Annoncée comme une année de transition parce qu’elle n’avait aucune échéance électorale au calendrier, 2018 au final, s’est révélée charnière. La révolte des Gilets-jaunes a été le signe d’un éclatement de la société française. Plusieurs observateurs ont mis l’accent sur le recul d’Emmanuel Macron. L’essentiel est ailleurs. 2018 c’est d’abord la révolte de gens ordinaires qui rappellent être aussi dignes d’intérêt que les « premiers de cordée » et autres membres des élites. Ensuite, les Gilets-jaunes ont réussi à faire entendre leur colère. Leur génie c’est d’avoir trouvé la méthode qui leur a permis de peser, d’occuper tout le territoire, sans être un million dans la rue et ce, sans déserter leur travail. « Chaque couillon a sa ruse » disent les anciens en Guadeloupe. Ces gens qui n’ont pas fait l’Ena ont déployé une inorganisation efficace à laquelle n’avait pensé aucun mouvement social jusqu’ici. Le gouvernement était préparé à résister à des contestations qui auraient pu regrouper deux millions de manifestants à Paris et dans les grandes villes. Pour n’avoir pas vu venir la révolte des ronds-points, le gouvernement a été complètement déboussolé par la « ruse des couillons ».
Le mouvement des Gilets-jaunes n’a eu aucune conséquence notable en Guadeloupe ni même à La Réunion, où il a été suivi. Non pas parce qu’il n’y a pas de petites gens en quête de pouvoir d’achat Outre-mer, mais parce que les principales mesures qui ont suscité la réprobation des classes moyennes n’étaient pas dans le champ des revendications des Gilets-jaunes. Et pour cause. La suppression de l’abattement fiscal Dom est définitivement entérinée. Nonobstant les contestations de la classe politique. Il y aurait eu 500 000 manifestants dans tous ces territoires que cela n’aurait rien changé. D’abord, parce que deux millions d’électeurs d’Outre-mer ne pèsent pas lourd. Ensuite, l’État est de plus en plus décidé à réaliser des coupes claires budgétaires au détriment de ces territoires. Quitte à leur accorder l’illusion d’une autonomie. L’institutionnelle. Elle ne lui coûterait rien. Au contraire.
Le Courrier de Guadeloupe vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année. Nous aurons le plaisir de vous retrouver vendredi 11 janvier 2019.
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