La polémique déclenchée par les propos de Christine Angot le 1er juin lors de l’émission « On n’est pas couché » (ONPC) de France 2 a le mérite de montrer à quel point l’opinion publique occidentale minimise – au mieux — la traite négrière instaurée pendant trois siècles aux Antilles, aux Amériques et dans l’Océan indien. Jean-Marc Ayrault président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage ne dit pas autre chose dans la lettre qu’il adresse à Delphine Ernotte présidente de France Télévisions. En substance, l’ancien Premier ministre explique si ceux qui sont censés être cultivés, éclairés, instruits en sont à débiter de telles fadaises, on imagine l’état de l’opinion en général. L’autre vérité essentielle formulée de façon claire est venue lors du « droit de rectification » consacré à l’esclavage des noirs dans ONPC huit jours après. Elle n’est pas une découverte. C’est même une évidence. Sauf que cette vérité n’avait pas été jusqu’ici publiquement exposée de façon aussi distincte. Le Pr Serge Romana l’a assénée avec une réelle émotion dans la voix. « Notre société antillaise n’existait pas avant la traite négrière. Elle est la seule société née d’un crime contre l’humanité.
Les Arméniens existaient avant le génocide et les juifs aussi ». Le rappel de cette réalité n’est pas comme voudrait le faire croire certains milieux de la société française une injonction à la repentance. Personne n’a demandé à quiconque de faire acte de contrition ou d’implorer le pardon. C’est la seule signification du mot repentance. En revanche, l’Occident a une responsabilité historique et morale dans l’émergence de sociétés ramenées à l’infra-humanité. Un crime de lèse-humanité disait Victor Schœlcher. Le nier relève du déni imbécile.
Nous sociétés nées de l’esclavage, nous aussi avons notre partition à jouer. À nous de créer notre récit, notre mythologie comme l’ont fait toutes les communautés. Les juifs assument le fait d’avoir été esclaves en Égypte. Cela ne les a pas empêchés de se déclarer peuple élu de Dieu et d’avoir posé les bases morales et spirituelles de la pensée occidentale. À nous de créer notre identité afin d’apporter et de prendre notre part au monde. Je sais, il y a du pain sur la planche.
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