Il souffle un vent mauvais sur l’offre de soins proposée au citoyen. Ce n’est pas une rafale brusquement déclenchée. La bise est à l’œuvre depuis plusieurs années. L’incendie qui s’est déclaré au CHU de Guadeloupe va accélérer une logique, selon laquelle dépenser le moins possible devient plus important que prodiguer des soins de qualité. Le mouvement n’est pas circonscrit à la Guadeloupe. Il est national. Jérôme Bultel, chef du service gériatrie de l’hôpital de Vernon dans l’Eure, dans un article intitulé « Alerte sur l’hôpital public » publié dans Le Monde des lecteurs, dresse un tableau glacial de la situation. « Trois milliards en moins sur trois ans pour les hôpitaux », « rationnement organisé par l’État », « tarification à l’activité ». Après avoir rappelé que le vocabulaire est « consternant d’hypocrisie : optimisation, plan de performance, efficience, mutualisation, modernisation ». Jérôme Bultel conclut que cette sémantique ne désigne qu’une seule réalité : la gestion de la pénurie.
Il faut réduire à la portion congrue les dépenses budgétaires y compris celles de santé. Finie l’époque où on pouvait clamer que la vie n’a pas de prix. Au contraire, la vie ne peut plus trop coûter. En revanche, comme le fait remarquer Jérôme Bultel, les banques en faillite sont renflouées par l’État. Jusqu’à 360 milliards d’euros, lors de la crise financière de 2008. Une fois identifiés les choix opérés par nos gouvernants, nous ne pouvons plus nous tromper sur le type de société dans lequel nous vivons. La politique de santé prévue ces dix prochaines ne jure que par une impérieuse injonction : économiser.
Dans l’Hexagone l’État a créé les Groupements hospitaliers de territoire (GHT). Ici, ce qui nous pend au nez c’est le concept « CHU Caraïbe », défendu il y a deux ans par le professeur martiniquais, Christian Sainte-Rose, et auquel tous les élus guadeloupéens ont dit niet. Concept où Guadeloupe et Martinique seront fondues dans la même entité hospitalière. Selon nos informations, alors que le cyclotron de Guadeloupe a été financé presque entièrement par le conseil régional de Guadeloupe, la direction du CHU cherche à s’en assurer la main mise. L’objectif est de piloter un service de médecine nucléaire Caraïbe depuis la Martinique. Le professeur de médecine nucléaire, est déjà en poste à Fort-de-France. Cette mutualisation de fait, ne sera qu’un des prémisses de la future politique de soins à venir. À votre santé.
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