« Nous ne sommes pas en train de réussir » (Ndlr en Outre-mer). Cet aveu assumé d’Emmanuel Macron sur la politique de la France en Outre-mer, prononcé le 8 juillet, à l’occasion de la signature des contrats de convergence, au ministère des Outre-mer à Paris, est nouveau. Le président de la République affirme un peu plus loin : « Nous ne sommes pas crus ». Autoflagellation ? Pas du tout. Lucidité ? Certes. Volonté de changer la donne ? C’est sûr. Pour quel résultat ? Là est toute la question. Emmanuel Macron a compris qu’un message clair est venu des territoires d’Outre-mer, lors des élections européennes. À l’exception de la Martinique, tout l’Outre-mer a placé le Rassemblement national en tête. Du jamais vu. À ces populations de moins en moins convaincues d’être le sujet prioritaire du gouvernement, une réponse politique s’imposait. Proximité des élections municipales oblige. Le gouvernement a d’abord choisi de frapper les esprits. Le président de la République s’est entouré du Premier ministre et de huit autres ministres afin de signer ces contrats de convergence. Un déploiement inédit. Autre petite chanson entendue dans le discours du président, « les ministres doivent avoir le réflexe Outre-mer ». Autrement dit, ils ne l’ont pas forcément. Souvent pas du tout.
Quant à la donne évoquée plus haut, le président de la République l’a depuis longtemps définie. Elle peut se résumer par cette parabole du Christ : « Aide toi, le ciel t’aidera ». Sur ce registre Emmanuel Macron n’a pas varié d’un iota. Il a même réussi à préciser davantage sa pensée. Finies les dépenses de l’État en vue du « rattrapage ». Emmanuel Macron préfère assigner à l’Outre-mer des « ambitions ». Baisser les prix, installer une saine concurrence, installer et développer des filières de production, en d’autres termes devenir des territoires dynamiques autosuffisants. Toutes qualités qui caractérisent des pays modernes, autonomes et développés. Cette inclinaison n’est pas seulement sémantique, même si l’on peut y déceler une habile communication politique. Elle procède aussi de la pensée profonde d’Emmanuel Macron. Le président de la République n’a pas renoncé à faire émerger une société où chacun serait responsable de sa réussite ou de son échec. Une société où la liberté prime l’égalité. Nous pourrions en accepter l’augure. À condition de n’être pas des unijambistes dans une course de sprinters olympiques.
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