À une période de l’année où il est de bon ton de souhaiter aux autres des vœux bienveillants, une curieuse annonce a circulé sur WhatsApp. L’auteure du message proclame avec un brin de cynisme que cette année, elle n’adressera de vœux à personne. Une majorité de ceux qui ont reçu cette déclaration en ont ri. Quelques-uns l’ont jugée positive. Ils y ont décelé un appel à la responsabilité : » Ou vlé santé ? Ay swanié’w. Ou vlé lajan ? Travay !« . Peut-être. Il reste toutefois à s’interroger sur les ressorts d’une société à ce point désabusée, que ses membres puissent en arriver à se vanter qu’ils ne souhaitent du bien à aucun de ses concitoyens. Le messager s’est bien gardé de révéler son identité. C’est l’une des tares du réseau social WhatsApp qui permet de proférer tout et n’importe quoi, sous couvert d’anonymat. Cette déclaration est cependant un signe du peu de cohésion qui caractérise notre société.
Konplo a nèg, sé konplo a chyen professe un de nos plus mauvais dictons. Une façon d’affirmer qu’ensemble nous ne savons rien entreprendre qui puisse être mené à bien. L’image des crabes qui font tomber celui qui tente de s’échapper des profondeurs où ils sont enfermés est connue. Elle signifie que nous avons une propension à entraver la route de ceux qui tentent d’aller plus loin que nous. Si je me réfère à l’histoire qui m’a été rapportée ceux qui sont tout en haut de l’échelle ne souhaitent pas davantage la réussite de leurs concitoyens d’en bas. Il paraît qu’à une autre époque, un inspecteur de l’enseignement, régulièrement interrogé par les instances nationales quant aux éventuelles potentialités guadeloupéennes d’occuper des postes à responsabilités a perpétuellement répondu : « Néant ». Drôle de mentalité, n’est-ce pas ?
Le mal n’est donc pas nouveau. Il a seulement empiré. Qu’un membre d’une société refuse de souhaiter du bonheur à son voisin, à son frère, à son cousin c’est un pas de plus vers la distanciation de ce que Jean-Jacques Rousseau appelle le nœud social. Notre société devrait au contraire évoluer vers plus de bienveillance, plus de cohésion et plus d’interaction. C’est en tout cas le vœu que nous formulons au Courrier de Guadeloupe. Que 2018 fasse naître une Guadeloupe plus soudée, digne et fière d’elle-même. C’est un préalable à tout projet de bien vivre ensemble.
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