La délinquance est de nouveau en hausse en Guadeloupe. Le chapelet de jérémiades d’élus de tous bords a repris. Ils appellent l’État à la rescousse, quand ils ne l’accusent pas carrément de laxisme. La question est : l’État peut-il tout ? Les raisons de cette nouvelle flambée sont difficilement identifiables. En revanche, les causes avancées qui engendrent ce haut niveau de violence sont archi-rabâchées. Désœuvrement, illettrisme, aucune formation… Cela exposé, cela ne change rien à la réalité. La Guadeloupe confrontée au problème grave de la délinquance et de la violence peut-elle s’en sortir ? En gros comment passer du stade du simple constat du mal, mille fois exposé, à celui de son traitement. De fait, aucune analyse n’est satisfaisante quand elle fait fi de l’évolution de la société. Non pas pour constater simplement que le monde a changé mais pour en tenir compte à l’heure d’évaluer les contraintes et les difficultés de la tâche.
Notre société n’est pas dans l’être mais dans le paraître disait-on encore très doctement dans les hautes sphères de la bien-pensance. C’était il y a une trentaine d’années. Les observateurs en sont restés là. Or, il y a belle lurette que les Guadeloupéens – les jeunes surtout — ont quitté les rives du paraître pour s’approprier celle de l’avoir. Tout. Tout de suite. Tel est le credo des nouveaux jeunes. C’est tout particulièrement celui de ceux qui n’ont pas les moyens pécuniaires d’avoir quoi que ce soit. Et pour cause. Ils sont au chômage, n’ont aucune perspective d’avenir. Avec un aplomb consommé et l’aide de force stimulants, ces jeunes entendent jouir des bienfaits de la société de consommation. Alors ils volent, braquent, cassent, violentent et tuent parfois. Cela dit, les objets dignes de convoitise ne manquent pas. Téléphones portables ultra-sophistiqués, tablettes, caméras, téléviseurs, bijoux, montres de luxe, ordinateurs, et autres babioles sont les symboles d’une société à laquelle, les délinquants ne veulent être exclus à aucun prix. Et nous sommes encore loin du compte en ce qui concerne les produits qui peuplent le sac de l’avoir. Le deuxième champ à explorer est celui du déclin de toute forme d’autorité. À commencer par celle des parents, incapables souvent, d’imposer à leurs enfants le moindre respect. A fortiori une quelconque discipline. Celle de l’école aussi, que certains parents ont contribué à laminer. Quant à l’église, même les enfants en âge de première communion ne la fréquentent plus. Plus aucun prêtre n’est craint. Gendarmes et policiers non plus. Aujourd’hui les petits voyous leur tirent dessus. Oui les temps ont bien changé et ce n’est pas sans conséquence.
Et maintenant que faire ? La société de consommation a encore quelques belles décennies devant elle. Personne n’y pourra grand-chose, ou très peu. Trop d’intérêts sont en jeu. En revanche, il serait bon de réfléchir aux voies et moyens qui permettraient de restaurer les trois piliers qui ont jusqu’ici fondé notre société. À savoir l’autorité parentale indispensable pour inculquer aux enfants quelques principes de saine vie et de respect, l’exigence citoyenne et l’apprentissage du savoir dispensés par l’école, la sacralisation et la déférence dues à la religion quelle qu’elle soit. Les pouvoirs publics, les associations ont déjà commencé à explorer la piste de l’autorité parentale. Des actions timides, trop isolées pas assez structurées sont menées auprès de parents qui sont dépassés. Il faudrait leur conférer un véritable cadre juridique et leur adjoindre un suivi plus systématique. Il faut en tout cas aller encore plus loin dans cette voie. L’autorité des professeurs, des instituteurs doit être restaurée. Ainsi que celle de toute l’institution scolaire. Quant à la religion, elle ne doit surtout pas renoncer à la reconquête des âmes. L’individu peut renoncer à Dieu. Pas les sociétés.
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