LES FAITS
Le 12e vice-président du conseil régional de Guadeloupe, récemment chargé de la commission jeunesse au sein du conseil régional, a été mis en examen, mercredi 1er juillet dernier et placé sous contrôle judiciaire.
Selon un communiqué de James Juan, procureur de la République de Pointe-à-Pitre par délégation, les faits reprochés à Cédric Cornet remontent aux vacances scolaires de 2013. Une adolescente de 13 ans a fait état de rapports intimes librement consentis avec Cédric Cornet, lorsqu’elle venait chez lui pour des heures de soutien scolaire, dispensées dans le cadre de l’association Cédric Cornet Master Class. » Certaines de ses amies lui auraient révélé ne pas être la seule à entretenir une telle relation avec l’intéressé et elle y aurait alors mis fin « , indique le communiqué du procureur. Le parquet aurait été averti, en janvier 2015, par les services sociaux scolaires qui avaient remarqué que cette jeune fille multipliait » les états dépressifs et les crises d’angoisse « . En réalité, selon nos informations, plus précisément, ces faits seraient remontés jusqu’aux services sociaux du Département qui les auraient signalés au parquet. Suite à une enquête diligentée par les services de police, l’élu a été placé en garde à vue lundi 29 juin dernier. Le communiqué du procureur indique que » la jeune fille avait pu décrire la chambre à coucher de Cédric Cornet et que ce dernier avait, au cours de l’année 2014, tenu des propos extrêmement équivoques à l’attention de l’adolescente sur le réseau social Facebook « . L’un des avocats de Cédric Cornet, Charles-Henri Coppet, a déclaré que l’élu conteste tout comportement délictuel vis-à-vis de cette victime et qu’il a voulu répondre seul aux questions des enquêteurs, sans avocat, parce qu’il s’estime complètement innocent. Après 48 heures de garde à vue, Cédric Cornet, a été mis en examen mercredi pour atteinte sexuelle sur une adolescente de 13 ans, et mis sous contrôle judiciaire. Cédric Cornet ne doit pas entrer en contact avec la victime ni exercer d’activité professionnelle et sociale en lien avec des mineurs. Il risque 5 ans de prison ferme et 75 000 euros d’amende et pourrait être jugé en cour d’assises compte tenu qu’on soit en présence d’une affaire de mœurs impliquant une mineure de moins de 15 ans.
RAPPEL
Chronologie de l’affaire
2013 : Vacances scolaires Des relations sexuelles consenties auraient eu lieu
2014 : Échanges entre Cédric Cornet et la victime présumée sur le réseau social Facebook
28 janvier 2015 : Procureur de la République de Pointe-à-Pitre alerté par les services sociaux scolaires
26 juin 2015 : Nomination de Cédric Cornet à la commission Jeunesse du conseil régional de Guadeloupe
29 juin 2015 : Cédric Cornet placé en garde à vue
1er juillet 2015 : Cédric Cornet mis en examen et placé sous contrôle judiciaire Affaire Cédric Cornet
PORTRAIT
Qui est vraiment Cédric Cornet ?
Cédric Cornet est entré dans le paysage politique local, mais qui se cache derrière l’image de l’homme public ?
Cédric Cornet est un enfant de Guadeloupe. Comme tous les autres. Ou presque. Issu d’une famille ordinaire. Mais pas tout à fait. Un enfant seul. Son père, orphelin de guerre, débarque en Guadeloupe, il y a une quarantaine d’années. Au collège Front de mer de Lauricisque où il est scolarisé, Cédric Cornet est habillé très simplement : vieux jeans, vieille paire de basket, pas de casquette, encore moins de bijoux. Son père lui explique très tôt qu’il vaut mieux éviter les signes extérieurs de richesse qui pourraient attirer l’attention des racketteurs, qui commencent à sévir aux abords des établissements scolaires de Pointe-à-Pitre. Seul face à eux, il répond avec aplomb : » Inutile de venir me racketter, ou me frapper, de toutes les façons, mon père ne me donne rien « .
L’exil hexagonal, et le déclic politique
Plus tard, ce sera le lycée et un BTS qu’il réussira brillamment, mais épuisé. En effet, résolu à s’assumer seul, il travaille à mi-temps pour subvenir à ses besoins d’étudiant mais cela ne suffit pas toujours. Peut-être pour mieux épouser le modèle du père venu ici en aventurier sans solliciter sa famille, il quitte la Guadeloupe pour l’Hexagone dans les mêmes conditions. Là, l’homme aurait dit-on managé une équipe au sein d’une grande entreprise. C’est là-bas, dans cette sphère hexagonale que lui serait venue l’idée de se lancer en politique et de se mettre au service de la Guadeloupe. Un engagement que n’aurait pas encouragé la famille, sûre que les contrecoups de cette initiative auraient des répercussions sur elle. Reste que c’est plutôt une image de » gamer » (ces jeunes qui vouent une véritable addiction aux jeux vidéo) qu’il donnera de lui. Une image dont il ne parviendra jamais à véritablement se défaire et qui lui sera régulièrement opposée par ses détracteurs de la classe politique locale. Mais pour l’heure, après son échec aux mondiaux d’Allemagne la page est définitivement tournée. Il vise un autre challenge plus audacieux. À dire vrai, l’homme n’est jamais où on l’attend. Le collectif des Inkoruptibles (CDI) servira de rampe de lancement à cette ambition. La population réclame un coup de jeune en politique, elle va l’avoir. Bon candidat, look impeccable, il s’attire la sympathie de plus en plus de gens. Il investit les réseaux sociaux et marque des points, là où ses aînés, dédaigneux de l’informatique, ne vont pas. Ses conférences sont menées à bout de bras, ses affiches relèvent du gag. Qu’importe, à la surprise de tous, le voilà élu régional. Que faire désormais d’une organisation sans existence légale, sinon lui donner plus de cohérence ? Ce succès aux régionales de 2010 ne lui attire pas que la réussite. Exclu de son collectif, – l’affaire est scellée en peu de jours — le voilà de nouveau seul.
Une posture d’adulescent Seul au sein d’une assemblée régionale où il passe plutôt pour un excité. Un bon ordinateur avec un mauvais logiciel. Son succès fait envie, sa posture repousse. Il a tout pour réussir mais submergé par un succès qu’il n’attendait pas et par une immaturité, il inspire raillerie et sobriquets. Mais Cédric Cornet ne lâche rien. La visibilité que ne lui offre pas son mandat d’élu régional de l’opposition, il va se la procurer. De sa voix à peine muée il court les micros et les plateaux télés de ceux qui veulent bien le laisser parler. Il s’invite à tous les événements qui comptent. Distribue des cartes de visite. Réponds au téléphone jusqu’à des heures indues à toute personne le sollicitant. Mais ce n’est pas suffisant, ce qu’il lui faut, c’est une vitrine, une bonne action qui ferait parler de lui dans toute la Guadeloupe et peut-être au-delà. Ce sera le » Cédric Cornet Master Class « . Enfin, il peut entrer par la grande porte dans le cœur des gens et compenser les lacunes d’une posture d’adules- cent qui a fini par lasser. Au Gosier les retombées sont considérables et son enracinement dans la sphère politique communale se poursuit. Il commence à déranger puis à faire peur quand il met en ballottage le cador des lieux. Seul, l’individu est redoutable. Jamais à court d’idée, il ne renonce jamais. Au point que ses amis ont du mal à suivre et se disent que peu importe l’organisation derrière, seul l’homme vaut le détour.
ITINÉRAIRE MEDIATICO- POLITIQUE
Et survint Cédric Cornet !
Celui que personne n’attendait, sauf devant une console de jeux, est parvenu là où d’autres candidats plus aguerris ont maintes fois échoué. Retour sur son parcours.
Un exploit ! Tout simplement un exploit si l’on se rappelle que l’actuel président de Région avait raflé la victoire de l’élection, dès le premier tour. Une première et unique en France. Les médias braquent alors leurs projecteurs sur » le jeune Cédric Cornet « . Mais est-il pour autant un novice de la chose médiatique ? En réalité, cela fait un bout de temps que l’homme est connu. Mais davantage auprès des jeunes. Sur Canal 10, il co-anime une émission dédiée aux jeux vidéo. Dans la même veine, il remporte le championnat de la Caraïbe des jeux vidéo, et tente les championnats du monde qui se déroulent cette année-là en Allemagne. Une ambition sans limite. Un caractère aussi. À une journaliste qui lui demande pourquoi il ne défend pas son titre de champion de la Caraïbe, il déclare être d’un tempérament à toujours viser plus haut, et à ne pas s’attarder à revenir en arrière. N’empêche qu’après avoir affiché une confiance en sa victoire imminente aux mondiaux d’Allemagne, il est éliminé dès la deuxième manche. Adieu Berlin ! Adieu les retombées médiatiques.
Après les jeux, la politique
On le croit retiré des affaires. Il rebondit plus fort et se lance contre toute attente, dans la bataille électorale des régionales de 2010, dans le contexte de l’après-LKP de 2009. Le sortant Victorin Lurel est au départ annoncé perdant. Rompu aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux naissants, Cédric Cornet est le premier à démontrer la puissance de l’internet qu’il investit à fond. Face à des équipes de campagne concurrentes, aux budgets conséquents, il affiche un staff fait de brique et de broc qui, grâce à sa conviction irrésistible, aux programmes de conférences et aux vidéos diffusées sur Facebook fait déplacer les foules. Qu’importe le caractère improvisé de l’affaire, des électeurs se laissent séduire par le romantisme de cette campagne électorale qui enfin, laisse passer un peu de fraîcheur dans le landerneau politique. Les résultats tombent et surprennent jusqu’à Cédric Cornet lui-même. Deux sièges pour la liste qu’il emmène, Pou Gwadloup an nou ay. La foule se bouscule le jour de la première plénière de mars 2010. Le jeune élu débarque en costume marron sombre et chemise orange. À ses côtés sa colistière Élodie Davillé. C’est aussi là que tout commence.
Il s’invente un domaine de compétence
La posture Cornet fait un temps mouche. Il fustige par exemple le manque d’assiduité de ses collègues élus, mais finit par lasser. Sans mission, sans influence réelle sur l’action régionale, il se bat pour exister. S’invite à toutes les réceptions, y compris parfois dans certaines fêtes privées familiales, comme chez un journaliste qui, indigné, ne manquera pas de s’en faire l’écho sur Facebook. Il finit par trouver son segment. Ce sera l’enfance défavorisée. C’est là que naît la » Cédric Cornet Master Class « . Une action caritative qui collecte des dons en matériel scolaire et les redistribue aux enfants nécessiteux, et assure bénévolement un soutien scolaire. Il tient là sa grande action populiste. Celle qui lui permet de démontrer son action, en marge des politiques régionales. Et tant pis si ce n’est pas son domaine de compétence. Il ose quand d’autres ne font rien. Pour lui c’est le principal. Ses récents faits d’armes politiques démontrent qu’il n’est jamais à court de ressources. Surtout quand il se paye le luxe de mettre Jacques Gillot en ballottage aux municipales de Gosier en mars 2014, dans le fief où ce dernier est régulièrement élu depuis dix- huit ans. Contre toute attente, et à la faveur d’un remaniement technique d’élus démissionnaires pour cumul de mandat départemental, voilà Cédric Cornet propulsé 12e vice-président du conseil régional lors de la plénière du 26 juin 2015. Difficile de dire quelles seront les suites de sa mise en examen prononcée le 1er juillet, et s’il saura encore une fois rebondir.
TÉMOIGNAGE
Paco Iskandar : » Cédric est notre leader sur le plan politique «
Paco Iskandar, ami de toujours et principal soutien de Cédric Cornet estime que son ami suscite de fortes jalousies eu égard à son ascension politique.
Paco Iskandar : Cédric est une personne très simple et d’une grande gentillesse. Un idéaliste, le genre d’ami qui ne vous fera jamais défaut et qui manque cruellement dans ce monde. Il est attachant, très famille, par moments il semble vivre dans un monde de » bisounours » car il pense que tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil.
Le Courrier de Guadeloupe : De quand date votre amitié ?
PI : Je le connais depuis 2005 et les péripéties de la vie ainsi que son honnêteté ont fait de lui mon ami, mon frère.
LCG : Vous êtes membre fondateur du collectif des Inkoruptibles, quelles sont les raisons qui ont poussé le collectif à prendre ses distances avec Cédric Cornet ?
PI : Cédric et le CDI c’est une histoire exagérée par les médias. Ce n’est en vérité qu’une question de désaccord stratégique et administratif. Lorsque ce collectif a été créé nous l’avons fait de manière symbolique. Nous avons porté Cédric sans réelle organisation interne. Nous n’avions pas de statut administratif et juridique. Le succès des régionales 2010 a surpris tout le monde, nous les premiers, ce qui nous a poussés à devoir mettre en place cette véritable organisation au sein du mouvement, avec une charte, une déontologie, des fonctions attribuées aux membres, une stratégie, etc. Cédric s’est toujours plié à la démocratie, et lorsqu’il a fallu soumettre les propositions au vote, certaines propositions n’ont pas été acceptées. Cédric n’était pas d’accord et ceux qui ne l’étaient pas, sont donc partis. Avec le recul, je me dis qu’il a peut-être bien fait.
LCG : Vous dites lui apporter votre soutien ?
PI : Les Iréduktibles soutiennent Cédric car c’est notre leader sur l’échiquier politique. Cédric incarne le symbole de la résistance, et que vous le placiez seul ou qu’il soit ici ou là, les gens une fois qu’ils l’ont côtoyé, s’attachent à lui, pas à un mouvement.
LCG :Pensez-vous que sa récente nomination à la 12ème vice-présidence du conseil régional ait dérangé ?
PI : Au vu des événements, effectivement il y en a qui veulent juste récupérer l’électorat et pensent que Cédric sera peut-être gênant de par sa position actuelle. Voir des membres de Gosier Ensemble convoquer une réunion pour demander la nomination d’un nouveau leader au premier soir de sa garde à vue, est révélateur… Ce n’est pas un hasard, nous sommes vifs et éclairés nous avons reçu des appels pour le dissuader d’accepter de collaborer avec Mr Lurel. Nous savions que beaucoup étaient dégoûtés de voir Cédric gravir les échelons sachant qu’il est parti de rien. Il y a des gens qui attendent depuis 5 ans, 10 ans voir plus, qui ont toujours appliqué les directives de leur parti et qui attendent encore qu’on leur confie des responsabilités. Mais Cédric n’a pas joué ce jeu-là. Il a été lui-même avec ses convictions, ses méthodes, sa personnalité au risque de ne pas toujours être compris. Mais c’est cela qui le caractérise, et qui fait sa différence, il est imprévisible… normal que certains soient jaloux.
VITRINE
La Master Class est à l’image de son fondateur Cédric Cornet, hétérodoxe
L’association déclarée en avril 2014 a en réalité démarré son activité avant de s’être parée d’un cadre administratif. En juin 2013, c’est via Facebook que Cédric Cornet recrute pour des cours de soutien scolaire, de remise à niveau, et de cantine, gratuits à Gosier. L’association rayonne au-delà de la commune de son fondateur, à l’échelle de la Guadeloupe tout entière. Durant les grandes vacances scolaires de 2014, Cédric Cornet Master Class annonce par communiqué pour les enfants du CP au cm2, une distribution de kits scolaires à Sainte-Anne le 11 août, Port-Louis le 13, Sainte-Rose le 18, Grand-Bourg de Marie-Galante le 20, Basse-Terre le 21, Terre-de-Haut aux Saintes le 23, pour finir par Désirade le 26. Et pour faire très officiel, il est demandé aux bénéficiaires d’être » munis des photocopies de l’attestation parentale de la CAF, du livret de famille ainsi que de la pièce d’identité ou du passeport de l’enfant « . En avril 2015, il invite la presse à couvrir l’assemblée générale de son association Cédric Cornet Master Class. L’annonce phare – et pharaonique — : l’objectif de distribuer 10 000 kits rentrée scolaire pour les enfants de la Guadeloupe. Au détour de l’ordre du jour, on notera qu’un règlement de 20 euros au titre de la cotisation annuelle est attendu des membres.
Cédric aime Cornet et le fait savoir
Le fait d’apporter une aide scolaire en dehors de l’école publique laisserait penser à une démarche libérale. Sauf que les fonds récoltés par son association ne servent pas à dégager une rente, un profit mais seraient reversés au deuxième volet de son association. L’argent financerait la distribution de kits scolaires pour les enfants nécessiteux. On pourrait ranger cette démarche au banc de l’économie circulaire. Mais après quoi court Cédric Cornet ? Qu’est-ce qu’il lui trotte dans la tête ? À quoi marche-t-il ? Ce n’est pas l’argent visiblement, il semble vivre modestement et annonce reverser ses indemnités de conseiller régional à son association. » Il n’osait même pas changer sa voiture en très mauvais état de peur que les gens le suspectent de détournement » raconte son acolyte Paco Iskandar. En revanche, on pourrait dire que son premier supporter c’est… lui-même ! Le terme » Master Class « , » classe de maître » dans la langue de Molière, renvoie à des cours dispensés par un expert dans une discipline artistique le plus souvent en musique ou en peinture. Le qualificatif est donc quelque peu surévalué pour des cours de soutien scolaire et d’aide aux devoirs donnés par un homme diplômé d’un BTS de comptabilité. Cédric aime Cornet et le fait savoir. Pour comprendre son côté revanchard, il faut se pencher sur son enfance. » Je l’ai élevé à la dure, je ne l’ai pas gâté. J’ai travaillé presque toute ma vie à mon compte, c’est moi qui lui ai donné le goût d’entreprendre. Cédric est devenu très vite autonome financièrement » raconte son père Claude Cornet. Le trentenaire semble courir après le temps, impatient de se rendre compte des effets produits par ses activités.
DÉCRYPTAGE
Cédric Cornet empêtré avec Facebook : prévisible !
Mis en examen pour atteintes sexuelles sur mineure de moins de 15 ans, Cédric Cornet apparaît accablé par le réseau social Facebook. Dans son communiqué du 1er juillet 2015, le procureur de la République de Pointe-à-Pitre indique que Cédric Cornet a été trahi par son compte Facebook : » L’exploitation des échanges sur le réseau social Facebook, révélait que le mis en cause avait, au cours de l’année 2014, tenu des propos extrêmement équivoques à l’attention de l’adolescente. » En dehors de l’affaire judiciaire qui suit son cours, l’occasion de décoder quatre erreurs majeures commises par le jeune conseiller régional.
1) Confusion entre page privée et page fan
Les experts en communication le disent : quand on est une personne publique, pour une présence plus efficace et mieux contrôlée sur Facebook, il vaut mieux privilégier la création d’une page fan à » liker » plutôt qu’une page personnelle. Cédric Cornet, lui, cumulait les deux : une page personnelle » Cédric Cornet » et une page fan » Cornet Cédric dit Cécé » likée par 5 318 fans au moment où nous mettons sous presse. Entre les deux, aucune différence. Et c’est bien là que le bât blesse. Une page personnelle est l’outil qu’utiliseront les citoyens lambda afin de se donner des nouvelles entre amis et parents. Mais une personnalité publique, elle, doit donner un cachet officiel à sa présence en ligne, avec une page fan espace d’exposition et de discussion relative à ses activités dans le cadre de ses fonctions ou de son engagement, et où sa vie privée n’est pas étalée.
2) Excès de proximité
Le corollaire de la première erreur, c’est donc un excès de proximité avec les personnes qui suivent une page ou un compte sur les réseaux sociaux. Dans le cas de Cédric Cornet, cet excès de proximité s’est manifesté principalement par une multiplication des messages parfois même sans intérêt ni réel fond – comme pour démontrer qu’il était toujours à la disposition du peuple dont il entend défendre les intérêts — avec publication régulière de son numéro de téléphone personnel. Dans un message du 26 juin 2015, il déclarait après sa nomination à la 12e vice-présidence de la Région : » Comme depuis 2009 je suis disponible et à votre service 24 heures/24 7 jours/7 au 0690 38 88 69 « .
3) Selfies à gogo
Selfie, cet anglicisme passé dans le langage courant, grâce aux réseaux sociaux, depuis environ trois ans désigne un autoportrait réalisé avec un smartphone ou une tablette en tenant l’appareil face à soi, à bout de bras. Plébiscité par les plus jeunes sur les réseaux sociaux, ou encore par des personnalités très égocentrées, le selfie est devenu une vraie plaie de la communication en ligne. Plus un événement, quel que soit son sérieux ou sa gravité (l’on a récemment vu trois élus guadeloupéens publier un selfie sur Facebook lors d’un enterrement), sans que les participants ne polluent le déroulé par une pause selfie. Si le selfie n’est pas forcément à proscrire sur les réseaux sociaux, sa multiplication peut considérablement agacer. L’excès d’ego en irritera toujours quelques-uns.
4) Mauvais usage de la messagerie privée
La majorité des réseaux sociaux sont dotés de messageries privées. Même s’il s’agit de messagerie dite privée, il faut savoir que les paroles, photos ou messages vocaux qui y sont échangés peuvent fuiter. Pas de zone de confort, donc dans les échanges via messagerie privée. Nul ne peut se lâcher ni ne plus faire attention aux conséquences des paroles et des matériels échangés. On se souvient encore du député américain Anthony Weiner, figure montante des Démocrates, qui avait été contraint à la démission en juin 2011 : il échangeait, par messagerie privée sur Twitter, des photos de lui dénudé, mais aussi de ses parties intimes. Messagerie privée ou non, à l’heure d’Internet, tout se sait tôt ou tard.
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