Cédric Cornet est entré dans le paysage politique local, mais qui se cache derrière l’image de l’homme public ? Portrait.
Cédric Cornet est un enfant de Guadeloupe. Comme tous les autres. Ou presque. Issu d’une famille ordinaire. Mais pas tout à fait. Un enfant seul. Son père, orphelin de guerre, débarque en Guadeloupe, il y a une quarantaine d’années. Au collège Front de mer de Lauricisque où il est scolarisé, Cédric Cornet est habillé très simplement : vieux jeans, vieille paire de basket, pas de casquette, encore moins de bijoux.
Son père lui explique très tôt qu’il vaut mieux éviter les signes extérieurs de richesse qui pourraient attirer l’attention des racketteurs, qui commencent à sévir aux abords des établissements scolaires de Pointe-à-Pitre. Seul face à eux, il répond avec aplomb : « Inutile de venir me racketter, ou me frapper, de toutes les façons, mon père ne me donne rien ».
L’exil hexagonal, et le déclic politique
Plus tard, ce sera le lycée et un BTS qu’il réussira brillamment, mais épuisé. En effet, résolu à s’assumer seul, il travaille à mi-temps pour subvenir à ses besoins d’étudiant mais cela ne suffit pas toujours. Peut-être pour mieux épouser le modèle du père venu ici en aventurier sans solliciter sa famille, il quitte la Guadeloupe pour l’Hexagone dans les mêmes conditions. Là, l’homme aurait dit-on managé une équipe au sein d’une grande entreprise.
C’est là-bas, dans cette sphère hexagonale que lui serait venue l’idée de se lancer en politique et de se mettre au service de la Guadeloupe. Un engagement que n’aurait pas encouragé la famille, sûre que les contrecoups de cette initiative auraient des répercussions sur elle. Reste que c’est plutôt une image de « gamer » (ces jeunes qui vouent une véritable addiction aux jeux vidéo) qu’il donnera de lui. Une image dont il ne parviendra jamais à véritablement se défaire et qui lui sera régulièrement opposée par ses détracteurs de la classe politique locale. Mais pour l’heure, après son échec aux mondiaux d’Allemagne la page est définitivement tournée. Il vise un autre challenge plus audacieux.
À dire vrai, l’homme n’est jamais où on l’attend. Le collectif des Inkoruptibles (CDI) servira de rampe de lancement à cette ambition. La population réclame un coup de jeune en politique, elle va l’avoir. Bon candidat, look impeccable, il s’attire la sympathie de plus en plus de gens. Il investit les réseaux sociaux et marque des points, là où ses aînés, dédaigneux de l’informatique, ne vont pas. Ses conférences sont menées à bout de bras, ses affiches relèvent du gag. Qu’importe, à la surprise de tous, le voilà élu régional. Que faire désormais d’une organisation sans existence légale, sinon lui donner plus de cohérence ? Ce succès aux régionales de 2010 ne lui attire pas que la réussite. Exclu de son collectif, -l’affaire est scellée en peu de jours — le voilà de nouveau seul.
Une posture d’adulescent
Seul au sein d’une assemblée régionale où il passe plutôt pour un excité. Un bon ordinateur avec un mauvais logiciel. Son succès fait envie, sa posture repousse. Il a tout pour réussir mais submergé par un succès qu’il n’attendait pas et par une immaturité, il inspire raillerie et sobriquets. Mais Cédric Cornet ne lâche rien. La visibilité que ne lui offre pas son mandat d’élu régional de l’opposition, il va se la procurer. De sa voix à peine muée il court les micros et les plateaux télés de ceux qui veulent bien le laisser parler. Il s’invite à tous les événements qui comptent. Distribue des cartes de visite. Répond au téléphone jusqu’à des heures indues à toute personne le sollicitant.
Mais ce n’est pas suffisant, ce qu’il lui faut, c’est une vitrine, une bonne action qui ferait parler de lui dans toute la Guadeloupe et peut-être au-delà. Ce sera le « Cédric Cornet Master Class ». Enfin, il peut entrer par la grande porte dans le cœur des gens et compenser les lacunes d’une posture d’adulescent qui a fini par lasser. Au Gosier les retombées sont considérables et son enracinement dans la sphère politique communale se poursuit. Il commence à déranger puis à faire peur quand il met en ballottage le cador des lieux. Seul, l’individu est redoutable. Jamais à court d’idée, il ne renonce jamais. Au point que ses amis ont du mal à suivre et se disent que peu importe l’organisation derrière, seul l’homme vaut le détour.
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