Fin 2019 et début 2020 sont rythmés par le conflit qui oppose le gouvernement aux syndicats à propos de la réforme des retraites. La contestation perdure. Et gouvernement et syndicats y vont chacun de leur vérité. Démonstration à l’appui. L’argumentaire passe d’abord par un exercice surprenant de sémantique. Les syndicats estiment que la réforme accorde à quelques catégories professionnelles des régimes spéciaux de retraites. Ils font référence aux policiers, aux militaires, aux danseurs de l’opéra, aux pilotes d’avion qui ont obtenu un traitement particulier. Selon le gouvernement, pas du tout. Ce sont des régimes spécifiques. Spécifiques ou spéciaux ? Faîtes votre choix. Pas sûr cependant que le citoyen lambda saisisse la nuance. La querelle autour de l’âge pivot est tout aussi surréaliste. Certains ont laissé entendre qu’elle est supprimée, avant de reconnaître qu’elle est suspendue. Le Premier ministre a indiqué qu’à défaut d’une autre solution qui garantirait l’équilibre financier, l’âge pivot reviendra sous une forme ou une autre, et par voie d’ordonnance.
Les plus clercs des commentateurs même lorsqu’ils admettent le bien-fondé de la réforme s’accordent à dire que la communication du gouvernement aura été médiocre. Résultat : l’opinion soutient toujours le mouvement de contestation. En Guadeloupe, mis à part le 5 décembre 2019, coup d’envoi du mouvement au niveau national, la mobilisation contre la réforme des retraites a été anecdotique en dehors des enseignants et avocats. Pourtant, plusieurs catégories sont concernées par des retraites riquiquis. C’est le cas des agriculteurs, des travailleurs indépendants et de la kyrielle de gens qui ont exercé toute leur vie des petits boulots par intermittence. Les fonctionnaires guadeloupéens qui n’ont pas eu d’enfants, voient leurs revenus fondre comme neige au soleil lorsqu’ils prennent leurs retraites. Ils n’ont plus droit aux 40 % de vie chère. À l’inverse des fonctionnaires réunionnais. En dépit de cette réalité, le débat sur la réforme des retraites a fait pschitt en Guadeloupe. Souvent, nous ne sommes pas à nos affaires. Trop souvent.
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