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La leçon de l’incendie du CHU

La Guadeloupe a frôlé la catastrophe sanitaire. L’incendie qui s’est déclaré au CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes n’aurait jamais dû entraîner l’évacuation de l’établissement, si les contrôles de sécurité et les mesures d’entretien afférentes avaient été diligentés. Cette indigence aurait pu avoir de graves conséquences. Tout compte fait, le pire a été évité. Le pire aurait été la fermeture durable du CHU, voire sa mise hors-service. Les premières informations qui ont été diffusées pouvaient le laisser penser. L’évacuation de l’établissement suivie de l’annonce de l’implantation d’un hôpital de campagne a signifié dans la tête de nombreux Guadeloupéens, la fin du CHU. Il n’en est rien. Les informations régulières qui sont distillées par l’Agence régionale de santé (ARS), laissent augurer du contraire. Les médecins et autres personnels de l’établissement que nous avons rencontrés n’ont qu’une hâte : récupérer leur hôpital, leurs patients et leurs conditions de travail.

Cet épisode peu glorieux n’aura pas été inutile si ceux qui décident (État, élus, hauts fonctionnaires, dirigeants) ceux aussi qui ont en charge la sécurité du CHU savent en tirer les leçons. À commencer par les ministres de la santé, qui prônaient la fermeture notamment du service de cardiologie à l’hôpital de Basse-Terre, sous prétexte qu’après avoir consacré 600 millions au CHU de Pointe-à-Pitre, l’État ne pouvait plus mettre un kopeck ailleurs. C’est en vertu de cette logique bornée que la plupart des services de l’hôpital de Marie-Galante ont fermé. Si la cardiologie avait subi le même sort à Basse-Terre, comme le préconisaient en d’autres temps les autorités sanitaires, c’est un pont aérien qu’il aurait fallu établir entre la Guadeloupe et la Martinique. Avec le risque de porter atteinte à de nombreuses vies humaines. Depuis l’évacuation du CHU, le service cardiologie du Centre hospitalier de Basse-Terre n’a pas chômé. Les médecins, les internes, les infirmiers y compris ceux du CHU qui sont venus en renfort n’ont pas beaucoup dormi. Cela veut dire que cet hôpital a dû mettre en œuvre des thérapies lourdes, répondre à des urgences. Et ce, sans discontinuer.

Il faut souhaiter que ceux qui nous gouvernent, comprennent enfin, qu’une île -que dis-je un archipel- ne peut se satisfaire de la même logistique qu’un continent. L’incendie du CHU peut être éclairant, s’il oriente la réflexion à propos du schéma sanitaire du territoire. S’il emmène les décideurs à intégrer non seulement notre réalité d’archipel mais aussi l’idée que nous pouvons être touchés par un événement plus grave qu’un incendie : une éruption volcanique, un cyclone dévastateur, un tremblement de terre ou un raz-de-marée. Aucun schéma d’aménagement du territoire ne doit oublier que la Guadeloupe est terre de tous les risques naturels.

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