La France s’est donné quelques frissons avec l’affaire Benalla. Les travaux de l’Assemblée nationale ont été perturbés, l’examen de la loi sur la réforme institutionnelle a été reporté à septembre prochain ou à plus loin. Les médias pris d’une frénésie soudaine ont mené le bal. Ce bouillonnement du microcosme politico-médiatique parisien est sans doute riche en enseignements. Sous nos cieux, il doit sûrement intéresser quelques initiés de la politique et du fonctionnement de l’État. Il est loin pourtant de passionner la grande majorité des Guadeloupéens plus préoccupés de trouver des réponses aux dysfonctionnements divers qui affectent leur existence : l’eau, le chlordécone, le CHU et depuis six mois environ l’invasion des sargasses. De nombreux Guadeloupéens pâtissent chaque jour de cet échouage. Ils sont englués dans une catastrophe qui a beau ne pas être naturelle, demeure réelle, grave et dangereuse pour leur santé.
Paris, l’affaire Benalla et Macron leur passent par-dessus la tête. Les victimes des sargasses habitent le long du littoral de Petit-Bourg, ou à Four à Chaux à Capesterre Belle-Eau ou à Capesterre de Marie-Galante. Ils se terrent chez eux ou errent comme des âmes en peine. Parfois ils longent la côte, le regard rivé sur les puantes algues. Ce sont de petites gens, de pauvres gens. Des personnes âgées souvent. Leurs cris et leur colère ne touchent personne. En tout cas, pas qu’on le sache. Ils ne sauraient dire pourquoi, ils ont confusément, le sentiment qu’on les traite avec dédain parce qu’il s’agit d’eux. Parce qu’ils sont de pauvres gens. Beaucoup ne savent même plus dans quelles circonstances ni à quelle occasion ils se sont retrouvés à habiter là. Si près. Trop près de la mer. C’est illégal. Oui, sûrement. Est-ce une raison pour les laisser mourir à petit feu ? Les déplacer ? Oui. Les loger ? Où ? Dans des écoles ? Combien de familles ? Pendant combien de temps ? Cette solution est presque ingérable. Le ramassage des sargasses après échouage est un échec. » Chayé dlo an pannié » nous a dit un résident de Vinaigrerie. C’est aussi la ruine des communes. Elles ne roulaient déjà pas sur l’or. Il est temps d’envisager d’autres solutions. Notamment celles qui empêcheraient les sargasses d’échouer sur nos côtes.
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