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La mort programmée du Centre des arts

Après avoir baissé rideau pendant douze ans, après huit ans de travaux intermittents qui n’ont pas réussi à le rendre opérationnel, voilà le Centre des Arts menacé de ne plus jamais rouvrir en tant que bâtiment public dédié à la culture. Harry Durimel maire de Pointe-à-Pitre a, lors du comité de pilotage qui s’est tenu le 25 novembre au centre culturel Sonis, désapprouvé les travaux de rénovation et d’agrandissement du Centre des arts. Il a même suggéré de vendre l’édifice à un privé. On ne sait plus comment financer la fin des travaux. Le constat d’échec de cet ancien temple de la culture est une marche supplémentaire franchie dans la longue descente aux enfers de Pointe-à-Pitre. La ville centre a perdu sa suprématie commerciale. Les centres commerciaux surgis à sa périphérie l’ont vidée telles des sangsues, de toute substance attractive. À cela s’est ajoutée une paupérisation accentuée par l’exode des habitants du centre-ville. Mais tant que le Centre des Arts proposait des spectacles de qualité, tant qu’un semblant d’activité culturelle y prenait vie, ne serait-ce que le temps d’une représentation, les Pointois continuaient à croire au rayonnement culturel de leur ville. La programmation était de qualité. Les Guadeloupéens adoraient venir au Centre des arts. Pourtant, ni le cadre, ni l’environnement ne s’y prêtaient. Peu ou pas de restaurant, aucun établissement capable d’accueillir des noctambules désireux de prolonger la fête. Au sortir d’un spectacle, les gens stationnaient longtemps sur l’esplanade du Centre des arts, faute d’endroit proche où aller. Si l’on se fie aux propos du maire, les Pointois ne pourront même plus se bercer de cette fugace illusion d’exister. Faute de sous, le Centre des arts ne sera plus un édifice public dédié à la culture. Son naufrage ne procède pas uniquement de l’absence de financement. Pendant le sommeil prolongé de la Belle, la Guadeloupe est passée à autre chose. Aujourd’hui, le Mémorial Act scintille de mille feux dans la rade de Pointe-à-Pitre. À un kilomètre à vol d’oiseau, Le Gosier s’est doté d’un hall des sports qui a déjà vu passer quelques artistes de renom. Or, ces deux bâtisses sont loin d’être saturées par des manifestations culturelles. Lorsqu’on met bout à bout tous ces éléments, on voit mal comment le Centre des arts pourrait ressusciter. Surtout après la sévère sentence que lui a infligée le maire de Pointe-à-Pitre.

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