Ponte des coraux du genre Acropora, Guadeloupe août 2022. Photo : Claude Bouchon / Parc national de Guadeloupe

Au début de la saison cyclonique qui a commencé le 1er juin, la Guadeloupe affronte une nouvelle menace pour ses récifs coralliens, déjà affaiblis par des épisodes de canicule marine. Selon la synthèse des prévisions d’activité cyclonique publiée ce 25 mai par Météo-France Guadeloupe, cette saison s’annonce « sensiblement supérieure à la normale », avec des températures océaniques exceptionnellement élevées.

Depuis les années 1980, les récifs guadeloupéens déclinent. En 2020, l’Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens) estimait que seuls 30 % des coraux des Antilles françaises étaient en bon état. Les vagues de chaleur marine de 2023 et 2024 ont fait perdre brutalement plus de 10 % de la couverture corallienne restante. « On assiste à une diminution constante de la taille et du nombre des colonies », alerte Charlotte Dromard, écologiste marine. La pollution, la dégradation physique et les dommages causés par l’homme aggravent la situation. Comme l’incident relayé par Guadeloupe la 1ère, et révélé par un club de plongée de Port-Louis qui a filmé le 24 mai la destruction de 300m3 de récifs, imputée à un yacht de luxe.

En réponse à l’urgence écologique, le Grand port maritime de Guadeloupe a présenté le 21 janvier dernier les conclusions du projet Life adapt island de 4,7 millions financé par l’Union européenne, destiné à expérimenter des solutions de restauration fondées sur la nature. Pour les récifs coralliens, les équipes ont misé sur deux espèces d’Acropora, coraux emblématiques des Caraïbes (photo ci-dessus). Deux fermes coralliennes ont été créées, avec pour objectif de faire grandir environ 2 500 boutures sur des structures immergées, avant leur transplantation sur le récif. Malgré des débuts difficiles, avec un taux de survie des transplantations très faible, « nous avons acquis une certaine autonomie sur la reproduction locale des coraux », souligne Nicolas Diaz, responsable environnemental du Grand Port maritime. Mais le savoir-faire pour une restauration à grande échelle reste limité. Charlotte Dromard mène chaque mois des opérations pour limiter la prolifération d’algues et favoriser le retour de la biodiversité. Une politique écologique de combat. « Si on ne tente rien, tout sera perdu », insiste-t-elle.

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