Et maintenant que peut-il arriver ? Pour répondre à cette question, il aurait fallu pouvoir observer les cœurs et les reins. Or, l’exercice est loin d’être simple. Tout ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’il existe un véritable courant en faveur d’Ary Chalus porté par une idée-force à savoir qu’après 11 ans, il faut changer. Les thématiques de programme, de vision, de stratégie pèsent peu dans cette élection. Le positionnement politique encore moins. De fait, c’est la bataille de deux Guadeloupe. Une qui met en avant la compétence et l’autre qui se réclame du peuple. Pas n’importe lequel d’ailleurs, celui qu’on nomme abusivement le petit peuple. La Guadeloupe du petit peuple a fait mouche lors de ce premier tour. Ce concept de peuple pris dans son sens contraire à l’élite qui perce à l’occasion de cette élection régionale, n’est d’ailleurs pas propre à la Guadeloupe, ni même à la France. C’est une vague de fond depuis longtemps en mouvement dans beaucoup de pays, y compris aux États-Unis. Pour résumer à grands traits, on pourrait pour aller vite dire que pendant que les patrons du Cac 40 ou de Wall-Street se goinfrent, le petit peuple prend sa revanche dans les urnes. Bien sûr, Victorin Lurel qui est socialiste n’a rien à voir avec les capitalistes des places financières mondiales et Ary Chalus n’est pas non plus un petit pauvre. Les deux hommes sont d’ailleurs d’extraction modeste mais ont su tous deux, grimper dans l’échelle sociale. En réalité, tout est dans la posture des deux candidats et dans la vision que les électeurs se font des deux personnalités.
Dans ce duel au couteau, Ary Chalus mène donc aux points. Cela veut-il dire que la messe est dite ? La question est ardue, car l’écart est réel mais pas rédhibitoire. L’arithmétique pourra expliquer a posteriori le résultat de dimanche 13 décembre prochain. On saura de combien de points la participation aura augmenté. On saura également dans quelle proportion les reports de voix se seront effectués en faveur de l’un ou l’autre des finalistes. De ce côté, c’est d’ailleurs la bouteille à encre. Aucun des candidats éliminés n’ayant donné de consigne de vote. 21 000 voix sont à prendre. Reste à savoir qui de Victorin Lurel ou d’Ary Chalus saura les conquérir. Victorin Lurel ne peut zapper ce calcul. Il saura ainsi très exactement où et comment manœuvrer. Par ailleurs, Abymes et Moule demeurent l’une des clés de cette élection. Capesterre Belle-Eau et Lamentin également. Encore faut-il que les maires et les relais soient en capacité de mobiliser en faveur de leur leader. Ce n’est pas tout. Il faudra aussi contenir la poussée d’Ary Chalus chez lui à Baie-Mahault, Gosier, et Petit-Bourg, là où il existe également une réserve de voix. L’équation est compliquée. De fait, pour gagner cette élection Victorin Lurel doit véritablement gagner cette deuxième manche en faisant abstraction du premier. Et encore, la partie ne sera pas pour autant gagnée. Même avec une progression de Lurel au second tour, le score risque d’être serré. L’autre scénario auquel on peut également assister, c’est une amplification du phénomène Ary Chalus.
Quoi qu’il arrive cependant, on peut d’ores et déjà dire que la composition de l’hémicycle régional, n’aura rien à voir avec celle qui jusqu’ici a toujours prévalu. À savoir une majorité écrasante de l’équipe qui gouverne. Celui qui gagnera aura toute latitude pour gouverner, mais la minorité qu’elle aura face à elle sera constituée d’un seul gros bloc. Aucune autre liste n’ayant réussi à s’immiscer dans ce duel au sommet. Une bipolarisation qui peut tourner à l’affrontement perpétuel, mais qui pourrait également garantir un vrai débat démocratique au sein de l’assemblée régionale. Il faut juste espérer que les dossiers qui sont actuellement en souffrance, l’eau, le transport, les déchets, les seuls auxquels les Guadeloupéens peuvent légitiment s’accrocher pour l’amélioration de leur quotidien trouveront une solution. Mais c’est une autre histoire !
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