SA KI BON POU ZOI ?

Marie-Paule Bélénus-Romana est vilipendée pour avoir bénéficié de salaires jugés faramineux. Elle a en réalité hérité d’une situation qui existait bien avant elle, et qui n’avait jusqu’ici jamais été relevée par personne. Explications.

Les révélations sur le niveau de salaire de Marie-Paule Bélénus-Romana 1,2 million d’euros sur une année en 2010 ont défrayé la chronique. Un peu comme les salaires pharaoniques des grands patrons des sociétés du CAC 40. Encore que cette réalité est loin de choquer tout le monde. Mais de toute évidence, de tels salaires sont disproportionnés eu égard aux revenus moyens de l’ensemble de la population. Quant au smicard, il aurait quelque raison à trouver cela scandaleux. C’est dit et acté.

Toutefois, il convient dans un premier temps de lever le voile sur un mécanisme qui ne date pas d’aujourd’hui et que tout le monde fait semblant de découvrir aujourd’hui. Ensuite de circonscrire les faits dans leur sphère véritable. De s’interroger également sur le bien-fondé, la validité et l’à-propos de la stratégie mise en place par la Semsamar. À l’origine donc, la Semsamar est une petite société d’économie mixte Saint-Martinoise dont la majorité est détenue par Saint-Martin à l’époque commune de la Guadeloupe. Nous sommes en 1985. Très rapidement, sous l’impulsion de son directeur général Jean-Paul Fisher la Semsamar prend de l’extension et commence à damner le pion aux autres opérateurs du logement social. Elle s’étend sur la Guadeloupe en 1992 puis en Guyane en 2005 et depuis 2010 opère aussi en Martinique. À la grande satisfaction des collectivités qui l’accueillent à bras ouverts.

Dans le même temps, l’entreprise a diversifié ses activités. Sans se détourner du logement social puisque son parc se chiffre à 11 000 logements sur la Guadeloupe, Saint-Martin, la Guyane et la Martinique, la SEM opère également dans le renouvellement urbain, la réalisation d’équipements structurants, la promotion immobilière, la gestion d’équipements. La Semsamar va plus vite, elle est plus efficace. Elle développe la culture de l’excellence, et cela paie. Les résultats sont au rendez-vous. L’entreprise gagne de l’argent.

Oui mais voilà le salaire du directeur général est calqué sur les résultats. Mécanisme mis en place bien avant l’arrivée de Marie-Paule Bélénus-Romana à la tête de la Semsamar en 2009. Pour couronner le tout, la Semsamar est passée du 6ème au 3ème rang des SEM françaises. Autrement dit, les résultats de la société se sont amplifiés dans des proportions importantes. En 2011, le résultat net de la Semsamar se chiffre à 12,7 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de plus de 109 millions d’euros. À l’arrivée cela donne le montant de salaire évoqué plus en avant.

PROBLÈME

L’Ovni Semsamar

Semsamar

De toute évidence, la réussite de la Semsamar pose problème autant que le salaire de Marie-Paule Bélénus-Romana. Cette réussite transgresse le colbertisme habituel puisqu’elle permet de générer de la richesse locale. Les médias ont focalisé sur le niveau de salaire de sa directrice générale, mais la Miilos a mis l’accent sur plusieurs points qui dérangent l’organisme d’inspection et de contrôle des opérateurs de logements sociaux. Le plus important est sans doute le modèle économique organisationnel et de développement mis en place. La Semsamar a créé de nombreuses filiales qui interviennent dans plusieurs secteurs d’activité, avec efficacité. C’est un modèle qui pour le moins laisse perplexe la Miilos.

DU SOCIAL ET PLUS

Une réussite exceptionnelle

La Semsamar est devenue un élément important du développement économique, des infrastructures et des équipements. C’est une structure qui s’appuie sur la mobilisation de l’ingénierie locale. C’est une dissonance positive multiterritoire et multi-activité. De fait, la Semsamar s’impose les exigences d’une entreprise privée. Elle a axé son fonctionnement sur le résultat. Ce que lui reproche le secteur privé qui se dit concurrencé par un opérateur qui bénéficie de fonds publics. On pourrait simplement faire remarquer que la SEM continue à construire des logements sociaux, 11 000 sur l’ensemble des territoires où elle intervient. Par ailleurs, la frontière argent public/argent privé est devenue très floue. Combien d’entreprises privées d’envergure peuvent-elles soutenir qu’elles n’ont jamais sollicité, et obtenu, des fonds publics des fonds européens surtout ? Une fois ces fonds obtenus, font-elles du social ?

Semsamar

BÉNÉFICES

Marie-Paule Bélénus-Romana et les patrons du CAC 40

Quelle différence il y -a-t-il entre un patron du CAC 40 qui touche des salaires faramineux et Marie-Paule Bélénus-Romana ? Une seule, et elle est de taille. Même en accumulant des pertes, le patron du Cac 40 s’octroie des augmentations de salaire. Marie-Paule Bélénus-Romana gagne beaucoup d’argent. Sans doute trop. Mais sur les bénéfices engrangés par la Semsamar, pas sur des pertes.

Que risque Marie-Paule Bélénus-Romana ?

En réalité, Marie-Paule Bélénus-Romana ne risque rien. Elle n’a commis aucun délit. Le conseil d’administration de la Semsamar avait bien avant l’entrée en fonction de la directrice générale entérinée le mode de calcul du salaire du dirigeant. Ce conseil d’administration reverra certainement à la baisse les modalités de tels émoluments. Au pire, il pourrait la débarquer, mais en aucune manière la poursuivre ou la faire rembourser. Les cris d’orfraie qu’on entend se placent sur le plan de la morale. Mais c’est bien connu à la différence des fautes pénales les fautes morales sont à géométrie variable. Selon qu’on soit puissant ou misérable ou encore dans les bonnes grâces…

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