Arnaque en plein vol !

Une compagnie régionale de transport aérien en Guadeloupe avec des investisseurs guadeloupéens. Au fond, quoi de plus logique, pour une région archipélagique ayant de surcroît comme d’autres débouchés naturels, la Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy. Que des fonds publics puissent apporter une aide à cette entreprise dans un contexte structurellement difficile, c’est même une décision politique qui peut se justifier. Que ce soit la Région qui s’y colle. Tout cela me semble encore aller dans l’ordre des choses. La région ayant vocation à se saisir de ce type de dossiers. D’ailleurs, le conseil général en d’autres temps y avait lui aussi mis les pieds et des fonds. Sans plus de bonheur. Mais les pra tiques, le mode de fonctionnement qui avaient cours entre la SEMTG, société d’économie mixte de transport abondamment financé par la Région et Air Guadeloupe laissent pour le moins perplexe. D’abord cette SEM de transport ne sait subventionner qu’une seule entité Air Guadeloupe dont elle est la vache à lait. Après tout c’est son droit. Même si la morale dans cette histoire n’est pas sauve. Elle l’est d’autant moins que la présidente du conseil régional de l’époque use de son entregent et de son pouvoir pour soutenir Air Guadeloupe y compris lorsque la compagnie, ses dirigeants avec, sont dans l’illégalité et ce au détriment des autres concurrents. Je veux ici parler des redevances aéroportuaires qu’Éric Koury entendait être le seul à ne pas avoir à payer. Mais il y a plus grave. Non seulement la SEMTG est au seul service de Air Guadeloupe, mais le seul objet social de la SEM c’est de voler au secours d’Air Guadeloupe et de ses dirigeants en toutes circonstances. Air Guadeloupe tousse, vite achetons-lui un avion. Au prix fort bien sûr. C’est mieux ! Un avion dont, cela dit en passant Air Guadeloupe a besoin pour fonctionner puisque dans la foulée il faudra que la SEMTG le lui loue. Cette fois au prix faible. Là c’est parfait ! Mais de qui se moque-t-on ? Eh bien… essentiellement du citoyen guadeloupéen qu’on prend pour une buse et aussi de l’argent public avec lequel il est si facile d’être prodigue. Car enfin, toutes les théories sur les modalités de la défiscalisation, sur les montages tous plus sophistiqués les uns que les autres peuvent être avancés. Il n’est pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre qu’il s’agit d’une arnaque. Et qu’on ne vienne surtout pas nous ressortir la sempiternelle jérémiade sur le sauvetage des emplois et le maintien de la paix civile. De ces bobards politiciens on en a suffisamment soupé. Le plus extraordinaire c’est que cette histoire qui en son temps avait à juste titre défrayé la chronique, dix ans après paraît presque anodine. Mais en la renvoyant aux calendes grecques ou presque, n’était-ce pas le but recherché ? Bravo à tous les acteurs, metteurs en scène et autres scénaristes. La pièce est un chef-d’œuvre.