Depuis 1978, tous les quatre ans, la traversée de l’Atlantique à la voile en solitaire, nourrit les imaginaires et les rêves. La Route du rhum puisque c’est d’elle dont il s’agit, est devenue mythique. Les Guadeloupéens l’ont compris confusément. Lors de l’arrivée de cette transatlantique, la Guadeloupe devient, l’espace d’une embellie, la capitale d’un monde. Événement exceptionnel, la Route du rhum engendre chez les Guadeloupéens un vague sentiment de fierté. Ils sont conscients d’assister chez eux à quelque chose de grandiose. Cet instant unique justifie, fêtes, bombance, extravagances et dépenses excessives. On pourrait fermer les yeux sur le nombre pléthorique des élus, des personnels administratifs ou autres qui ont fait le déplacement à Saint-Malo, port breton du départ. Il n’est pas sûr qu’ils aient tous un rôle indispensable dans l’ordonnancement de la manifestation. Mais qu’importe. Il y va de la Route du rhum comme du congrès des maires. Il faut en être. Et puisque c’est aux frais de la princesse… D’autant que le président de Région a annoncé des retombées exponentielles pour la Guadeloupe. Saint-Malo parle aussi d’une année 2018 exceptionnelle.
Au vu des éditions précédentes, il y a un gouffre entre les retombées économiques à Saint-Malo et celles dont bénéficie la Guadeloupe. Une étude commanditée par la Région annonçait le chiffre de 4 084 nuitées en 2010. Nous n’avons pas les résultats de la même année en ce qui concerne Saint-Malo. En revanche, les Malouins enregistraient 227 000 nuitées en 2014. Le maire de la ville annonçait une recette de 30 millions d’euros, à l’occasion de cette édition 2014. Le propos n’est pas de dénigrer la Route du rhum. Au contraire. Il s’agit d’abord de créer les outils qui évaluent son impact économique en Guadeloupe. Il convient ensuite d’explorer les pistes qui en amélioreront la rentabilité. Enfin, répéter que la Route du rhum appartient à la Région est une hérésie. L’événement est propriété de la société Pen Duick. La Région Guadeloupe est avec Saint-Malo l’un des principaux partenaires. La Guadeloupe gagnerait à ce que tout le territoire soit concerné. Une communication utile mettrait davantage l’accent sur le marketing territorial et l’implication de tous.
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