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Mettre fin aux turpitudes de l’import

Produire des denrées agricoles, les transformer, mettre en place des filières. Cette petite musique pénètre de plus en plus les décideurs de Guadeloupe. Un peu comme si, producteurs, élus, entrepreneurs et même le gouvernement auraient d’un coup, vu la lumière. L’engouement ne doit pas occulter les nombreuses chausse-trappes qui se dressent au-devant de la production locale. Commençons par tordre le cou à cette idée qui voudrait que les Guadeloupéens ne sachent rien entreprendre. Dans les années quatre-vingt, quelques-uns se sont lancés dans la production de ouassous. Ils y ont cru. Ils vendaient 180 F soit 27,50 euros le kilo de ouassous. Un opérateur depuis Lorient s’est mis à inonder le marché Guadeloupe/Martinique avec des ouassous venus du Vietnam et du Bangladesh. Nourris aux excréments de porc et piqués aux antibiotiques afin de satisfaire aux critères sanitaires, ces ouassous sont aujourd’hui vendus moins de 10 euros dans les grandes surfaces. Depuis, les Guadeloupéens raffolent du ouassou au caca cochon. Et la filière locale de ouassou a périclité.

L’igname en provenance du Costa Rica est rendue en Guadeloupe à 72 centimes le kilo. Avec un taux de 20 % d’octroi de mer. Il revient à 87 centimes à l’importateur. Ce prix de revient permet de concurrencer outrageusement l’igname produite sur place. Puisque vendue à partir de deux euros le kilo. J’ajoute que l’igname produite en Guadeloupe suspectée d’être chlordéconée peut subir des contrôles. Les ignames du Costa Rica passent la douane comme une lettre à la poste. L’exportateur se contente de produire une attestation des autorités de son pays sur la qualité sanitaire de son produit. Contrôle sur document. La belle affaire ! Le chef de l’État a indiqué lors du grand débat avec les élus des Outre-mer qu’il faut créer des filières, produire. Il a proposé de s’attaquer aux monopoles. Parfait. Plus globalement, il faudra s’interroger aussi sur les turpitudes d’une économie basée sur l’importation seule. Elle tue dans l’œuf toute velléité de production sur place.

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