Voilà revenu le temps de l’obscurantisme et des régressions funestes. En France, les faces les plus sordides et fétides de l’âme humaine, mues par le courant ambiant et porteur remontent à la surface. Un ministre de la République Christiane Taubira est ravalée au rang de singe parce qu’elle est noire. Bah c’est le racisme ordinaire d’une France rendue frileuse par le communautarisme diront certains. Sans doute. Mais lorsque la parole se libère ainsi, et qu’on ose toutes les outrances c’est que quelque part la digue a craqué. Dans son long cheminement, cela ne promet pas à l’humanité des lendemains qui chantent. Mais il y a encore pire. Tout près de nous, dans la Caraïbe, ceux avec qui nous pourrions partager au moins une part d’histoire et de géographie, la République Dominicaine, – Saint Domingue comme on dit ici — vient de commettre un véritable crime à l’égard des Haïtiens. La Cour constitutionnelle de ce pays a rendu une décision qui en substance signifie qu’on ne peut se prévaloir de la nationalité dominicaine si l’on n’est pas né de parents eux-mêmes nés avant 1929 à Saint-Domingue ! Bien sûr cette mesure vise essentiellement les Haïtiens qui sont nombreux en République dominicaine. C’est comme si d’un seul coup vous rendiez apatrides plusieurs centaines de milliers de personnes. Car il est bien évident que la plupart des Haïtiens concernés par cette mesure n’ont plus beaucoup de liens avec Haïti. Avec cette décision scélérate notre voisin de la Caraïbe monte brutalement de plusieurs crans dans l’échelle de l’ignominie. Nous nous devons de dénoncer aussi cette abjection surtout parce qu’elle est à nos portes. Cette incroyable bassesse démontre que l’humanité n’est jamais à l’abri des régressions les plus viles. Venus couper la canne en République dominicaine et parqués dans des taudis innommables, les Haïtiens avaient déjà payé un lourd tribut à la cruauté des Trujillo et autres Balaguer dans les années cinquante et soixante. Trujillo avait ordonné et orchestré de nombreux massacres d’Haïtiens. La communauté internationale ne s’en est jamais fait l’écho. On croyait cette époque révolue. Visiblement, il n’en n’est rien. Cette fois toutes les instances internationales ont réagi à cette affaire, y compris l’ONU. Mais une simple dénonciation ou prise de position en guise de réaction ne peut suffire. Contre la barbarie, il faut user de mesures fermes y compris les plus contraignantes. Le combat pour défendre l’humanité dans sa plus grande noblesse n’est certainement pas fini !
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