Il ne se passe plus un jour en Guadeloupe sans que quelqu’un se fasse tuer. Le plus souvent à coups de fusil ou autre arme à feu. Un peu comme si le pays était devenu le cadre d’un western permanent ou tout simplement un petit Bronx à New York. La référence retenue est volontairement américaine. Non pas parce que la violence ne sévit qu’aux États-Unis, mais parce que ce pays a érigé l’amour des armes à feu en véritable culte et parce qu’aussi, c’est le modèle américain, dans ce qu’il charrie de plus négatif, qui sert de référence à nos jeunes, et qui leur mange l’esprit. On savait la violence partout. Dans la rue, près de chez soi, sur la route, dans nos quartiers, même si certains sont plus exposés que d’autres. Les derniers faits sanglants qui se sont déroulés en Guadeloupe : fusillade lors d’une veillée mortuaire – notre société ne respecte plus les morts — froides exécutions sur fond de règlements de compte, sont des événements qui indiquent que la violence n’est pas fortuite mais organisée, avec des bandes armées, des gangs qui ont leurs rites, leurs codes, leurs modes de fonctionnement. Jean-Jacques Urvoas, grand spécialiste de la sécurité et de la délinquance au parti socialiste, invité en Guadeloupe en novembre 2011 lors du congrès des élus sur la violence et l’insécurité organisée par le conseil régional, avait délivré sur le pays deux informations essentielles.
1° La violence a explosé de façon exponentielle en Guadeloupe. En très peu de temps.
2° Les moyens pour la combattre sont insignifiants. Au vu des derniers événements qui viennent de se produire, on sait désormais que l’escalade n’est pas prête à être enrayée. On s’aperçoit aussi – et c’est là le plus grave — que notre société a complètement basculé dans un autre univers. Celui du non-respect de l’autre et de la vie humaine. Pas de valeurs, plus de règles. Plus inquiétant encore, c’est le sentiment d’impuissance qui flotte dans l’air. Un peu comme si, en dépit des déclarations fortement appuyées des uns et des autres pour dénoncer cette catastrophe, il n’y avait rien d’autre à faire que ne rien faire, sinon déplorer la situation. Certes, il n’y a pas de solutions toutes faites. J’en conviens, la tâche s’annonce ardue. Pourtant, tous autant que nous sommes, à la place que nous occupons, et dans chacun de nos rôles, nous devons de toute urgence, nous bouger pour éviter que la Guadeloupe ne devienne à son tour un petit Rio de Janeiro au Brésil ou un petit Kingston à la Jamaïque. Sinon, le pire est à venir !
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