La pléthore de candidats aux élections législatives prochaines témoigne d’un engouement soudain pour la vie publique et d’un élan démocratique jusque-là jamais soupçonné. Voilà qui devrait en principe, réjouir tout bon citoyen. Avec ses 82 candidats, la Guadeloupe n’est pas le seul territoire de la République atteint par cette fièvre qu’est devenue la course à la députation. Paris connaît la même ruée vers l’Assemblée nationale. Le Courrier de Guadeloupe a dans son numéro 220 daté du 26 mai dernier, donné quelques clés qui peuvent expliquer l’appétence nouvelle des uns et des autres à vouloir être député de la nation. Notamment en Guadeloupe.
Une fois décryptées les motivations des nombreux candidats, une fois exposées les situations objectives qui concourent à les conduire à briguer un mandat de député, reste à poser la question qui fâche : être député pour quoi faire ? L’ambition de la plupart des postulants s’arrête à leur volonté d’être élu. C’est leur droit le plus strict. En cela, la fournée 2 017 des candidats ne se distingue pas outre mesure des précédentes. Après tout, il n’y a nul crime à se contenter d’être un député godillot. Voter ou ne pas voter des textes sans en comprendre et analyser les conséquences n’a jamais empêché la République de fonctionner. Aller se pavaner régulièrement à Paris peut-être une motivation à elle seule. Voyager aux frais de la République, qui plus est en première classe, peut suffire au bonheur de tout citoyen. Et je n’évoque même pas le supplément de revenus substantiels attaché au mandat.
Ils sont quelques candidats à avoir les moyens intellectuels et la volonté de prendre part à la vie de l’Assemblée nationale. Ceux-là savent que le travail du député est difficile. Participer à l’élaboration de textes de lois demande une capacité à comprendre l’environnement législatif. Il est fastidieux aussi ce travail. Lorsqu’un député veut exercer une quelconque influence sur le cours de la vie de ses concitoyens, il lui faut remettre plusieurs fois l’ouvrage sur le métier. Le travail du député est compliqué encore. En dépit du déploiement de toutes ces qualités précédemment évoquées, compte tenu de la complexité du milieu, de l’enchevêtrement des procédures et des jeux d’influences, il peut ne pas obtenir gain de cause. La Guadeloupe élira quatre députés. Aux électeurs de détecter qui sera godillot, jouisseur, ou un vrai législateur capable de faire évoluer en notre faveur les textes qui régissent la vie quotidienne.
Alors que François Bayrou travaille à la loi de moralisation de la vie publique, voilà que le plus proche lieutenant du président de la République Richard Ferrand, membre du gouvernement Philippe, est rattrapé par une affaire immobilière dont aurait bénéficié son épouse lorsqu’il était directeur général des Mutuelles de Bretagne. Cette affaire illustre deux réalités. D’abord, il n’est pas si facile de passer d’une situation de permissivité presque absolue que se sont longtemps octroyées les catégories sociales supérieures, à une société où l’ascèse totale serait la règle. Il faudra encore du temps pour que la purge ait des effets et que la probité devienne un vrai réflexe chez tout responsable. La deuxième évidence qui saute aux yeux c’est qu’au train où vont les choses, les élites ne pourront pas renoncer à une cure de vertu. L’exigence de transparence est telle dans la société que les responsables qui voudront faire fi de l’air du temps, risque de le payer au prix fort.
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