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Force ouvrière Guadeloupe menacée de disparaître

Force ouvrière Guadeloupe menacée de disparaître

Les résultats d’une élection peuvent ne pas refléter la situation politique de tout un territoire. Il existe toujours ici et là, des situations singulières qui peuvent venir contredire une analyse générale. Dans une localité, des inimitiés féroces ou des rejets à l’égard d’un candidat, une personnalité qui transcende le jeu des partis, toutes ces contingences peuvent échapper à une tendance générale. Les élections législatives n’échappent pas à la règle. Sauf que de toutes les élections, c’est celle qui permet le mieux de juger du poids politique des partis. Ce sont les députés réunis sous la bannière d’un parti qui apportent ou non leur soutien à la politique du gouvernement. Après le triomphe d’Ary Chalus aux élections régionales, le GUSR avait l’occasion de démontrer qu’il était bien désormais le parti politique fort de la Guadeloupe. Le parti de Guy Losbar ne l’entendait pas autrement puisque le GUSR a imposé à la majorité installée au conseil régional ses candidats. À dire vrai, le résultat n’est guère probant. C’est même un échec si l’on considère que l’élection d’Olivier Serva repose surtout sur son équation personnelle et la stratégie qu’il a déployée. Le député était en campagne dès le lendemain des élections régionales. Ce qui lui a permis entre autres, de creuser son sillon et d’écarter tout concurrent éventuel.

À l’annonce des résultats, de nombreux commentateurs ont fait porter le chapeau aux candidats désignés par le GUSR. Pour aller vite, il y aurait eu en quelque sorte erreur de casting. Guy Losbar qui parle souvent franc, a expliqué que le parti a voulu jouer le renouvellement. Sauf que le verdict est toujours le même. C’est un échec. Même si la défaite d’Aramis Arbau dans la quatrième circonscription est aussi celle de la droite qui a pactisé avec le GUSR. Au niveau national, La République en marche a mené avec succès l’opération renouvellement et démontré ainsi qu’elle était la principale force politique du moment. En Guadeloupe, nous sommes loin du compte. Au détail, le constat est encore plus cinglant. Dans la deuxième circonscription, Nadia Perran est étrillée au Moule et elle subit un vrai désaveu à Gosier, commune dont le maire, éminent membre du GUSR, est l’ardent défenseur de la candidate. Dans la troisième circonscription si Nestor Luce fait illusion à Petit-Bourg, il mord la poussière à Baie-Mahault, fief d’Ary Chalus.

L’échec du GUSR apparaît d’autant plus grand qu’il est le seul à qui on puisse l’attribuer. Le choix des candidats incombe au parti et à lui seul. Il s’opère en dépit des préférences d’Ary Chalus. Max Mathiasin et Justine Bénin avaient cru pouvoir compter sur le soutien du président de Région. Ils ont dû déchanter. La déconfiture du Parti socialiste semble prononcée au niveau national. Victorin Lurel et quelques autres font de la résistance en Guadeloupe. Dans l’Hexagone, la droite est contrainte à compter les points. Au niveau local elle est réduite aux acquêts. Au niveau national, le mouvement En Marche ! auquel le GUSR a adhéré a le vent en poupe. Partant, l’heure était tout indiquée pour asseoir la suprématie politique du parti. C’est raté.

L’autre enseignement de ce scrutin c’est le refus d’Ary Chalus d’assumer un quelconque leadership politique en Guadeloupe. Le président de Région qui s’enorgueillit de n’appartenir à aucun parti a renoncé à imposer ses choix. Il s’est même plié à ceux du GUSR. La popularité semble combler son ambition. C’est son droit. La question est de savoir si l’électeur entend déléguer le pouvoir à une autre entité qu’il n’a pas nommément choisi. Si l’on se fie à ce dernier scrutin, c’est non.

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