MUNICIPALES
Cette fois, c’est bien parti, la campagne est lancée. Les différents partis sont en ordre de bataille et chaque jour qui passe désormais apportera son lot d’événements, de faits de campagnes, de déclarations le tout relayé par les médias. Dans cette compétition qui s’annonce âpre car elle définira les vraies forces en présence non seulement dans les communes mais aussi au niveau de territoires plus larges, – la Guadeloupe étant désormais totalement maillée en territoires intercommunaux —, qui pourront influencer les résultats des scrutins de 2015 à venir, à savoir élections régionales ou élection d’une collectivité unique, sait-on jamais ? Guadeloupe unie socialisme et réalités (GUSR) de Guy Losbar est le premier à prendre le départ de la course. Le parti présidé par le maire de Petit-Bourg mais qui en réalité travaille aux intérêts de son leader naturel qui n’est autre de Jacques Gillot a distribué ses investitures (voir article page 5). C’est déjà une manière de montrer que le parti est organisé, qu’il n’y a pas de grosses dissensions en son sein et qu’il est en ordre de bataille. Toutes les organisations politiques présentes sur l’échiquier politique de la Guadeloupe ne peuvent en dire autant.
Où sont la droite et le PPDG ?
Toutefois nous ne sommes qu’à la mise en place du premier étage de la fusée. Viendra ensuite l’heure des soutiens. Plus nombreux que ceux déjà annoncés. Celui des alliances plus feutrées mais réelles. Il s’agira de ratisser le plus large possible. À ce petit jeu, les autres partis y viendront également. Sauf que tout le monde n’aura pas les mêmes moyens pour mettre en place cette politique. Ainsi la droite se cherche désespérément. Pas sûr que ses différentes composantes puissent présenter un front commun. Elle aura déjà à cœur de défendre ses 4 bastions principaux Basse-Terre, Saint-François, Capesterre Belle Eau, et Sainte Anne. Mais il est fort à parier qu’en l’état actuel des choses cette famille politique ne serve d’appoint dans le grand combat qui s’annonce entre le Parti socialiste du ministre Victorin Lurel et le GUSR officiellement allié mais pour le moins bigrement concurrents. Quant au PPDG particulièrement fort à Pointe-à- Pitre, il n’a ni l’appareil, ni l’implantation, ni l’influence du PS ou du GUSR sur le reste de la Guadeloupe. Le parti de jacques Bangou devra lui aussi se déterminer par rapport aux deux frères que sont Victorin et Jacques.
AMBIANCE CAMPAGNE
Quand le GUSR brieffe ses militants
Après Éric Jalton aux Abymes le 5 janvier dernier, c’était au tour des membres de GUSR d’officialiser leur entrée en campagne.
Dans une petite salle en face du lycée des Droits de l’Homme de Petit-Bourg, l’heure est à la revue des troupes et des contextes de stratégies. Face à une petite centaine de personnes, Guy Losbar, Jacques Gillot, et Camille Pélage, mènent un débat dans lequel, ils tentent d’expliquer aux quelques membres du parti présents à quel point les prochaines élections seront riches en enjeux. En effet, les municipales 2014 sont un train à ne pas manquer pour la mise en œuvre des stratégies de 2015 et 2017. À commencer par ce redécoupage des cantons qui, la veille, n’est pas passé lors de la plénière du conseil général. Pour les militantes présentes, c’est surtout un affront à la femme politique, puisque les cantons auront à leur tête un binôme homme/femme. » C’est la différence de pratique et de conception de la politique entre un homme et une femme qui est à l’origine de votre avis défavorable ? » demande une militante passablement agacée. Jacques Gillot s’empresse de désamorcer. » Les femmes n’ont plus à faire leur preuve en politique ici. L’histoire politique de la Guadeloupe est remplie de femmes fortes et intelligentes qui ont mené de front de grands chantiers. Inutile de citer Gerty Archimède, ou Michaux-Chevry. Il ne faut pas que le débat soit assombri par une question de sexisme. Simplement, nous avons estimé que le redécoupage avait été pensé géométriquement et ne prenait pas en compte les réalités de notre département. » Les femmes soupirent visiblement soulagées par cette réponse.
Quid de l’interco ?
Viennent les questions concernant l’intercommunalité, gros morceau des prochaines élections. Sur ce sujet, c’est Fred Deshaiyes, en sa qualité de politologue, professeur à l’UAG qui prend la barre face à un auditoire généralement attentif. Il sera interrompu par l’arrivée de Paul Larifla applaudit par les militants et élus. Quand il reprend la parole, l’universitaire insiste surtout sur la nécessité de changer de modèle de campagne politique. Plus d’attaques personnelles – un rire traverse l’assemblée – mieux vaut afficher dès le départ son soutien au maire qui aura le plus de chances de prendre la tête de l’intercommunalité fût-il d’un courant politique adverse. Avec l’intercommunalité, viennent les enjeux en tiroir dont les municipales ne sont que l’entrée en matière. Jacques Gillot Guy Losbar et Camille Pélage hochent sagement la tête… ils semblent avoir déjà assimilé le concept.
À l’annonce des candidatures, l’ambiance s’échauffe, les militants sifflent et applaudissent chaque candidat, l’ovation étant bien sûr réservée à Guy Losbar qui arrive à peine à faire entendre son discours de clôture qu’il termine par un vibrant » Vive la Guadeloupe et Vive Petit-Bourg ! » Le doute n’est plus permis. Quand les » Vive » sont dehors, alors les élus battent réellement la campagne…
BIM, PARTEZ !
Le GUSR lance sa campagne des municipales
Dimanche 19 janvier dernier, le GUSR a annoncé les investitures qu’elle accordait en vue des élections municipales.
Les candidatures évidentes ont été confirmées : Guy Losbar pour la commune de Petit-Bourg, Jean-Pierre Dupont pour la ville du Gosier, Jean Bardail à Morne-à-l’Eau et Ary Chalus pour la ville de Baie-Mahault. La nouveauté est venue de la désignation de Daniel Cimon à Grand-Bourg de Marie-Galante, Camille Pélage à Saint-Louis, et Marlène Miraculeux-Bourgeois à Capesterre de Marie-Galante et du soutien accordé à Rémi Senneville à Goyave et de Michel Girardy à Petit-Canal. Neuf communes où le GUSR est directement présent. Reste que fort de son rapprochement avec nombre de conseillers généraux qui forment sa majorité au Conseil Général, on peut subodorer que Jean-Marie Hubert de la gauche alternative, candidat à Port-Louis et José Toribio du Parti socialiste guadeloupéen au Lamentin, obtiendront eux aussi le soutien du GUSR. Et ce n’est pas tout. Louis-Daniel Justine proche de Jacques Gillot ne sera pas candidat à Sainte-Rose puisqu’il aurait rallié le maire sortant Richard Yacou. Faut-il en conclure que le GUSR le soutiendra à Sainte-Rose ? Voire. Dans les autres communes, Capesterre-Belle-Eau, Hugues-Philippe Ranmdini ayant fait alliance avec Maurice Péroumal, le GUSR pourrait bien soutenir l’attelage.
Quelles prochaines alliances ?
Ailleurs, il cherchera surtout à conclure des alliances avec d’autres forces. Pas sûr que la ligne de démarcation soit déterminée en fonction du clivage gauche-droite mais plutôt en vertu d’une convergence de vues à propos de l’évolution statutaire voire des affinités personnelles. Ainsi, on voit mal le GUSR soutenir Christian Baptiste face à Blaise Aldo à Sainte-Anne. Même si la présence de Jacques Kancel peut troubler le jeu. Dans le reste des communes, le GUSR est plutôt absent. C’est le cas au Moule, à Pointe-à-Pitre, à Saint-Claude, à Trois-Rivières, à Bouillante, à Vieux-Habitants, à Terre-de-Bas et Terre-de-Haut. Bref, les municipales sont lancées. Dans chaque commune on assistera à une compétition âpre. Mais en réalité, chacun des deux camps à savoir le parti socialiste de Victorin Lurel et le GUSR de Jacques Gillot, avancent leurs pions. Il s’agit de bien quadriller le territoire en prévision de la vraie bataille qui aura lieu en 2015. Assemblée unique ou acte III de la décentralisation.
REDÉCOUPAGE DES CANTONS
L’équilibre politique pourrait basculer
Le nouveau découpage des différents cantons de la Guadeloupe proposé par le ministre de l’Intérieur pourrait quelque peu bouleverser les forces de l’échiquier politique du département.
Premier constat : un certain nombre de communes voire de territoires perdent des cantons. C’est le cas des Abymes, qui devrait passer de cinq cantons à trois. C’est aussi celui de Pointe-à-Pitre qui passe de trois cantons à un, Marie-Galante idem. Sainte-Anne, Gosier, Le Moule, Morne-à-l’Eau, Capesterre Belle-Eau perdent chacun un canton. Dans le cas des Abymes, la réduction ne devrait pas modifier l’équilibre des forces en présence. Les cinq conseillers généraux appartenant à la majorité municipale, sauf Dominique Théophile membre de Guadeloupe Unie Socialisme et Réalités (GUSR) et soutien de Jacques Gillot. Pointe-à-Pitre devrait être sur le même schéma puisque le contour cantonal épouserait le contour municipal. À Marie-Galante, la situation devrait être beaucoup plus ténue puisque chacun des conseillers généraux appartient à des partis politiques différents. Il en est tout autre à Basse-Terre où non seulement le chef-lieu perd un canton, mais devra s’associer à Saint-Claude pour en constituer un. Basse-Terre dans l’état actuel des choses est situé à droite et Saint-Claude, un fief du Parti Socialiste. Quant à la région Sainte-Rose 2, Deshaies et Pointe-Noire, plus une partie de Bouillante (jusqu’à Pigeon), la lutte risque d’être acharnée sans que pour l’heure on puisse véritablement prévoir quelle force politique prendra le leadership.
Reconfiguration des rapports de force
Anse-Bertrand, Port-Louis et Petit-Canal ne formeront plus qu’un seul canton et là encore les jeux sont ouverts. Il faudra vraisemblablement attendre les résultats des prochaines municipales pour se faire une idée des forces politiques en présence dans cette région nord Grande-Terre. Bouillante, Vieux-Habitants et Baillif suivent ce même exemple pour ne plus former qu’un seul canton. Cette préfiguration générale rebat les cartes. Il est bien difficile à l’aune de ce nouveau découpage de faire des projections sur la majorité qui pourrait bien sortir des urnes aux prochaines cantonales de 2015. Ajoutons que le nombre de conseillers généraux avec l’avènement des binômes paritaires (un homme/une femme) ne changera pas, mais l’équilibre des forces pourrait bien basculer. Le GUSR devra batailler ferme pour conserver le conseil général. Toutefois, arguant sur la non prise en compte des particularismes de la Guadeloupe, les conseillers généraux, à l’unanimité, ont rejeté ce découpage proposé par le gouvernement. On peut s’attendre à des retouches mais il n’est pas sûr que le gouvernement revienne sur l’essentiel.
VŒUX DU CONSEIL GÉNÉRAL
Consensuel Gillot
« Il est grand temps de réinventer les politiques publiques en Guadeloupe ». Une phrase, une amorce, une ambition exprimée dans le discours d’introduction des vœux président du Conseil général à la presse.
Prenant à témoin la diversité de la classe politique comme fondement d’une force qui fait le socle de la vie des Guadeloupéens, le président Jacques Gillot a présenté ses vœux à la presse. Médias radio, télévisé, internet et écrit, chacun était présent pour ce désormais incontournable rendez-vous du début de l’année. Et c’est avec un parfum de projet guadeloupéen de société qui flottait dans l’air que le discours de Jacques Gillot a titillé l’intérêt des uns et des autres. Le président en a profité pour mettre les points sur les » i « , au sujet des propos de la présidente de Région Josette Borel-Lincertin. Jacques Gillot a réaffirmé son plein engagement dans la bonne conduite de ce projet : » Ce que nous avons fait jusque-là est notre part du travail prévu dans cette collaboration pour un projet commun de société. Nous souhaitons pouvoir très vite définir le cadre dans lequel les Guadeloupéens vont évoluer et donc avancer sur cette question du référendum « , reprend Jacques Gillot. L’évolution statutaire toujours en question, donc pour le président du conseil général qui s’est laissé aller à évoquer l’ensemble des dossiers en cours.
On ratisse large mais pas trop profond
Surtout pas d’effets d’annonce et surtout pas de terrain glissant. Loin de prononcer des mots pour provoquer un étranglement de son auditoire, Jacques Gillot aborde sans trop fouiller l’ensemble des dossiers qui tiennent le haut de la liste. Entre le brûlant dossier de l’eau qui a très vite provoqué de vives réactions des élus concernés, entre le rejet de la proposition de redécoupage des cantons de la Guadeloupe (voir article page… mais aussi les EHPAD et le vieillissement de la population, les questions de santé publique avec le chikungunya et même de la réparation du crime de l’esclavage, Jacques Gillot a répondu a tout le monde. On est loin des discours polémiques ou clivants, l’heure est à la bonne entente.
ENTRÉE EN CAMPAGNE
Tour de passe-passe
Le RDSF choisit Jean-Luc Périan
Jean-Luc Périan devrait annoncer sa candidature ce samedi 25 février aux municipales de Saint-François. Une mini-surprise car on s’attendait à voir Éric Rayapin avancer ses pions pour contrer le maire sortant Laurent Bernier. Il s’était d’ailleurs déjà présenté aux dernières élections, faute de résultats au premier tour, il avait rallié la liste d’Ernest Moutoussamy au second tour. Pour ces municipales, changement de scénario. Éric Rayapin se présentera en outsider face à Jean-Luc Périan fortement soutenu par l’ancien maire. ? Reste à savoir qui de ces deux candidats pourra compter sur le soutien de la Région et du Ministre des outre-mer Victorin Lurel. Toutefois, le nouveau candidat n’a pas fermé la porte à Éric Rayapin. » Nous ne sommes pas fermés aux discussions, j’ai entendu sa déclaration de candidature sur le média RCI. Mais je conduis une liste de rassemblement ou toutes les forces sont les bienvenues « . Le candidat a en ligne de mire le bilan financier de Saint-François qu’il estime insatisfaisant et l’amélioration du lien social et du vivre ensemble autour d’une plus grande proposition culturelle.
Outsider et motivé
Claude Edmond brigue Gourbeyre
Dès le 30 novembre dernier, Claude Edmond, une toute nouvelle tête dans le paysage politique gourbeyrien a annoncé sa candidature à la Mairie de Gourbeyre sur une liste divers-gauche face à Jean-Luc Adémar. C’est la première fois qu’il brigue le poste de maire et compte pallier son déficit de notoriété par une possible alliance avec Alain Plaisir, qui a été membre du conseil municipal de la ville et qui est connu à la fois pour son engagement syndical et la tenue du Comité d’Initiative pour un Projet Politique Alternatif. Claude Edmond entend représenter une solution sérieuse face à une équipe qui malgré sa longévité – elle est présente depuis 1995 – a selon lui un bilan très mitigé en raison notamment d’une proposition de service publique et d’une évolution en matière d’équipement insuffisante, malgré des années de facilité de financement. Il compte – entre autres – jouer sur l’imposition et un système de taxation des déchets pour revigorer les finances de la commune.
Jeanny Marc Mathiasin- candidate
Deshaies voit double
La maire sortante Jeanny Marc Mathiasin se représente aux municipales. Elle a annoncé sa candidature lors d’une conférence officielle le 17 janvier dernier à Deshaies, et le moins qu’on puisse dire c’est que les électeurs risquent de voir double. En effet, parmi ses challengers, Max Mathiasin proposera également une liste. De quoi donner du mordant à la campagne qui prendra des allures de lutte quasiment familiale. Mais ce n’est pas une première. Jeanny Marc Mathiasin est soutenue par l’association »Ensemble Bâtissons Deshaies » et s’appuie sur sa majorité municipale.
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