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Les leçons du premier tour

Le premier tour des élections départementales a apporté des réponses claires sur l’état de l’opinion. Premier constat, le PS se porte bien en Guadeloupe et les dernières attaques contre le président du conseil régional n’ont visiblement pas eu d’écho sur l’électorat. La tendance qui avait été amorcée lors des municipales en faveur du PS s’est confirmée et s’est même parfois amplifiée, si l’on considère les résultats de Capesterre Belle-Eau et ceux surtout de Basse-Terre. Aux municipales de 2014, le camouflet localisé fût pour Victorin Lurel avec la défaite de Georges Clairy à Vieux-Habitants. Cette fois, la déchéance a frappé dans l’autre camp. Un monument s’est écroulé. Lucette Michaux-Chevry qui avait élu triomphalement en 2014, a été sortie du jeu dès le premier tour de ces départementales, par Élie Califer. Une page est tournée. Le PS sert de locomotive, mais ses alliés ne s’en sortent pas trop mal non plus. Au vu bien sûr des résultats du premier tour. En réalité, fort d’une alliance clairement définie et affichée, l’union a certainement payé dans ce camp. À l’inverse le GUSR n’a pas osé clairement définir ses alliances. Même si, ici et là, on subodorait des rapprochements entre le parti de Jacques Gillot avec certaines figures de la droite, rien n’était affirmé. A fortiori assumé. L’électeur est souvent mal à l’aise face au flou. Enfin, contrairement à ce qu’avaient prédit la plupart des commentateurs, l’abstention n’a pas connu les sommets qu’on lui octroyait par avance. Pour autant, le taux de participation est loin d’être stratosphérique. Ce qui laisse encore la porte ouverte non pas à un revirement de la tendance, mais une limitation de l’ampleur de la victoire prévisible PS/FRAPP/PPDG. Pour ce faire, il faudrait que le GUSR renverse la tendance à Pointe-à-Pitre, dans le deuxième canton des Abymes, et qu’il ne se laisse pas déborder à Morne-à-l’Eau. Cela fait beaucoup. La tâche s’annonce par conséquent immense. C’est peut-être pour cela, avant même la fin de cette première bataille, que les hostilités ont déjà commencé en vue des régionales. Les éléments de langage pour repartir à l’assaut de la forteresse Lurel sont déjà en circulation. On parle alors d’hégémonie, de pensée unique. Voir inique. Cela dit, c’est un argument qu’utilisent tous les partis en position de faiblesse. À l’échelle nationale, la gauche a utilisé cette rhétorique aussi longtemps qu’elle a été dans l’opposition. À l’époque le PS dénonçait l’État gaulliste ou l’État UNR ou RPR. Avant que la gauche ne s’empare – très temporairement en vérité — du Sénat, la droite nationale mettait en garde sur le fait que les socialistes allaient avoir tous les leviers du pouvoir. Le discours est le même. Il ne faut pas donner tous les pouvoirs au même parti, au même homme etc. En réalité, cet argument n’est jamais opérant. D’abord parce que l’électeur ne tient pas de comptabilité de cette nature. Il vote en fonction de ses convictions. Ensuite parce que l’argument traîne un relent misérabiliste. C’est comme si l’on demandait pitié parce que l’adversaire est trop fort et qu’on lui demande de vous laisser quelques miettes. C’est non seulement reconnaître par avance sa faiblesse mais c’est aussi la meilleure façon de se faire enfoncer encore un peu plus la tête au fond du trou. Parce qu’en politique comme ailleurs, personne n’a d’attirance pour les faibles et n’est sensible à une quelconque apologie à leur endroit. Toutefois, l’actualité du moment c’est non seulement les résultats du second tour des élections départementales, mais aussi dans la foulée, l’élection du président du conseil général. Éric Jalton après avoir vanté dans nos colonnes les mérites de son candidat Josette Borel-Lincertin, a enfoncé le clou sur RCI. Si le PS dit oui, la perspective d’une femme présidente du conseil général se précisera en Guadeloupe.

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