Zones de culture réalisées en juillet 2021 sur le Jardin des valeurs, réalisées par des jardiniers en remobilisation vers l'emploi au sein de l’association Bwa kapab à Petit-Canal. Photo : Bwa kapab

Le végétal ne vit jamais seul. C’est cette réalité que les Rendez-vous aux jardins qui se déroulent du 6 au 8 juin offrent en (re)découverte.

Le ministère de la Culture place cette 22e édition sous le signe de la matière brute : « Jardins de pierres, pierres de jardins ». La Guadeloupe participe à nouveau à la fête. Loin d’un simple événement horticole, les Rendez-vous aux jardins se veulent un geste patrimonial, un acte de mémoire, un regard politique sur les liens entre nature, culture et territoire.

Une politique culturelle

Depuis 2003, les Rendez-vous aux jardins reposent sur une idée : les jardins forment un patrimoine à part entière. Ils méritent inventaire, protection, médiation. Ils possèdent leur histoire, leur vocabulaire, leurs métiers, leurs gestes. Ils relèvent autant de l’art que de la technique. Cette manifestation veut faire comprendre que le jardin est une œuvre. Il mobilise des savoir-faire : jardinier, tailleur de pierre, paysagiste, botaniste, historien, conservateur.

La pierre, cette année, met en lumière l’importance du travail de la main. Monter un muret sans mortier, disposer une rocaille pour protéger un massif, encastrer des marches dans un talus : chaque opération suppose un savoir précis, une lecture du sol, une mémoire locale.

Au 23 avril 2025, 747 jardins sont labellisés « Jardin remarquable » par le ministère de la Culture. La Guadeloupe en compte 6 : à Basse-Terre le jardin de Beauvallon, à Deshaies le jardin botanique, à La Désirade le jardin botanique du Désert, à Petit-Bourg le Domaine de Valombreuse, à Petit-Canal le Parc paysager, et à Sainte-Rose le jardin de l’écomusée de la Guadeloupe.

Au-delà de ces labellisés, une vingtaine de lieux entrent dans le programme cette année. Le Jardin botanique de la Désirade, l’Atelier de taille Pierre-Desi-Jaspe à Baie-Mahault, le Jardin d’Ayo à Goyave, ou encore la Ferme de Moringa à Marie-Galante. Chaque espace propose une mise en scène du dialogue entre la pierre et la plante. Murs en moellons, sentiers en blocs calcaires, bassins taillés à la main, sculptures enchâssées dans les racines.

Le programme

Désirade et Marie-Galante : entre cactus et cultures vivrières

Au Jardin botanique de la Désirade, le sol expose la pierre à nu. Les cactus règnent. Le site réunit plus de 800 espèces. Le public circule entre les murets de pierres. Il observe la manière dont la roche protège la terre. Des démonstrations expliquent l’art de la maçonnerie paysagère. Aucun ciment, juste la gravité, la patience, la logique.

À la Ferme de Moringa, à Marie-Galante la pierre sort de son rôle ornemental. Les cultivateurs la ramassent et en font des bordures, pour les plantes médicinales. Ici, la roche structure les parcelles.

À Saint-Louis, toujours à Marie-Galante, les Bonsaïs sur la Falaise défient les éléments. Le minéral devient pilier et les arbres miniatures s’installent dans des cavités naturelles. Les visiteurs suivent le chemin de crête. Le jardin invite à découvrir l’art du bonsaï comme une conversation entre l’arbre et la pierre.

Les Abymes, Le Moule et Petit-Canal : soin de l’âme et du sol

Au CATTP de Doubs aux Abymes, le jardin accompagne les patients. La pierre crée des limites douces, elle forme des assises et guide les pas. Le lieu s’offre à la déambulation.

Au Jardin des anges du Moule, la nature devient refuge. Le lieu sert de support à une initiative humaine. Ici, la pierre balise les zones de méditation. Elle borde les sentiers, forme des cercles, soutient des bacs de culture.

Zone Mandala fleur et zone Tippi (photo de couverture ci-dessus), spirale aromatique, ou simples plates-bandes, l’association Bwa kapab transforme la pierre. Le collectif installe des œuvres en plein air à Petit-Canal.

Lagrioconso développe une production agroécologique à Petit-Canal. Le jardin intègre les éléments minéraux dans l’organisation des cultures. Blocs, bordures, supports de semis.

Sainte-Anne : sensation

La ferme bio Fraîcheurs et sourires propose un jardin sensoriel à Sainte-Anne. Les pierres balisent les zones. Elles créent des zones de repos.

Petit-Bourg et Capesterre : pédagogie et circuits courts

L’Atelier plantes de Petit-Bourg expose des pratiques. Les pierres délimitent les zones d’expérimentation. Le sol reçoit des plantes endémiques. Les murs en moellons soutiennent les cultures en terrasse.

Le verger d’arbre à pain de Capesterre-Belle-Eau ouvre ses allées. Les parcelles racontent l’histoire d’un arbre central dans l’alimentation traditionnelle. La pierre encadre les zones de culture elle stabilise les chemins et conserve l’humidité du sol.

Sainte-Rose : structuration

Le Domaine de Florsia à Sainte-Rose offre un ensemble structuré. La pierre marque les étages, elle soutient les pentes et borde les sentiers d’agrumes. Chaque espace repose sur une logique paysagère.

Trois-Rivières et Vieux-Habitants : entre forêt et transmission

Au parcours « Terre de pierres, Pierres-mémoire » entre forêt et falaise à Trois-Rivières, le visiteur est appelé à suivre un sentier, rencontrer des blocs anciens et touche des fragments. Il suit les traces de ceux qui ont marché avant. La pierre garde l’histoire, elle se lie aux racines et rend visible ce que le sol cache.

Autour de l’aire de pique-nique de Mon Repos à Vieux-Habitants, les visiteurs découvrent les usages locaux de la pierre. Banquettes, bordures, emmarchements. La roche forme des lieux de pause.

Saint-Claude : marcher l’histoire, lire la pierre

L’association Gallard Doubout à Saint-Claude propose la balade Jaden Galaw. Le jardin s’inscrit dans un circuit patrimonial. La pierre ponctue le parcours. Elle marque les arrêts et relie les étapes du récit.

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