSR, ndlr), discret comme un chat se délecte. Avant Ary Chalus, Guy Losbar maire de Petit-Bourg et vice-président de la Région, Georges Brédent conseiller régional et conseiller municipal de l’opposition à Pointe-à-Pitre, Dominique Théophile conseiller régional, Hélène Polifonte maire de Baie-Mahault, Olivier Serva conseiller régional et conseiller municipal de l’opposition aux Abymes se succèdent au micro. Chacun à sa façon imprime le ton et vient vanter les qualités d’Emmanuel Macron. Guy Losbar estime qu’Emmanuel Macron marche dans les pas d’Ary Chalus et du GUSR. Depuis longtemps, ils ont instauré en Guadeloupe la devise ni droite ni gauche. Dominique Théophile lui met l’accent sur le projet du candidat d’En Marche ! de créer des maisons médicales, l’Agence régionale de santé ne sera plus seule décisionnaire, la Région aura aussi son mot à dire.  » Cela évitera les déserts médicaux comme c’est le cas actuellement à Marie-Galante « , ponctue le conseiller régional. Hélène Polyfonte rappelle le volet éducation du programme d’Emmanuel Macron.  » Des classes de douze élèves du CP jusqu’au CE2 dans les Zones d’éducation prioritaires. C’est une chance supplémentaire de vaincre l’échec scolaire « . Dans la salle tout le monde y croit. Ou presque.

 » Macron, président !  » s’exclame une jeune fille. Un vieux monsieur à la sortie de la salle casse l’ambiance.  » Ce n’est pas tout de crier vive Macron, il faudra aller voter samedi. C’est serré. Moi, je crains toujours Fillon.  »

10 000 affiches Mélenchon ont été collées

Dix mille affiches collées, trois fois plus de tracts distribués, une logistique efficace et une présence accrue sur le terrain. La France insoumise a mené une campagne présidentielle intense. Les militants espèrent en récolter samedi les fruits dans les urnes.

La France insoumise c’est d’abord une organisation populaire. Nous diffusons des films en plein air et nous organisons des débats à la suite.  » Guilhem Saltel qui représente Jean-Luc Mélenchon en Guadeloupe est fier d’avoir mené cette campagne présidentielle. Le militant de La France insoumise revendique une occupation du terrain intense et passionnante. La France insoumise est en Guadeloupe l’organisation politique qui a déployé la campagne la plus active de cette élection présidentielle. Dix mille affiches collées. Une caravane sur les routes du 30 mars au 7 avril, avec un slogan qui résume la stratégie de la campagne :  » À la rencontre des gens, quinze étapes onze communes « . Dès fin février, quatre groupes d’appuis ont été créés.

À Baie-Mahault, Sainte-Anne, Pointe-à-Pitre et Saint-Claude. Sept autres sont venus renforcer le dispositif.

Le débat accélérateur

La campagne a investi les marchés, les places publiques, distribué des tracts, engagé des débats, participé aux manifestations culturelles et publiques comme la Fête du crabe.  » Les militants ont sillonné les plages notamment dimanche et lundi de Pâques « , indique Guilhem Saltel. Autre particularité : alors que les représentants sur place des autres candidats louvoyaient, se disputaient, ou s’interrogeaient, les militants de La France insoumise ont démarré leur campagne dès l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. À l’inverse de tous les autres, ils sont les seuls à n’avoir pas focalisé sur les législatives, alors qu’ils avaient déjà désigné en tant que candidats Michel Tola dans la 2e circonscription et Guilhem Saltel dans la 4e.  » Le seul objectif a été la campagne du candidat Mélenchon. Nous nous sommes donnés à fond « , se réjouit Guilhem Saltel. Le nombre d’affiches en témoigne. Il faut y ajouter un local de campagne ouvert dès le début, Cours Nolivos à Basse-Terre, des militants qui ont tracté tous les jours.  » Les réunions sur le terrain fonctionnaient déjà bien « , se souvient Michel Aubrun chargé des relations presse de la France insoumise.  » Le débat télévisé est venu donner à la campagne un coup d’accélérateur incroyable. Les gens couraient après nos tracts « . Reste à savoir s’ils vont se ruer dans les bureaux de vote pour glisser dans l’urne un bulletin Mélenchon.

 » C’est la première fois que nous ne rencontrons pas d’hostilité « 

Marc Guille, représentant de Marine Le Pen et du Front national en Guadeloupe, confie son ressenti à propos d’une campagne qui pourrait étonner par le score du parti d’extrême droite en Guadeloupe.

Le Courrier de Guadeloupe : Marine Le Pen fera-t-elle recette en Guadeloupe ?

Marc Guille : Absolument. La Guadeloupe sera étonnée du score que fera Marine. Nous avons rencontré beaucoup de gens au cours de cette campagne électorale. Nous ne sommes plus en 2012. Les Guadeloupéens ont changé. Nous avons la plupart du score que fera Marine. Nous avons rencontré beaucoup de gens au cours de cette campagne électorale. Nous ne sommes plus en 2012. Les Guadeloupéens ont changé. Nous avons la plupart du score que fera Marine. Nous avons rencontré beaucoup de gens au cours de cette situation de laxisme généralisée.

Un accueil favorable ne veut pas adhésion et vote…

Ce n’est pas seulement de la courtoisie. Jusqu’ici nous avions du mal à développer nos idées, au cours de cette campagne de gens précédaient notre discours. D’autres plus réservés sont comme on dit « an ba fèy ». Ils n’en pensent pas moins. De toutes les campagnes que j’ai eues à mener au nom du Front national c’est la première fois que nous n’avons pas été confrontés à des manifestations d’hostilité. Sauf lorsqu’un homme a voulu nous empêcher de distribuer nos tracts à Jarry.

Mais alors pourquoi Marine Le Pen a-t-elle renoncé à venir en Guadeloupe ?

Nous avons fait preuve d’intelligence. Il ne fallait pas donner prise à nos détracteurs foncièrement anti-démocrates. Ils s’apprêtent déjà à se faire mousser. Ils sont restés sur leur faim. Je serais curieux de voir leur réaction si Marine est élue.

Cette campagne sans hostilité, comment l’avez- vous menée ?

Nous ne faisons ni conférence ni metting. Nous savons fort bien ce que cela peut générer. Nous faisons du porte- à- porte. Nous allons chez les gens. Nous sommes bien reçus. Souvent ils nous disent  » nous avons essayé la droite et la gauche cela n’a rien donné maintenant c’est au tour de Marine ».

C’est un peu court comme argument…

C’est un raccourci. Ce sont surtout les personnes âgées qui tiennent ce discours. Elles expriment ainsi leurs ras-le-bol. Les gens entre quarante et cinquante ans dénoncent l’immigration, la délinquance, l’absence de discipline, l’Europe. Ils connaissent les thèses défendues par Marine.

Dans quelles communes espérez-vous les meilleurs scores ?

Nous aurons de bons résultats partout en Guadeloupe. Plus particulièrement à Saint-François, aux Abymes et au Gosier.

La droite a passé son temps à se chamailler

Philippe Chaulet et Thierry Abelli d’une part, Marie-Luce Penchard et Aramis Arbaud de l’autre ne sont pas sur la même longueur d’onde. Au milieu, Sonia Pétro se démène pour animer la campagne du candidat Fillon.

La campagne de François Fillon a été chaotique en Guadeloupe. En rangs dispersés, les élus de la droite guadeloupéenne sous l’impulsion de Sonia Pétro et de Laurent Bernier ont organisé ici et là quelques réunions (Pointe-à-Pitre, Saint-François, Les Abymes). Le parti a dépêché en Guadeloupe le député Les Républicains (LR) du Val d’Oise. Porte-parole de François Fillon pour les Outre-mer, Philippe Houillon a réuni quelques 300 militants au World trade center à Jarry, mardi 12 avril dernier. Invité par Philippe Chaulet, l’émissaire de Paris a animé une autre réunion le lendemain à Café Chaulet sur les terres de l’ancien député-maire de Bouillante. Une série de conférences a été programmée par les responsables de la campagne (Sonia Pétro, Jean Kassis et Philippe Chaulet), avant samedi 21 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle en Guadeloupe.

Ambitions nuisibles

Joint par téléphone mardi 18 avril, Philippe Chaulet croit en la victoire de François Fillon à l’élection présidentielle  » avec notamment un bon score en Guadeloupe « . L’ancien maire de Bouillante avoue délaisser conférences et meetings.  » J’organise des réunions dans les bars, les épiceries, chez les amis de Bouillante avec trente à quarante personnes. Je fais passer le message. Je suis sûr que dans ma commune, Fillon sortira premier. Les autres doivent faire autant dans leurs communes.  » Sonia Pétro investie par le parti pour les législatives continue à y croire, même si elle déplore les dissensions à droite. Jointe par téléphone mardi 18, la conseillère municipale de Basse-Terre estime que les ambitions des uns et des autres aux législatives nuisent à la campagne du candidat Fillon. Les militants LR ont passé le plus clair de leur temps à se chamailler. Marie-Luce Penchard, Jean-Luc Adémar, Joël Beaugendre, Louis Molinié et quelques autres militants s’étaient même réunis à Capesterre Belle-Eau début mars. Juste avant le rassemblement du Trocadéro organisé à Paris par François Fillon. Ces élus envisageaient de quitter le navire Fillon et étaient prêts à suivre Alain Juppé. Sauf qu’au lendemain du Trocadéro, Alain Juppé avait clairement indiqué qu’il ne sera pas candidat.

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