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Les trois plaies de la Guadeloupe que sont le transport, les déchets, et l’eau

Patrick Forbin : un nom, une force

Alors que les escarmouches fusent de toutes parts et que de l’avis de beaucoup d’observateurs, la campagne pour les élections régionales est déjà lancée, les trois plaies de la Guadeloupe que sont le transport, les déchets, et l’eau sont toujours en attente de soins intensifs. Ce n’est pourtant pas sur ces trois sujets qu’on entend le plus les principaux prétendants à l’élection de décembre prochain. Et pourtant, il y a urgence. Prenons d’abord l’eau. Peut-être, en ces temps de sécheresse, est-ce le sujet à la fois le plus dramatique et le plus épineux. Le plus dramatique parce que sans doute ne l’a-t-on pas encore répété suffisamment, mais de nombreux quartiers en Guadeloupe sont privés d’eau pendant plus d’un mois. Certains jusqu’à pendant quatre mois. Peut-on seulement imaginer le calvaire de ces familles privées en plein XXIème siècle de la ressource à la fois la plus élémentaire et la plus indispensable qui soit ? Il faut aller du côté des sections retirées de Saint-François, je ne parle même pas de Port-Louis et d’Anse-Bertrand victimes expiatoires toutes désignées chaque année de la pénurie d’eau. Car dans l’arrière-pays du Gosier la situation n’est pas triste non plus. Grand Bois, Cocoyer, Port-Blanc etc. Et on peut être privé durablement d’eau encore plus près du centre. À Bouliqui Abymes par exemple. L’eau est aussi le sujet le plus épineux parce qu’au lieu d’être une cause guadeloupéenne, il est devenu un enjeu majeur de pouvoir. Au lieu d’œuvrer à trouver des solutions pérennes, nos élus en sont aujourd’hui à se disputer la paternité des grands ouvrages de retenue d’eau. Épineux sans doute. Et pitoyable surtout ! Je sais, certains se battent pourtant. Ils essaient et ils doivent très certainement trouver mes propos injustes. Mais ce n’est rien en comparaison du sort de ceux qui depuis trop longtemps pâtissent de cette situation d’assoiffés.

Et puis, il y a les déchets. Les déchets d’ordures ménagères plus précisément. Voilà bientôt près de sept ans que le Syvade autrefois Sictom se bat pour ériger un outil moderne capable de traiter dans les normes nos déchets. Beaucoup de choses ont été entreprises. Sous l’injonction pressante de l’État, le site de la Gabarre a été dare-dare mis aux normes. En attendant que la plateforme multi-filière soit construite par la multinationale Urbaser, en vertu d’une délégation de service publique (DSP) dont elle était dûment bénéficiaire. Au bout du compte, rien, nada, niet, ahak’. Et lorsqu’après avoir tant attendu et tant interpellé Urbaser, le Syvade résilie le contrat, ce sont ces messieurs d’Urbaser les plus vexés. Mieux et conformément à leurs habitudes, ils font du juridisme. Le pire c’est que rompus à l’exercice, ils gagnent. Et le plus triste c’est de voir des Guadeloupéens se gausser de la chose et d’applaudir. Belle mentalité ! Or, dans ce domaine aussi des déchets, il est temps de parler d’une seule voix et d’arrêter les faux-semblants. Les communes qui doivent 12 millions d’euros au Syvade devraient commencer par payer leur dette. Ensuite, il faudra bien trouver les voies et les moyens pour construire cette plateforme. Alors autant s’y mettre tout de suite. Et toutes les têtes dans le même chapeau !

Enfin reste les transports. Cela pourrait être en apparence le sujet le moins urgent ou le moins grave. En apparence seulement. Dans ce domaine le conseil général a échoué sur toute la ligne. À sa décharge il faut dire que le dossier était plombé d’avance. Mais aujourd’hui il est urgent de repenser le transport public en Guadeloupe. La solution ? A priori personne ne l’a. Mais il faut y travailler. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce que beaucoup croient, la moitié de la population de la Guadeloupe est dans un transport en commun le matin. Dans des conditions difficiles et pour un service plus qu’approximatif. Ces mêmes personnes sont privées de se déplacer après 19 heures en semaine, le samedi après-midi et le dimanche. Qui peut trouver ça drôle ? Certainement pas les élus, n’est-ce pas ?

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