Chers lecteurs, Le Courrier de Guadeloupe est cosignataire d’une lettre ouverte à lire en dernière page de l’édition que vous tenez en mains. Votre hebdomadaire s’est joint à « l’Alliance de la presse d’information générale » dont il est adhérent afin de vous inviter à défendre avec nous la liberté. Nous rappelons qu’en plein procès des auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo, un fanatique au nom du prophète a agressé, les blessant grièvement, deux citoyens qui passaient par là. Nous vous invitons à défendre la liberté parce que nous ne sommes pas toujours conscients du bien inestimable qu’il représente. La lettre ouverte exprime avec justesse cette idée. « Ces libertés nous sont tellement naturelles qu’il nous arrive d’oublier le privilège et le confort qu’elles constituent pour chacun d’entre nous ». Privilège dont ne jouissent pas partout sur terre les hommes. Si nous vous invitons à défendre avec nous ce bien inestimable, c’est qu’il est attaqué de toutes parts. Et bien plus qu’on pourrait le croire. Les ennemis les plus féroces de la liberté, les plus ostentatoires aussi, ce sont les militants du fanatisme religieux. Ils commettent des assassinats effroyables et spectaculaires. Leur objectif c’est de susciter la peur. La peur qui paralyserait, la peur qui imposerait au silence. Aujourd’hui, nous appelons à résister à ces ennemis de la liberté. Ils sont les plus dangereux, les plus sanguinaires et les plus ostensibles. Les ennemis de la liberté peuvent toutefois se faire plus insidieux. Ils peuvent se nicher au cœur même de certains systèmes étatiques. Et pas seulement dans les pays réputés totalitaires. Nous avons aujourd’hui à la tête du pays vanté pour être la plus grande des démocraties, un président qui déclare le plus naturellement du monde qu’il ne peut être que vainqueur de la prochaine élection présidentielle, à laquelle il est candidat. Si les résultats ne sont pas en sa faveur, c’est qu’il y aura eu fraude. Il ne cédera pas le pouvoir. S’il gagne, le scrutin est valable. En gros Donald Trump dit « pile, je gagne; face l’autre perd ». Quel rapport direz-vous avec les attentats de Charlie ? À première vue aucun. Du moins rien qui soit tout de suite évident. Sauf que pris à ce stade, la démocratie défaille déjà. Car c’est en rusant avec ses propres valeurs qu’une société finit par introduire en son sein le cancer de la tyrannie. Une fois cette plaie installée, la liberté n’en a plus pour très longtemps.
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