Le recul du trait de côte en Guadeloupe menace « 160 sites archéologiques, dont une quinzaine est déjà en train de partir à la mer », affirme ce mardi 9 avril à l’AFP Jean-François Modat. Le conservateur régional de l’archéologie Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, s’exprime en marge de la table ronde internationale dédiée à l’archéologie littorale aux Antilles et en Guyane.
En Guadeloupe, « 4 400 sites archéologiques sont recensés et parmi eux, 800 se situent à moins de 100 mètres du bord de mer » explique Monsieur Modat, donnant l’exemple de la plage très touristique de la commune de Saint-François, les Raisins clairs. Là, l’érosion a mis au jour au début des années 2010 un ancien cimetière d’esclaves, et les serviettes de plage tutoient les ossements qui affleurent (photo ci-dessus).

Après les 2 premières rencontres mardi et mercredi au centre Robert Loyson au Moule, les échanges gratuits et ouverts au public se poursuivent jeudi 11 avril à l’auditorium du musée Edgar Clerc au Moule de 8 h 30 à 12 h 30. Puis se terminent vendredi, sur le même créneau horaire, mais cette fois à la médiathèque toujours au Moule.
Les scientifiques spécialistes réunis en Guadeloupe, présentent l’état des recherches sur l’Archéologie littorale outre-Atlantique (Aloa). Le projet vise à surveiller et anticiper les effets destructeurs des changements climatique et anthropique sur le patrimoine côtier des Antilles.
« L’objectif de ce projet, c’est à la fois de recenser les sites archéologiques en danger sur le littoral, mais aussi de les étudier avec une démarche de science participative qui implique le grand public », explique à l’AFP Marie-Yvane Daire, chercheuse au CNRS qui mène le projet Aloa.
« Il y a un enjeu patrimonial : une fois que le site a disparu, c’est pour toujours », poursuit-elle, évoquant « un crève-cœur » dans le choix des sites à protéger. Elle suggère qu’on « pourrait prioriser des sites qui appartiennent à une époque qu’on ne connaît pas bien ».
« On sait qu’on ne pourra pas tout protéger et que nous allons devoir choisir qui on sauvegarde, qui on étudie et qui on laisse partir », renchérit Jean-François Modat. En Guadeloupe, selon l’observatoire régional de l’énergie et du climat, le recul du trait de côte est inéluctable d’ici 50 ans et le risque de submersion marine est estimé pour certaines zones jusqu’à 180 jours par an d’ici à 2050.
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