Le Viagra en Guadeloupe

BAGAY LA BANDÉ BANDÉ BANDÉ…

Pas une hécatombe mais pour autant pas anodin pour ne pas dire alarmant, le nombre de décès liés à la prise de Viagra a alerté Le Courrier de Guadeloupe qui s’est penché sur l’affaire. Une affaire qui montre des statistiques inquiétantes.

Les hommes doivent-ils faire attention à la façon dont ils reboostent leurs attributs ? Si le traditionnel bois bandé n’est pas assez efficace, l’utilisation du Viagra s’est démocratisée dans notre territoire avec des conséquences parfois tragiques. Un coup d’œil du côté du SAMU confirme les craintes :  » Il m’a été rapporté une dizaine de cas de décès avérés suite à des prises de Viagra ces deux dernières années « , informe le médecin chef du SAMU aujourd’hui à la retraite, Jean Lupéron.  » Mis à part pour ces 10 morts vérifiées, il y a également de fortes suspicions « , poursuit l’ancien responsable. Des suspicions difficiles à vérifier faute de témoignages de la compagne ou partenaire car  » souvent si elle refuse de parler, c’est que ce n’est pas dans le cadre d’une relation officielle ou alors que c’est une relation non suivie et qu’elle ignore certaines informations sur le partenaire « .

ÉCHELLE LOCALE

Raidissement d’un côté…

46,4 % fois plus d’accidents mortels liés au Viagra. Voilà le rapport qu’il faut retenir de la confrontation des chiffres de la Guadeloupe avec ceux de l’Hexagone. Bien que ces 5 morts ne constituent pas un chiffre important dans l’absolu, rapporté à la population ce chiffre paraît beaucoup plus conséquent. Et ce petit chiffre n’est même pas consolidé car comme le souligne le Dr Karine Dabadie la responsable du service de médecine légale du CHU de Pointe-à-Pitre :  » De nombreux cas nous échappent car il n’y a pas de circuit qui s’intéresse spécifiquement à ce type de morts « . Une défaillance qui pourrait bien faire apparaître des chiffres encore plus alarmants si les autorités s’intéressent à ce problème qui semble grossir à vue d’œil.

«  Absence de circuit de vérification  »

En Guadeloupe, il n’y a pas de protocole mis en place concernant le Viagra et donc pas d’études ni de remontée de chiffres officiels. Lorsque le lien entre la mort et le Viagra est avéré, les chiffres sont simplement consignés sans enrichir les données de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Une information confirmée par la responsable du service de médecine légale :  » Notre service traite une moyenne de cinq décès par an suite à un accident après prise de Viagra. Bien sûr le chiffre devrait être plus important que cela car il existe des cas où il y a de fortes suspicions mais si le Viagra n’est pas évoqué par les proches, la recherche de présence de Viagra dans le sang n’est pas faite « , complète le Dr Karine Dabadie.  » Le dernier cas avéré de décès suite à une prise de Viagra remonte à huit mois, toutefois nous avons eu depuis de nombreuses suspicions que nous n’avons pas pu confirmer à cause de l’absence de circuits de vérification « , reprend le médecin. «  Mon avis est que l’augmentation de l’accessibilité de ce médicament et ses dérivés via internet entraînent des incidents que les pouvoirs publics n’ont pas encore mesurés par défaut de contrôles « , achève-t-elle.

ÉCHELLE NATIONALE

… Fléchissement de l’autre

Qui a dit qu’une partie de jambes aérienne n’avait pas de prix ? En tout cas avec le Viagra, s’envoyer en l’air peut avoir une tout autre signification si toutes les précautions ne sont pas prises. Depuis son arrivée sur le marché en 1998, la pilule miracle est placée sous pharmacovigilance. Elle redonne certes de la vigueur, mais de vigueur recouvrée à vie retirée il n’y a parfois qu’un pas. Plusieurs incidents cardio-vasculaires graves comme les infarctus du myocarde, arythmies ventriculaires, accidents vasculaires ont déjà été relevés. Ces accidents se produisent généralement au cours ou peu de temps après le rapport sexuel chez des patients présentant des facteurs de risques ou qui utilisent mal le produit. Le nombre d’individus passés de la petite à la grande mort était de 35 la première année de commercialisation dans l’Hexagone et 17 la deuxième année. Le nombre d’effets indésirables constatés s’est légèrement infléchi passant de 250 000 pour la première année à 225 500 la deuxième année de commercialisation. Dans 88 % des cas ils s’expliquent par des facteurs de risques cardio-vasculaires et, dans 15 % des cas par des conditions d’utilisation non-respectées. «  Qui veut aller loin ménage sa monture  » dit le proverbe.

TOUJOURS À FOND

Le succès de la verticale

Le Viagra est l’un des plus grands succès commerciaux du géant pharmaceutique Pfizer. Depuis sa mise sur le marché, plusieurs millions de pilules ont été vendues pour une recette de près de deux milliards de dollars.

Pour un médicament qui devait être un remède contre l’angine de poitrine, le Viagra a eu une résonance sociétale et intime immense. Il est venu lever le voile sur l’un des plus grands tabous de l’intimité : la contre-performance masculine. D’ailleurs, dans le plan marketing de Pfizer – appuyé à l’époque sur plusieurs études médicales – le Viagra est censé changer la vie des hommes d’un certain âge. Certaines des publicités américaines sont mémorables. Dans l’une d’entre elles, on voit un vieillard exécuter des figures de hip-hop en équilibre sur son membre sous le slogan  » The power of Viagra  » – soit le pouvoir du Viagra. Avec la venue de la pilule bleue on sait que, contrairement aux préjugés, l’érection masculine ne tient pas toute la vie et ne vient pas sur commande. Les couples d’une cinquantaine d’années sont les premiers à bénéficier des services de la molécule de sildélafil. Elle vient donner un peu d’air dans une sexualité endormie par les habitudes. Toutefois, son utilisation reste très discrète. Les hommes refusant encore d’avouer leurs problèmes d’érection. Ce seront les publicitaires qui permettront de relâcher un peu les choses en s’appuyant sur l’image de la relation extraconjugale. On change de discours. Le Viagra devient le petit plus qui permet à l’homme de satisfaire à la fois son épouse et sa jeune et impétueuse maîtresse. D’un médicament, les publicitaires et, il faut bien le dire la rumeur courant chez les utilisateurs, font du Viagra un booster de performances, un allié indispensable de la sexualité masculine. Par conséquent, son public s’élargit vers des hommes de plus en plus jeunes, sans problèmes érectiles.

TOUJOURS PLUS

Après le Viagra, le Priligy

Nous avons cherché à savoir auprès des pharmaciens si la consommation de Viagra était importante en Guadeloupe. Certains ont éludé la question. D’autres ont carrément refusé de répondre quand ils ne nous ont pas carrément jetés. Mais beaucoup ont affirmé que la consommation de la pilule bleue était énorme en Guadeloupe.  » Les adeptes sont de tous âges. Les hommes de quatre-vingts ans viennent avec leur compagne. Ce sont elles qui commandent. Ban mwen ti bitin a missié la  » disent-elles explique le pharmacien. Les jeunes s’approvisionnent lorsqu’ils ont une nouvelle copine, parce qu’il faut l’épater. En principe il faut une ordonnance, mais si le client est connu du pharmacien et qu’il juge que sa santé est bonne, il peut se laisser convaincre.  » De toute façon explique l’un d’entre eux, on trouve tout ce qu’on veut sur internet. Et ce n’est pas forcément la bonne molécule.  »  » On constate que le sexe n’est plus tabou du tout dans notre société  » explique un autre pharmacien. À preuve : le succès que connaît un tout nouveau médicament le Priligy qui peut prolonger le plaisir d’une demi-heure voire une heure. Les promoteurs du médicament expliquent que c’est la réponse idoine à l’éjaculation précoce.  » Les gens se jettent dessus  » explique un autre professionnel.  » Et ceux qui le réclament hommes ou femmes n’éprouvent aucune gêne « . La pudibonderie est d’un autre âge. Mais là il ne s’agit plus seulement de provoquer une érection, c’est carrément une quête d’un plaisir prolongé. Alors c’est toujours le sexe qui fait tourner le monde ? Sûr et… Plus que jamais !

EN CAS DE PANNE

Consultez !

Les personnes qui connaissent des troubles de l’érection sont en général atteintes de complications bien plus graves. De fait, souvent la panne n’est que le sommet de l’iceberg. En dessous, c’est une vraie bombe atomique. Les risques d’AVC ou autres crises cardiaques sont importants car souvent c’est tout l’arbre vasculaire qui est atteint. Pour y remédier une seule solution : il faut consulter son cardiologue.

EFFORT PHYSIQUE

Le Viagra ne fait pas du bien à tout le monde

Le viagra est prescrit aux personnes qui présentent un risque faible de complications ou d’accident. Un homme de 50 ans qui n’est pas obèse, qui montre une condition physique satisfaisante, qui n’est pas essoufflé quand il a monté trois étages, peut être autorisé à prendre du Viagra. Pour s’assurer de la bonne forme du patient, les cardiologues le soumettent à un test d’efforts. De fait, la prise du Viagra vous contraint à un effort physique intense et long. Si vous n’avez pas la condition physique pour, vous êtes en grand danger. Celui qui présente des insuffisances cardiaques est irrémédiablement exclu. La prise du Viagra interdit aussi l’absorption d’alcool.

GÉNÉTIQUE

Le sel, les bateaux négriers et l’hypertension

Pour expliquer la propension à l’hypertension chez les Guadeloupéens d’origine africaine, on incrimine souvent les habitudes alimentaires, un environnement culturel qui fait du mode de vie, un facteur clé de cette maladie chez les noirs originaires d’Afrique, qu’ils soient américains brésiliens ou caribéens. Cette donnée n’est sans doute pas à rejeter catégoriquement. Toutefois, se fait jour une nouvelle hypothèse qui fait de plus en plus autorité. La prédisposition des noirs originaires d’Afrique à l’hypertension serait due à la présence d’un gène au départ récessif chez les esclaves qui étaient soumis à une forte pression eu égard à la carence alimentaire en sel occasionnée par la chaleur et les diarrhées lors du voyage dans les cales des bateaux négriers. Ceux qui résistaient au voyage étaient ceux qui disposaient de ce gène optimisé pour la rétention d’eau. Une fois disparue cette pression de la sélection, et les esclaves revenus à un environnement ou le sel est abondant, les gènes qui leur permettaient de stocker l’eau sur le bateau se sont renforcés. Les gènes récessifs sont devenus dominants et se sont largement répandus dans la population au fil des générations. Pour autant, pas de fatalité. Une bonne hygiène alimentaire basée sur un usage modéré du sel, c’est toujours efficace.

VIAGRA 2.0

Érection on-line

Le boom du e-commerce a été un facteur décisif pour le succès commercial du Viagra. Un business dans lequel nombre de firmes plus ou moins honnêtes se sont engouffrées.

Avant l’informatique ou le tourisme, c’est le Viagra qui a été l’un des premiers succès du e-commerce. Internet a ouvert un marché infini dans lequel plusieurs firmes pharmaceutiques se sont engouffrées. Le succès s’appuie sur trois piliers. Le premier, le plus essentiel, la discrétion et l’anonymat que ne permettent pas une visite en pharmacie. Le second, la concurrence qui a fait considérablement baisser les prix. Une boîte de Viagra est parfois jusqu’à 2 fois moins chère sur internet qu’en officine. Et le troisième la diversification des produits. Désormais, on n’achète pas seulement du Viagra, mais plusieurs types de molécules qui possèdent les mêmes effets selon des dosages différents et sous des formes différentes. En générique avec le Cialis, mais aussi en pâte avec Viagra Jelly. Les firmes pharmaceutiques proposent des centaines de dérivés, Levitra, Tadalafil, Zenegra, Kamagra, hyper ou hypo dosé, aromatisé. Selon les molécules les effets peuvent durer de 4 à 36 heures. Les pilules sont livrables à l’unité mais aussi en boîtes de 50 ! D’un prix variant de 2 euros à 181 euros. Mais les dangers sont aussi nombreux que les avantages. Certains produits présentés comme du Vagueras n’en sont pas et ont un effet dévastateur. Certains sites asiatiques proposent même des pilules composées à la fois de molécules synthétisées et de produits traditionnels qui entraînent de nombreux effets secondaires. En 2012, l’OMS a publié de nombreuses alertes après des décès avec suspicion de prise de Viagra.

WARNING

Pilule bleue et panneau rouge !

Citrate de sildénafil. Nom barbare d’après vous ? Il n’en est rien. Plus connu sous le nom de Viagra, la petite pilule bleue qui redonne aux hommes du relief en cas de coup de mou est une vraie success story. L’utiliser s’accompagne toutefois de quelques précautions d’emploi.

Regonfler son ego et sa virilité demande quelques précautions pour le bellâtre en mal de fermeté dans ses exercices physiques en chambre. Le Viagra est un traitement oral pour les troubles de l’érection ou l’impuissance chez les hommes. Même s’il concerne le confort, la restauration de la fonction érectile que permet le Viagra en augmentant le flux sanguin vers le pénis est une action médicale. Sa prescription ne doit se faire que sur l’avis d’un médecin et peut-être contre-indiquée dans certains cas.  » Le Viagra ne peut être prescrit que suite à un examen cardiovasculaire effectué chez un médecin « , indique Fred Berthelot, pharmacien. Il est notamment contre-indiqué chez les personnes présentant des pathologies comme une déformation du pénis, la maladie de la Peyronie (sclérose des corps caverneux), des problèmes cardiaques, un trouble de la coagulation, un ulcère, un problème rénal ou hépatique ou encore un trouble hématologique.

Un peu plus grave

Parmi les autres petits tracas qui marquent la reprise des activités dans l’hémisphère sud de ces messieurs, le mal de tête est le plus répandu. Le suivent de près les rougeurs au visage, les troubles digestifs mais aussi les troubles de la vision qui se déclinent pour la lumière, la perception des couleurs et l’acuité visuelle. D’autres effets indésirables comme des sensations de vertige ou le nez bouché s’ajoutent à la liste, avant d’autres effets plus graves et plus rares mais qu’il convient de noter. Hypertension ou hypotension avec évanouissement, accident vasculaire cérébral ainsi qu’une perte de l’audition sont possibles.