Le 27 mai, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, a été cette année particulièrement riche de signification et de symboles. Toutes les communes ou presque se sont mises sur les rangs. Au chapitre des manifestations primées, la marche symbole à la fois de déférence et de recueillement a souvent été à l’honneur. Aux Abymes, dès le 26 mai, les groupes a pô ont déambulé de la statue de Solitude à celle de Delgrès. Hommage a été ainsi rendu à ces figures historiques et emblématiques de la lutte contre l’esclavage. Chacun d’eux a eu droit aussi à son dépôt de gerbe.
Le lendemain 27 mai, dès 4 heures du matin, une autre déambulation en direction du Morne de la Mémoire située derrière la mairie des Abymes a été organisée en hommage aux ancêtres. Marcher en souvenir. Marcher afin de conjurer tout éventuel oubli. Marcher aussi en guise de solidarité. Solidarité, c’est le thème choisi par Petit-Canal pour la marche qu’elle a organisée. Solidarité avec ceux qui ont subi l’esclavage, nous a précisé l’un des marcheurs. À Pointe-à-Pitre à l’initiative du LKP on a « maché pou sonjé et maché pou lité « .
27 mai jour de réflexion
Une marche de combat partie de Lauricisque près de la base nautique, sur les traces de ceux, qui se sont soulevés contre l’esclavage. À Sainte-Anne, on a opté pour maché an ba bwa. Histoire de rappeler que vivre dans les bois était aussi le quotidien des esclaves marrons. Le 27 mai a donc été jour de pèlerinage, mais il a été aussi jour de réflexion. À l’hôtel Arawak au Gosier, Emmanuel Gordien président du comité » Marche du 23 mai 1998 » a animé vendredi 26 mai un séminaire de réflexion sur le thème : » Le 27 mai, faut-il commémorer l’abolition de l’esclavage, ou honorer nos aïeux qui ont vécu en esclavage ? Autrement dit, les esclavisés doivent-ils leur liberté, aux abolitionnistes – Schoelcher en tête- ou à leurs révoltes successives et à leur lutte continuelle ? Question cruciale à la lumière de laquelle la vérité rétablie restitue à nos ancêtres leur dignité et leur confère encore plus de respect.
Dans le même ordre d’idée, le centre culturel de Sainte-Anne en partenariat avec l’association Karucrea a organisé, samedi 27 mai dans ses locaux, une exposition scientifique, sur » l’apport de l’Afrique ancienne au développement des sciences et des techniques « . Et puisqu’il vaut mieux identifier le moindre signe de cette triste époque afin de la mieux maîtriser, l ‘association Agir en citoyen a organisé à la mairie de Petit-Bourg une Conférence-débat sur le thème : » Les traces de l’esclavage dans nos mémoires, an manjé an nou, an fanmi an nou, an tèt an nou « .
À Gourbeyre, après un dépôt de gerbe en hommage à Louis Delgrès, a été donné le départ de la course cycliste Grand prix Boris Carène. À Petit-Bourg, devant la mairie, ce fut le départ de la 21e édition du Relais Interentreprises. Dans le domaine musical, Sainte-Anne, Pointe-à-Pitre, Gosier et Sainte-Rose ont privilégié le son du ka. Vibration originelle. D’autres artistes plus éclectiques ont participé à cette journée de commémoration du 27 mai. Tanya Saint-Val et Krys se sont produits à Basse-Terre, Dominique Coco était à Gosier, Dédé Saint-Prix, Voukoum, Jiksdé, Sanya, Jenna Legros, Dédé Nandy, Bled Milky ont été ovationnés à Petit- Canal. Des moments de fêtes et de joie. Commémoration et festivités n’ont jamais été antinomiques.
Levée de drapeau
Cependant, à l’échelle des valeurs symboliques, la palme revient à Port-Louis. Le maire Jean-Marie Hubert a organisé une » cérémonie de levée de drapeau » le 27 mai à l’hôtel de ville. Cérémonie au cours de laquelle l’étendard de l’UPLG a été adoubé par les autres mouvements indépendantistes. Ils ont reconnu que ce drapeau s’était imposé aux Guadeloupéens au fil des ans. C’est en tout cas le contenu du discours de Luc Reinette leader du FNLKS. Plusieurs élus présents l’ont eux aussi admis dans leurs discours. Ce fut le cas de Jocelyn Sapotille, maire de Lamentin et président de l’association des maires. Victorin Lurel sénateur et ancien ministre a lui aussi adhéré au principe que le peuple de Guadeloupe ait droit à son drapeau. Même s’il eut préféré que les Guadeloupéens aient été consultés quant au choix retenu. Le sport, l’art plastique et la musique surtout ont eux aussi accompagné cette journée du 27 mai.
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