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Régionales : Comment se gagne une élection ?

APPAREIL DE CAMPAGNE

Gagner une élection c’est réussir un parcours du combattant. Tout est soupesé, évalué. Jusqu’à jour  » j « . Après c’est la grande inconnue. Comment se gagne une élection ? Des spécialistes à pied d’œuvre nous ont livré leur secret.

LE GRAND JOUR

Être candidat, avec un grand C

Êtres candidats, chacun théoriquement peut l’être. Mais tous ne partent pas sur un pied d’égalité. Ainsi, il y a ceux désignés par leur parti, ceux issus du milieu associatif et les autres, ces anonymes qui croient en leur destin. Avoir le soutien d’une machine électorale, c’est déjà partir avec un rude avantage. Avantage technique, parce qu’il bénéficie d’une logistique opérationnelle qui a fait ses preuves. Avantage financier surtout, car une campagne coûte beaucoup d’argent et rares sont ceux qui peuvent la financer sur leurs seuls deniers. Pour réussir toutefois, il faut que les candidatures soient crédibles. Être universitaire, médecin, avocat, ou président d’association ne suffit pas. Les candidats, devront jouir d’une très bonne notoriété et d’un très grand capital de sympathie. Ils devront être de tous les événements, heureux ou malheureux, de ceux dont ils espèrent briguer les suffrages.

LES GRANDES HEURES

Créer un état-major, composé de Majors

Une élection ne se gagne pas seul. Des années avant, le futur candidat, aussi bien homme que femme, se sera constitué un état-major de fidèles dont il aura éprouvé à souhait les aptitudes à mener la bataille. Être le proche de Mr ou Mme Untel, ça sert toujours. Les états-majors sont d’ordres divers. Souvent des partis mais de plus en plus des associations d’ordre politique, des  » think tanks  » dont les présidents visent un objectif électoral.

TOUS LES JOURS

Des réunions dans tous les secteurs, à n’en plus finir

C’est à ces petits détails qu’une tête de liste et ses colistiers peuvent démontrer une première aptitude à rassembler. Chaque membre du comité est censé pouvoir accueillir ou organiser des réunions de voisinage pour présenter le/la candidat(e), son projet, ses ambitions et surtout engranger de nouveaux adhérents.

SOMBRES HEURES

Sainte liste électorale, Graal des candidats

C’est l’outil indispensable pour mener campagne. Plus d’un an avant, chacun se procure la liste des électeurs concernés par le scrutin. En petit comité, elle sera épluchée à souhait. Les équipiers en fonction de leur relationnel et de leur proximité avec tel ou tel, se répartissent les inscrits. Voilà comment à l’approche d’une élection, il se trouvera toujours quelqu’un pour vous rendre visite avec l’objectif de susciter un maximum d’adhésion à la future candidature de son poulain.

LE WEEK-END SURTOUT

Boire et Manger, pour financer la campagne

La campagne officielle est encore loin, mais sur le terrain les premières joutes ont lieu. Une flopée de soirées dansantes, de déjeuners champêtres dont l’objectif est multiple fleurissent. Le premier est de continuer à marteler l’objectif visé et présenter aux invités le futur candidat sous tous ses aspects et dans une dynamique de proximité. Ensuite, il sert à collecter des fonds, véritable trésor de guerre, en vue des actions futures du candidat. Mais surtout, c’est l’occasion de montrer ses biceps à l’adversaire.

N’IMPORTE QUAND

Dawa, bains et autres appuis mystiques

Nous avons beau être français, vivant dans une république laïque et des Guadeloupéens massivement catholiques, à l’heure d’une campagne électorale, tout le monde se rappelle à ses racines africaines. En façade, tout candidat affirme son cartésianisme, mais en coulisse, c’est une tout autre histoire. Le pays réel comme le disent certains, fonctionne selon ces rites hérités de nos ancêtres, et qu’aucune puissance fut-elle militaire ou religieuse n’a pu effacer. Certains, dit-on en userait non pas par conviction personnelle, mais pour rassurer leur état-major sur la certitude d’une prochaine victoire. Ainsi va la Guadeloupe profonde, ainsi va l’électeur à l’urne.

ENFIN

Jour de vote, jour de fête et de défaites

Une élection,  » c’est comme l’agriculture  » nous dit un ténor de la politique. Il y a le labourage en pré-campagne, les semailles pendant la campagne et enfin la moisson le jour du vote. Et lui de préciser qu’ « une bonne campagne peut capoter si ce dernier jour est négligé « . Qui ne s’organise pas pour récolter le fruit de ses semailles laisse de nombreuses voix en jachère. Et cela représente un boulot monstre ce jour-là. Les soldats jadis affectés à la logistique des conférences, au collage des affiches, ou au porte à porte sont redéployés sur les bureaux de vote. Des équipes qui veilleront à tout. Les assesseurs et leurs délégués vont superviser les opérations de vote tandis que d’autres se chargent d’aller chercher et conduire tous ceux qui ne peuvent se déplacer par leurs propres moyens dans les bureaux de vote. Un ballet continuel !

 

CONCRÉTUDE

Panorama des contenus des programmes des listes candidates au scrutin

GUADELOUPE SOLIDAIRE

1. Laurent Bernier- Les Républicains

Les 3 priorités : Instituer une solidarité avec les collectivités locales en responsabilisant les élus ; Structurer la culture comme source d’activités rentables et de rayonnement ; Libérer les énergies individuelles pour créer de l’emploi.

Les 3 originalités : La création d’un techno-campus dédié aux activités avant-gardistes en Nord Grande- Terre ; La création d’un institut de recherche appliquée pour la valorisation des productions végétales et de la biodiversité locale ; La création d’une maison du sport, fédérant l’ensemble des ligues et comités.

POU BA GWADLOUP ON DòT ELEKSYON, AN DòT BALAN

1. Mona Cadoce- Parti communiste guadeloupéen

Les 3 priorités : (non mentionnées)

Les 2 originalités : Installer de la cohérence entre la formation et l’emploi ; Favoriser le retour et l’intégration des diplômés.

CHANGEZ D’AVENIR

1. Ary Chalus- Guadeloupe unie socialisme et réalités

Les 3 priorités : Sortir de l’urgence et de la précarité ; Un nouveau mode de pilotage de la région plus collectif ; Un nouveau modèle économique régional

Les 2 originalités : Un nouvel ordre économique régional ; Un service de transport public maritime

LA GUADELOUPE, TOUJOURS MIEUX

1. Victorin Lurel- Parti socialiste

Les 3 priorités : 300 millions d’euros pour la reprise des réseaux d’adduction d’eau potable ; Organiser un service de transport public interurbain avant 2017 ; Installer aux Abymes un cyclotron et un Tepscan pour détecter les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Assurer avant la fin de la mandature l’égalité avec l’hexagone pour les tarifs de la téléphonie, des banques et les assurances.

Les 3 originalités : Installer le wifi gratuit sur la zone de Jarry, dans les lycées, l’université, l’aéroport, les hôpitaux, le MACTe, le terminal croisières Créer une société foncière de 10 millions d’euros de capital pour racheter le foncier stratégique de l’hôtellerie ; Imposer l’obligation de s’approvisionner auprès de producteurs locaux pour la restauration des établissements scolaires les hôpitaux et l’école d’hôtellerie.

NOUVELLE ALLIANCE POUR LA GUADELOUPE

1. Marie-Christine Myre ép. Quidal- Union populaire pour la libération de la Guadeloupe

Les 3 priorités : La construction des réseaux neufs d’alimentation en eau ; L’autosuffisance et la souveraineté alimentaire ; L’augmentation du taux d’indépendance énergétique.

Les 3 originalités : L’instauration d’un impôt basé sur l’empreinte écologique des biens manufacturés ; La participation des mutuelles au développement de nos territoires ; La négociation, avec les instances compétentes, un autre statut entre les fédérations françaises et nos ligues.

COMBAT OUVRIER

1. Jean-Marie Nomertin- Combat ouvrier

Les 3 priorités : Imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ; Imposer une augmentation générale des salaires et des retraites qui suive les hausses des prix, des impôts et des taxes ; Imposer la suppression du secret des affaires.

ALTERNATIVE POPULAIRE ET CITOYENNE

1. Alain Plaisir-Comité d’initiative pour un projet politique alternatif

Les 3 priorités : La distribution, avec la collaboration du Conseil départemental, des terres agricoles aux jeunes agriculteurs ; La baisse des factures d’eau par la suppression de l’octroi de mer régional ; La baisse des prix des produits de première nécessité.

Les 3 originalités : La construction d’une centrale thermique des mers ; L’exonération d’octroi de mer pour les entreprises créatrices d’emplois dans le domaine de la production ; La parité totale entre les hommes et les femmes, y compris dans les conseils consultatifs.

OUI À LA GUADELOUPE

1. Mélina Seymour- Ambition Guadeloupe

Les 3 priorités : Développement économique, innovation et modernisation ; Jeunesse éducation, formation, insertion ; équité et continuité territoriale

Les 3 originalités : Créér un fonds de garantie accessible à tous les entrepreneurs ; Signer un pacte de confiance entre secteur privé et public ; Mise en place d’une dotation exceptionnelle pour financer la réfection du réseau de distribution de l’eau.

GUADELOUPE BLEU MARINE

1. Stephan Viennet- Front national

Les 3 priorités : Encourager par des mesures adéquates les secteurs capables de faire reculer le chômage ; Créer un seul syndicat d’exploitation pour l’eau et adapter le volume d’eau suivant les dessertes ; Réduire les dépenses de la Région.

NOFRAP, LA GUADELOUPE EN CATION, VÉRITÉ ET JUSTICE SOCIALE

1. Henri Yoyotte- Nofrap

Les 3 priorités : La baisse du prix de l’essence de 10 centimes pour au moins deux ans en réduisant la taxe régionale ; Concertation avec l’État pour la mise en place de deux bateaux de surveillance, de plusieurs radars avec des garde-côtes pour lutter contre l’immigration illégale et les trafics d’armes et de drogue ; La mise en place d’un service unique de production et de distribution de l’eau à prix unique pour toute la Guadeloupe.

Les 3 originalités : Une grande conférence d’actions pour décider des actions à mettre en place pour combattre la pauvreté et la précarité ; La mise en place d’un bureau spécial pour recueillir les doléances des Guadeloupéens qui ont des difficultés face aux impôts ; Un recensement complet de la population vivant en Guadeloupe et une évaluation précise de ses ressources.

 

LISTE ÉLECTORALE

7,6 % D’INSCRITS DE PLUS Qu’EN 2010

En dépit d’une forte baisse démographique, les Guadeloupéens sont substantiellement plus nombreux à être inscrits sur une liste électorale à l’occasion de ce scrutin des régionales du 6 décembre 2015, qu’en 2010. L’occasion d’indiquer aussi quelques autres chiffres de cette élection.

Dimanche 6 décembre 314 375 Guadeloupéennes et Guadeloupéens inscrits sur les listes électorales sont appelés aux urnes pour désigner les élus du conseil régional. Par rapport à 2010 c’est 22 276 inscrits de plus qu’en 2010 soit une progression de 7,63 %. 10 listes sont en piste. 405 bureaux de vote seront disposés sur tout le territoire. La ville des Abymes en compte 50. Abymes est la ville la plus peuplée. Elle compte par conséquent le plus grand nombre d’inscrits (37 944). Viennent ensuite Baie-Mahault avec 21 568 inscrits, Gosier et Sainte-Anne avec respectivement 19 687 et 18 820 inscrits. Trois communes ne comptent que deux ou trois bureaux de vote : Terre de Haut, Vieux-Fort, Désirade et Terre de Bas. Mais c’est Terre-de-Bas qui compte le moins d’inscrits (1 325). Les deux candidats donnés en pole position disposent chacun de communes à gros potentiel de voix. Abymes, Sainte-Anne, le Moule, Sainte-Rose sont sur le papier, censées être acquises à Victorin Lurel, Le député-maire de Baie-Mahault peut tirer profit du nombre d’électeurs que comptent Baie-Mahault, Gosier, et Petit-Bourg. Une première tendance pourrait être donnée par les résultats de ces communes clés. Toutefois, la bataille sera chaude sur tout le territoire. De fait, dans cette élection, chaque vote comptera.

 

LA RUMEUR DU COU TORDU

La commission nationale valide les comptes de campagne de Michely, Guiougou, Lérus, Rauzduel, Borel-Lincertin et galantine

Cette campagne électorale est marquée du signe de la rumeur. Depuis plusieurs jours, le bruit circule aux Abymes que les comptes de campagne de Faber Michely associée à Éliane Guiougou Firpion, de Josette Borel-Lincertin ayant pour binôme Louis Galantine, celui de Rozan Rauzduel et son binôme Chantal Lérus auraient été annulés par la commission nationale des comptes de campagne. Ce qui, bien sûr, aurait pour conséquence d’annuler leur élection. Faux. Les comptes de campagne de ces six conseillers départementaux élus lors des dernières départementales ont en réalité été validés par la commission nationale des comptes de campagne dans une décision intervenue le 19 novembre 2015 (voir facsimilé). Elle indique en substance que des éléments d’information concernant le compte de campagne de ces candidats ont été portés tardivement à la connaissance de la commission qui dans le cadre d’une procédure contradictoire a pu vérifier un certain nombre d’éléments. Au regard des éléments de son enquête, la commission considère qu’il n’y a pas d’éléments probants qui permettent de remettre en cause les déclarations des candidats démontrant l’omission de dépenses dans le compte. Et que, par conséquent, il n’y a pas lieu de prononcer le rejet du compte. Dont acte.

C’EST DIT – VICTORIN LUREL- DIMANCHE 29 NOVEMBRE.

 » Si nous voulons continuer c’est parce que nous avons la conviction que d’autres ne feront pas mieux, mais surtout qu’ils feront pire. « 

• Politique

La charge de Bernier contre  » l’assistanat « 

Soucieux d’incarner la rupture avec les positions sociales de ses challengers de gauche, le candidat  » Les Républicains  » (sur la photo en compagnie de Bruno Lemaire venu le soutenir), Laurent Bernier, s’est livré lundi 30 novembre à un véritable réquisitoire contre ce qu’il appelle «  l’assistanat à outrance « , dans la droite ligne de son parti. Selon lui,  » la mandature actuelle de gauche a mis en place des politiques publiques trop coûteuses qui n’ont pas amené les effets escomptés.  » La tête de liste de Guadeloupe Solidaire entend bien  » remettre à plat toutes les structures d’aide pour enfin donner la visibilité nécessaire à tous les citoyens.  » Le candidat de la droite est clair. Il souhaite notamment mettre l’accent sur un apprentissage  » adapté au marché  » plutôt que sur des emplois aidés «  non durables « .

• Fait de campagne

Entre Victorin Lurel et Maryse Etzol c’est la rupture

On savait depuis quelques jours qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre Maryse Etzol et Victorin Lurel. Selon l’entourage de l’équipe Lurel, Maryse Etzol aurait très mal accueilli la présence de Betty Besry sur la liste conduite par le président sortant. Les remontées de terrain faisaient état d’un délitement des relations entre le maire de Grand-Bourg et Victorin Lurel. Toujours est-il que mardi 1er décembre dernier, Victorin Lurel en déplacement à Marie-Galante a vertement signifié à Maryse Etzol son courroux lui sommant de clarifier sa position. Maryse Etzol voulait s’exprimer mais Victorin Lurel lui a refusé le micro. Bref, à 5 jours du scrutin c’est la rupture entre le maire de Grand-Bourg soupçonné de soutenir en ba feye Ary Chalus, et l’actuel président du Conseil régional. Il reste maintenant à vérifier comment les Marie-Galantais voteront.

• Grand-Bourg

Les gendarmes en campagne…

La campagne a quelques fois des allures pour le moins baroque. Jeudi 26 novembre dernier début de soirée, Betty Besry membre de la liste La Guadeloupe toujours mieux, conduite par Victorin Lurel s’installe place du bourg à Grand-Bourg de Marie-Galante, pour donner une conférence publique. Les gendarmes de la commune dans un excès de zèle et de pouvoir surtout, lui intiment l’ordre de dégager de là, au prétexte qu’elle n’a pas le droit de conférer à cet endroit. Bigre. Betty Besry se replie non loin. Là encore, les gendarmes viennent lui dire qu’elle n’a pas le droit d’être sur le trottoir, qu’il faut qu’elle entre chez le coiffeur si elle veut parler. Bref, une histoire de fous. On savait que la campagne rendait dingue, mais si les gendarmes s’en mêlent aussi, on n’est pas sorti de l’auberge.

• Campagne

À Sainte-Anne, Chalus  » pris pour un footballeur  » ?

C’est une photo de campagne électorale parmi tant d’autres. On y voit le candidat Ary Chalus se prêter à une séance improvisée d’autographes avec de jeunes enfants. Visiblement, il n’en fallait pas tant à la FARDS, collectif saintannais pro-Lurel pour ironiser sur la situation :  » Chalus pris pour un footballeur à Sainte-Anne : les enfants demandent des autographes… C’est mignon. En même temps, on attend d’un président de Région d’être travailleur et compétent et non pas d’être une star.  » Vous avez dit fair-play ?

• Environnement

Christian Baptiste défend le bilan de la Région

Pas de doute pour Christian Baptiste… À quelques jours des élections, le vice-président du conseil régional entend bien défendre le travail accompli par la collectivité sous la dernière mandature. Dans un post publié lundi 23 novembre sur Facebook, le colistier de Victorin Lurel a esquissé le bilan de la Région en matière d’environnement :  » un bilan durable et responsable  » selon lui. Et Christian Baptiste d’égrener les actions mises en œuvre par la collectivité : aides financières à la construction de déchetteries, soutien aux associations, aux actions innovantes et à la valorisation du littoral, soutien du Pôle de compétitivité Synergie…  » Oui l’économie verte est en marche depuis longtemps et il faut faire toujours mieux en accentuant les actions de développement durable pour répondre aux besoins des générations futures « , martèle-t-il, tout en égratignant, au passage le programme des listes concurrentes :  » La liste La Guadeloupe toujours mieux préfère les lentes révolutions aux impacts réels que les annonces coup de tonnerre un peu vides…  » C’est dit.

Échos de campagne

Après les attentats de paris du 13 novembre dernier, la nécessité d’une pause dans la campagne pour les élections régionales s’est naturellement imposée à tous les candidats. Les rencontres publiques et les rendez-vous électoraux ont cependant repris leur rythme dès la semaine dernière, avec des importants rassemblements qui ont eu lieu comme prévu dans toute la région. À Capesterre-Belle-Eau, une foule festive et bruyante a accueilli chaleureusement Ary Chalus et ses colistiers de Changez d’avenir, sur la place de la mairie, vendredi 27 novembre. Le candidat a répliqué le soir suivant, à Morne-à-l’Eau. Toujours vendredi, la tête de liste de Guadeloupe Solidaire, Laurent Bernier, accueillait l’ancien ministre et député de l’Eure, Bruno Le Maire, devant ses soutiens réunis pour l’occasion au palais des sports du Gosier. Une assistance nourrie et chaleureuse s’est également retrouvée et a dansé, le même soir, devant la mairie du Moule avec le président sortant, Victorin Lurel, et toute son équipe de La Guadeloupe toujours mieux. Marie-Christine Myre Quidal, tête de liste Nouvelle alliance pour la Guadeloupe, a elle aussi repris sa campagne et ses conférences, le week-end dernier.

 

ANALYSE

Lurel/Chalus suspense total !

Les deux candidats ont leurs atouts et leurs faiblesses. Difficile, pourtant, de dire qui des deux les Guadeloupéens vont choisir.

Le scrutin régional des dimanches 6 et 13 décembre marque peut être la fin d’un cycle commencé au lendemain de la défaite de Lucette Michaux-Chevry aux élections régionales de 2004. Sans arguer du résultat à venir, on peut dire que le divorce est désormais consommé entre les deux camps de la gauche, que sont le Parti socialiste et le GUSR. Et ce n’est pas la volonté d’Ary Chalus de vouloir se situer ailleurs que dans un quelconque parti qui y changera quelque chose. Le socle de gauche est mort. Et peut-être encore plus. Ce sont les résultats des élections qui détermineront l’avenir des deux familles de gauche. Gare aux perdants !

La gauche régnait donc, sans partage depuis 2004 et c’est d’ailleurs toujours le cas sur la Guadeloupe. La période Sarkozy à la tête de l’État n’y a d’ailleurs rien changé. Les deux familles de la gauche après le coup de Jarnac infligé à Félix Proto par Dominique Larifla en 1992 s’étaient réconciliées et s’entendaient pour l’essentiel. Pendant que Victorin Lurel officiait à la Région, Jacques Gillot plastronnait au Département. La droite se contentait de miettes avec quelques maires dans les communes qui n’avaient pas viré casaque. Reinette-Julliard à Lamentin, Blaise Aldo à Sainte-Anne, Louis Molinié à Terre-de-Haut Luc Adémar à Gourbeyre, Richard Yacou à Sainte-Rose. Et Lucette qui avait réussi à sauvegarder un poste de sénateur. Ce n’est qu’en 2008 que Laurent Bernier faisait la conquête de Saint-François. Deux ans plus tard, en 2010, Gabrielle Louis-Carabin donnait un coup à gauche en rejoignant Victorin Lurel.

Entre le PS et le GUSR, la rupture aurait pu pourtant intervenir dès 2010. Jacques Gillot, en dépit de fortes pressions n’a pas cru bon devoir sauter le pas à l’époque. Mais le différend couvait déjà depuis un moment. Et puis comme c’est souvent le cas lorsqu’on domine sans partage, on trouve sa contradiction en son propre sein. Dès 2011, les premières dissensions sont apparues. En cause, l’évolution statutaire réclamée par le GUSR et une assemblée hétéroclite qui avait réussi à faire disparaître toute opposition en son sein. Socialistes, gauche alternative, GUSR, droite, tout le monde appartenait à la majorité de Jacques Gillot.

Gillot tombe, Chalus s’engouffre

Aux élections municipales de mars 2014, les deux gauches s’étaient jaugées. Le PS avait tout de même fait meilleure figure. Ce sont les élections départementales de 2015 et la chute de Jacques Gillot qui ont définitivement sonné le glas du fameux socle de gauche. Dans cette déchirure, Ary Chalus s’est engouffré tout heureux de pouvoir rassembler tous ceux qui veulent se débarrasser de Victorin Lurel. Rassembler au-delà des partis, ce n’est guère nouveau. Au fond, Chalus et Gillot ont le même ADN. Jacques Gillot s’était fait au sein de l’assemblée départementale, le chantre du consensus, pour un bilan pour le moins contrasté. Le plus extraordinaire c’est que la mayonnaise a pris forme.

Nous sommes aujourd’hui en présence d’une véritable compétition où chacun avance ses pions et croit en ses chances. Le suspense est total. Qui va l’emporter ? Les deux candidats ont des atouts et des faiblesses. Victorin Lurel a l’expérience, la maîtrise des dossiers, l’appui de nombreux maires, et quoiqu’on dise, la compétence. Contre lui, il y a l’usure du pouvoir, un côté cassant et peut-être le culte de la méritocratie, dimension pas toujours bien vu dans une société où il n’est plus de bon ton d’exalter l’effort et l’excellence. Ary Chalus est volontiers engageant, sympathique, spontané, fonceur. Il n’a pas froid aux yeux et peut s’attaquer à n’importe quel domaine. En revanche le député-maire de Baie-Mahault est souvent brouillon, pas toujours clair dans ses propositions. Ses amis et lui-même mettent dans la balance sa capacité à savoir s’entourer et à solliciter les compétences. Sera-ce suffisant pour convaincre. Quel choix feront les Guadeloupéens ? Rendez-vous dimanche 6 décembre prochain.

 

DÉCRYPTAGE

La rude épreuve des médias

L’épreuve de l’interview est redoutable pour les candidats. Mais elle peut aussi les propulser vers la victoire.

Les candidats sont très attachés à ce qu’il est communément appelé les conférences. À pareille époque de campagne électorale, derrière un microphone dans un lieu très fréquenté les orateurs se suivent pour haranguer l’assistance. C’est un exercice pas si facile qu’on pourrait le croire, mais bien plus aisé que l’épreuve des médias. Derrière un média, le public est bien plus nombreux à vous entendre. Du coup, ceux qui ne sont pas de votre camp ont tout le loisir d’affûter leurs critiques, et sans doute plus important encore, les indécis peuvent s’abreuver longuement pour se faire une opinion. Cette année 2015, la campagne presse, radio, télé et internet de l’élection régionale s’est trouvée amplifiée par l’arrivée de trois nouvelles chaînes de télévision et d’imprimés papiers en tout genre, qui chacun ont occupé à leur manière l’espace pour ces élections. Un point positif puisque les médias permettent aux petites listes d’exister. Une bonne exposition médiatique vaut plusieurs meetings que les plus modestes n’ont pas toujours les moyens d’assurer. C’est d’ailleurs au cours de la campagne médiatique, surtout depuis l’ouverture de la campagne officielle, que les choix des électeurs se cristallisent. Mieux vaut être excellent à l’exercice de l’interview ou à défaut, pas trop médiocre car on peut payer cash toute défaillance. Votre hebdomadaire s’est même plié à l’exercice de l’interview filmée. Vous pouvez donc retrouver celles de Laurent Bernier (photo), Ary Chalus et Victorin Lurel sur le Facebook/LeCourrierdeGuadeloupe. Qui des 10 candidats aura le mieux passé le test médiatique ? Difficile à dire. La part de subjectivité ne sera jamais exempte d’un tel exercice. En revanche, l’électeur lui, se sera sûrement fait une opinion, qu’il exprimera dans l’urne.

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