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Jusqu’où ira Emmanuel Macron ?

Les candidats socialistes à la traîne dans les sondages, François Fillon aux prises avec ses alliés sarkozystes, et querellé sur la radicalité de son programme, Marine le Pen que tout le monde voit déjà au second tour, le mystère entretenu par François Bayrou quant à sa participation ou non à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon plus haut que Manuel Valls dans les intentions de vote. Ces échos et analyses qui alimentent la campagne électorale de la présidentielle 2 017 suscitent l’intérêt des électeurs. Pourtant, aucun d’entre eux ne tient autant en haleine l’opinion que le phénomène Macron. Une fulgurance hors terreau des appareils politiques, à qui était prédit un destin éphémère et qui s’entête à prendre racine dans l’opinion. Une bulle médiatique, avaient estimé les plus fins observateurs. À croire beaucoup d’experts, Emmanuel Macron aurait dû déjà disparaître des écrans radar. Si l’on se fie aux sondages et aux reportages réalisés sur les réunions publiques que tient le candidat, il n’en est rien. La bulle n’a pas éclaté. Elle pousse au contraire l’outrecuidance à grossir encore. Jusqu’où ira-t-elle ? Il est encore trop tôt pour le dire.

Aujourd’hui, aucun candidat à cette élection présidentielle ne peut plus prendre l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande de haut. Qu’est-ce qui dope ainsi le candidat Macron ? Pourquoi les Français même s’ils n’adhèrent pas tous, tendent l’oreille et poussent la curiosité à regarder de plus près ? Il y a d’abord l’homme. Tous ceux qui l’ont approché répètent en boucle qu’il est accessible et qu’il écoute plus qu’il ne parle. C’est plutôt rare chez un homme politique. Surtout lorsqu’il est convaincu d’avoir un destin local a fortiori national. Ensuite et c’est peut-être le plus important, Emmanuel Macron a su capter l’air du temps. Il a bien compris que les Français sont saturés aussi bien par la droite que par la gauche. Au point d’ailleurs d’être tentés de se jeter dans les bras de Marine le Pen. Ce discours qui rejette les appareils politiques rencontre aujourd’hui dans l’opinion un écho. Les deux grands partis de gauche et de droite ont tellement navigué entre petits meurtres ordinaires et concours d’égos hypertrophiés, qu’ils ont fini par lasser les citoyens. Emmanuel Macron s’est engouffré dans la brèche. L’homme réussit à être iconoclaste sans verser dans les extrêmes. C’est frais et c’est nouveau. L’autre atout d’Emmanuel Macron c’est d’avoir réussi à séduire aussi bien des personnalités politiques de gauche que de droite. Une paille diront certains. Sauf que cet adoubement le rend crédible.

L’air du temps c’est aussi ce besoin indicible de recomposition politique en France. Une époque s’achève. Le clivage droite gauche ne disparaîtra pas. Le Parti socialiste aura toutefois du mal à se remettre de cet épisode où il a joué à qui tuera le premier son camarade et à comment déboulonner celui qui est aux commandes. Le parti Les Républicains, même s’il est moins à l’agonie que le Parti socialiste, porte lui aussi en germe les ingrédients du délitement. Parce que pour résumer, tout le monde veut être chef. Tous ces éléments réunis suffiront-ils à porter Emmanuel Macron à la tête de la France ? Rien n’est fait. L’élection présidentielle n’est pas un concours de l’Éna, de l’agrégation ou celui de Polytechnique. Il ne suffit pas d’être brillant, compétent ou d’être porté par la vague. Celle-ci finit toujours par mourir sur la berge. Gagner l’élection présidentielle relève d’une alchimie complexe et mouvante qui n’autorise quiconque à être sûr de rien. En revanche, c’est sûr, Emmanuel Macron est en train de réaliser quelque chose. Ary Chalus lui prédit un avenir national. Wait and see.

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