La France, et plus encore la Guadeloupe, est confrontée à un terrible fléau : le chômage. Une infamie, si l’on considère que l’emploi est le sésame le plus évident qui puisse maintenir ouverte la porte à toute forme de sociabilité. Pourtant, c’est ce domaine de l’emploi qui donne lieu à la plus grande et à la plus intolérable des inégalités. Je ne parle pas de l’inégalité devant les études. Au fond, même si le milieu d’origine peut être à ce niveau discriminant, certains parviennent à force de volonté et de travail à surmonter ce handicap. Je ne parle pas non plus de l’inégalité au regard de la richesse léguée. Il vaut mieux souvent avoir une tête bien faite que des poches trop pleines. Non, je parle de cette inégalité qui fait que jamais les fils des grands politiques ne connaissent les affres de Pôle emploi. Ils sortent telle minerve tous armée de leur père non pas avec un casque et des armes comme la déesse romaine, mais en étant sûrs et certains qu’ils seront casés dans les meilleures places qu’offre la République. Dans cette caste on ne connaît pas le chômage. Et le même principe prévaut aussi pour les fils de patrons de grands groupes. Ils sont sûrs de faire carrière, au pire dans une des entreprises de papa, au mieux carrément à la tête du groupe prenant la succession. Le Code civil prévoit les règles de l’héritage direz-vous. Sans doute. L’ennui c’est qu’autrefois Durand, Perrier, ou Martin pouvaient profiter des réseaux de leurs parents fortunés et bien placés. Cela ne gênait pas grand monde. Mais à l’époque, les moins fortunés pouvaient encore compter sur l’ascenseur social qu’est l’école de la République. Aujourd’hui, les chômeurs diplômés font légion. C’est la crise, oui c’est vrai. Sauf pour ceux qui appartiennent aux deux aristocraties modernes précitées. Eux, ils ne pointent jamais à Pôle emploi. Qu’ils aient ou pas d’ailleurs des diplômes. Je sais que beaucoup n’y trouvent rien à redire. Pourtant c’est bien cette inégalité-là, la plus insupportable de notre époque.
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