Les gérants de station-service toussent. Ce sont tous les automobilistes qui en- core une fois risquent de trinquer. Encore qu’au moment où j’écris ces quelques lignes, le différend qui oppose les professionnels de la distribution de carburant au ministre des outre-mer Victorin Lurel à propos de son décret où les gérants de station croient déceler la signification d’une diminution de leur marge, n’a pas encore atteint de paroxysme. Mais en Guadeloupe, les conflits dans ce secteur sont à un tel point récurrents, qu’il est utile qu’on s’y attarde quelque peu. D’abord et sans crainte de me répéter au risque de déplaire encore à quelques-uns, cette situation découle d’une organisation monopolistique de la filière des carburants qui engendre frustrations et suspicions de toutes sortes. Suspicions d’autant plus grandes qu’on a maintes fois évoqué une transparence dans la formation des prix qu’on n’a jamais vu venir. La SARA se contentant d’expliquer que rogner sur ses marges mettrait en danger son existence même. Très bien. Nous sommes nous aussi pour le maintien de l’emploi généré par la SARA, et ce même si c’est la Martinique qui en tire surtout profit, dans un contexte économique difficile et de plus en plus compliqué. Par ailleurs, pour toutes sortes de raisons stratégiques, logistiques et même de préférence ou de protection des intérêts économiques d’une multinationale française on peut accepter, voire soutenir le monopole. Mais les entreprises en situation de monopole ont au moins un devoir. Celui de ne pas pratiquer des marges exorbitantes. Je ne dis pas que c’est forcément le cas de la SARA. Seulement je dis prouvez-le ! Soyez transparent. Et tout le monde se portera mieux. Dès lors la question est la suivante : pourra-t-on un jour avoir accès aux montants alloués par la SARA à la holding Total ? Pour l’heure la réponse autant que je sache est non. Or, c’est la seule question qui vaille. Les équations alambiquées sur la formation du prix du litre de carburant restent du chinois pour tout le monde sauf pour les techniciens de la SARA et elles n’ont pas grande signification. Le ministre des outre-mer lui-même qui réclamait la transparence lorsqu’il était président de Région semble y avoir renoncé. Résultats : les gérants de station ont l’impression qu’ils sont sacrifiés sur l’hôtel de la lutte contre la vie chère et ne veulent pas porter seuls le chapeau. Ils font en plus valoir qu’ils défendent l’emploi. Un argument dont a usé abondamment la SARA quand elle était sur la sellette et qui par les temps qui courent fait souvent mouche. CQFD.
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