La température de l’eau dans les Caraïbes est « anormalement chaude« , ont expliqué à l’AFP des scientifiques de Météo-France Antilles Guyane.
« Côté façade Atlantique, on est encore à des eaux de surface qui montent jusqu’à 29°C et côté mer des Caraïbes, on relève jusqu’à 30°C« , détaille Eva Merceron, responsable-adjointe du service prévision de Météo-France en Martinique. Cela représente « un à deux degrés au-delà des normales de novembre« , a-t-elle ajouté, alors que les scientifiques relèvent depuis plusieurs mois des températures de l’eau de mer très hautes.
Christophe Montour, responsable de l’unité de climatologie de Météo-France en Guadeloupe, anticipe des températures des eaux de mer au-delà des normales pendant « encore plusieurs semaines« .
Fin octobre, l’Institut caribéen de météorologie et d’hydrologie, installé à La Barbade, avait également annoncé dans un bulletin publié sur son site des eaux plus chaudes que la normale jusqu’en janvier.
Des incendies sous-marins, avec la destruction de la flore et de la faune, brûlées comme dans une forêt terrestre
La mer des Caraïbes est réputée pour sa chaleur agréable tout au long de l’année. En moyenne, la température de l’eau se situe entre 26 et 29 degrés Celsius. Cette constance est due à la proximité de l’équateur, qui assure un ensoleillement presque constant et des températures tropicales tout au long de l’année.
Il existe des variations en fonction des saisons et des zones géographiques. Par exemple, les mois chauds (de juin à août), l’eau peut monter jusqu’à 30 degrés Celsius dans certaines régions, tandis qu’en hivernage (de décembre à février), elle peut descendre à 24 degrés Celsius.
Proportions inquiétantes
La température de l’eau des Caraïbes n’affecte pas seulement le confort des baigneurs. Elle joue également un rôle crucial dans la vie de la faune marine. Le blanchissement des récifs coralliens a pris des proportions inquiétantes cette année dans toute la zone caribéenne. Une situation qui plonge la communauté scientifique dans la consternation.
« L’épisode de canicule marine est annoncé jusqu’à janvier« , souligne Gipsy Tramoni, responsable scientifique de L’Asso-mer de Martinique. « On est au-dessus des normales de saison depuis plusieurs mois. Les coraux sont encore en train de blanchir« , déplore-t-elle.
Face à l’épisode de blanchiment corallien sans précédent observé en Guadeloupe et partout dans la Caraïbe, l’Aquarium de la Guadeloupe et Igrec Mer ont lancé le 10 octobre une collecte d’information à destination des structures de plongée, mais aussi de tous ceux qui vont sous l’eau. De nombreux témoignages ont été produits, comme ici.
Le terme de canicule marine est employé si, pendant plus de cinq jours, la température de surface en mer est plus élevée que la moyenne. Les poches d’eau surchauffées qui stagnent sur un écosystème peuvent entraîner la mort de nombreuses espèces marines, surtout celles qui ne peuvent s’échapper. Par ailleurs, lorsque l’eau se réchauffe, la quantité d’oxygène dissous diminue jusqu’à engendrer des mortalités massives de poissons.
David Diaz, chercheur à l’Institut espagnol d’océanographie, compare les vagues de chaleur à des incendies sous-marins, avec la destruction de la flore et de la faune, brûlées comme dans une forêt terrestre.

Cette chaleur excessive perturbe donc très fortement la vie des créatures marines et met en danger leur source de nourriture. Lors de ces épisodes, le phytoplancton (nourriture principale de nombre de poissons et mammifères marins) tend à rapetisser voire se raréfier dans certaines zones. Les herbiers marins, eux, nourriture des tortues notamment, meurent sous l’effet d’une eau trop chaude.
Les chercheurs estiment que cet épisode de canicule serait dû, en partie à l’affaiblissement des vents qui, en général, mélangent et refroidissent les eaux terrestres. Un facteur à coupler avec l’intensité de l’épisode El Niño installé depuis le mois de juin.
Tous ces facteurs mettent en tension les ressources marines des zones équatoriales qui voient leurs richesses se raréfier.
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