Dans l’actualité, le covid-19 tient une grande place et n’en finit plus de nous torturer. Il est rare de trouver des gens qui n’ont pas été confrontés de près ou de loin à cette malfaisance. Les vies individuelles et collectives s’en trouvent chamboulées. Cette plaie digne de la peste évoquée dans la fable par La Fontaine – ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés – mérite et rencontre chaque jour, chaque semaine, un traitement fourni par les médias, Le Courrier de Guadeloupe y prenant sa part. Il ne doit pas toutefois occulter d’autres sujets qui interpellent au plus profond de notre conscience. En 2020, en France un professeur est décapité parce qu’il a invité ses élèves à commenter les caricatures de Mahomet qu’avait republiées Charlie Hebdo. Dans l’Hexagone, ce funeste événement a mis en branle le microcosme politico-médiatique. Certains envisagent de légiférer. Une commentatrice survoltée, qui se veut juriste, a décrété sur une chaîne d’info en continu que la France était en guerre contre l’islamisme. Partant, il devenait urgent de modifier la Constitution. Bref, le débat avec son lot d’inepties, d’outrances et de fanatisme continue à secouer la France. Chez nous, aucun impact ou presque. Certes, il n’y a pas en Guadeloupe de communauté musulmane visible. Même si une poignée de Guadeloupéens se proclament musulmans, Mahomet ou le Coran n’impactent pas notre société. Vrai. Un assassinat devrait susciter chez tout homme la réprobation. En plus de l’inanité des raisons évoquées pour justifier l’acte, l’exécution de Samuel Paty, professeur d’histoire dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, est aussi un crime contre l’école. Un crime contre une institution à qui tous les laissés pour compte, les dominés, les colonisés, les petits-fils d’esclaves doivent tout. Ou presque. Le sacrilège perpétré contre l’école n’est certes pas la seule raison de condamner la décapitation d’un enseignant. Ce n’est même pas la plus importante. Mais c’est une raison suffisante de plus. Elle est de taille et elle nous concerne au plus haut point.
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