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La politique sans morale ruine la démocratie

Les politiques de tous bords sont unanimes : la publication par un site politico-porno, d’une vidéo de Benjamin Griveaux en train de se masturber est une atteinte à sa vie intime. Propos d’ensemble de la classe politique : le procédé est dégoûtant. Certains y voient un dévoiement du débat politique. Les pratiques sexuelles de Benjamin Griveaux ne sont pas en cause. Sauf qu’à l’instant où il transmet à un tiers ces images, il commet un insensé irréparable. Beaucoup se sont relayés sur les plateaux de télévision afin de délivrer peu ou prou le même message que la classe politique : c’est un procédé dégueulasse ! Sans doute, est-ce vrai. Les journalistes Christophe Barbier et Serge July ont pourtant fait entendre un autre son de cloche. Serge July en des termes crus a estimé que Benjamin Griveaux est idiot d’avoir ignoré le danger des réseaux sociaux. Christophe Barbier est aussi critique que son confrère. Mais se place cependant sur un autre terrain. L’homme à l’écharpe rouge a rappelé que vouloir exercer de hautes fonctions électives impose à celui qui en manifeste l’ambition, un comportement décent. Sinon exemplaire. Y compris dans sa vie privée. Vie privée dont soit dit en passant, la protection n’est pas absolue dès lors que le débat public où l’intérêt général sont convoqués. Il faut le savoir !

Les commentaires de Christophe Barbier remettent au goût du jour le vieux débat entre morale et politique. Un courant philosophique toujours vivace – à preuve – va jusqu’à opérer une scission nette entre les deux concepts. Machiavel, pape du cynisme, est le chef de file de ce courant de pensée. Au nom du réalisme et de l’efficacité, la politique n’aurait que faire de la morale. S’il existe une logique, ce principe érigé en dogme devrait absoudre les crimes perpétrés sur fond de débauche par César Borgia au XVe siècle. Qui osera prétendre cela ? Or, César Borgia est le modèle dont s’inspire Machiavel pour écrire son célèbre traité politique. Un monstre d’immoralité. J’avoue qu’il n’y a aucune commune mesure entre d’une part les mœurs qu’on prête à César Borgia et ses exactions, et d’autre part, les faits qui sont imputés à Benjamin Griveaux. Je ne suis pas sûr non plus que le Français moyen épouse les avis offusqués de ceux qui se sont évertués pendant quarante-huit heures à transformer Benjamin Griveaux en victime expiatoire. Le peuple, ça compte aussi en démocratie, non ?

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