Les intempéries et autres vents mauvais ne nous lâchent plus. Après qu’Irma se fut déchaînée sur Saint-Martin, Maria a cru bon souffler sur tout l’archipel guadeloupéen. D’aucuns diront qu’il y a eu là, juste de quoi frissonner. C’est vrai, nous sommes loin de l’apocalypse. Et si ce n’était l’imprudence de ceux qui ont malheureusement péri à l’occasion de ce cyclone, la population entière aurait pu être tout à fait sauve. N’empêche, le spectacle d’arbres arrachés, de poteaux électriques pliés, de littoraux inondés, de routes coupées, l’absence d’électricité, le manque d’eau dans les robinets, toutes ces réalités contribuent à créer une atmosphère bizarre qui rappelle aux plus anciens d’autres époques plus douloureuses. Ce n’est sûrement pas par hasard que beaucoup cherchent à comparer avec Hugo, Inès voire Irma. Nous avons beau oublier durant plusieurs années – celles où la Guadeloupe est épargnée – il suffit qu’une Maria se pointe, et voilà à nouveau nos esprits hantés par la furie des éléments et les conséquences qu’elle engendre. Malheureusement, nous n’avons pas fini d’être aux aguets. La saison cyclonique est loin d’être terminée.
Cette mauvaise passe génère bon nombre d’inconvénients. Les établissements scolaires sont fermés, la rentrée est perturbée, cette fois sans le concours des syndicats de l’enseignement. Les entreprises ouvrent pendant trois jours et baissent rideaux pendant deux autres. Les chantiers sont arrêtés, les administrations ferment. Tout cela concourt à plomber l’économie. Au sein de la population commence à poindre une lassitude voire un agacement certain à être sans cesse sur le qui-vive. Pourtant sous les tropiques, rien de nouveau. Depuis toujours, les Guadeloupéens et tous ceux qui habitent cette région du monde connaissent le danger qui les guette. Les plus âgés pourraient égrener tout un chapelet : Cléo, Inès, Marylin, Luis, David, Hugo et j’en passe…
À force, nous savons ce qu’il faut faire en pareille circonstance. Même si quelques têtes brûlées font la sourde oreille, et continuent à se faire peur, l’ensemble des habitants de ce pays savent se comporter avec dignité et souvent avec gravité. Sur ce territoire sujet aux caprices et aux aléas de la nature, les hommes n’ont pas d’alternative autre que de cultiver spontanément la solidarité et la bienveillance. La force et le caractère implacables des éléments forcent également à la résilience. Plier sans rompre. Attendre qu’Eole, de guerre lasse s’éloigne. Panser ses plaies et ensuite recommencer, bâtir de nouveaux projets, regarder devant soi comme si rien ni personne n’était venu troubler notre cheminement. C’est cela aussi vivre en pays de cyclones.
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