Le plus grand porte-avions américain, l'USS Gerald R. Ford, ici photographié le 24 septembre 2025 à l'exercice "Neptune Strike 25" avec des destroyers en mer du Nord au large du Danemark. Photo : Federico Gambarini/dpa Photo: Federico Gambarini/dpa

Un porte-avions américain (photo ci-dessus) est arrivé ce mardi 11 novembre au large du Venezuela, à 600 km au sud de la Guadeloupe. 600 km, c’est environ 7 fois la longueur entre Deshaies et La Désirade.

Ce déploiement marque une montée en puissance considérable des moyens militaires étalés par les États-Unis dans la région et accentue les tensions avec le pays d’Amérique latine qui a ordonné le déploiement « massif » de son armée face à « l’impérialisme » américain.

« Le groupe aéronaval Gerald R. Ford, mené par le plus grand porte-avions du monde, l’USS Gerald R. Ford (CVN 78), est entré le 11 novembre dans la zone » de Southcom (du nom du commandement américain pour l’Amérique latine et les Caraïbes), a annoncé un communiqué.

Ce déploiement, annoncé par Washington le 24 octobre, a pour but de « soutenir l’ordre du président de démanteler les organisations criminelles transnationales et de contrer le narcoterrorisme en défense de la patrie », ajoute Southcom.

Le porte-avions Gerald R. Ford est le plus grand du monde et le plus avancé de l’armée américain. Il transporte notamment quatre escadrilles d’avions de combat F/A-18E Super Hornet et est accompagné notamment de trois destroyers lance-missiles, selon le communiqué.

Depuis août, Washington maintient dans les eaux de la Caraïbe une importante présence militaire avec notamment une demi-douzaine de navires de guerre (voir infographie ci-dessous), officiellement pour lutter contre le trafic de drogue à destination des États-Unis.

Le porte-avion américain USS Gerald R. Ford, son destroyer lance-missiles et les autres navires de guerre déjà déployés dans la Caraïbe au 11 novembre 2025. Infographie : Jonathan Walter et Valentina Breschi / AFP
Le porte-avions américain USS Gerald R. Ford, son destroyer lance-missiles et les autres navires de guerre déjà déployés dans la Caraïbe au 11 novembre 2025. Infographie : Jonathan Walter et Valentina Breschi / AFP

Le Venezuela considère le déploiement de cette armada comme un prétexte qui vise en réalité à renverser le président Nicolás Maduro et à s’emparer des réserves pétrolières du pays.

Le président américain Donald Trump, qui a autorisé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela, a donné des indications contradictoires sur sa stratégie, évoquant par moments des frappes sur le sol vénézuélien et des jours comptés pour Nicolás Maduro mais écartant aussi l’idée d’une guerre.

Frappes « inacceptables »

Parallèlement à l’annonce du Pentagone mardi, l’armée vénézuélienne a annoncé un déploiement « massif » dans tout le pays.

La veille, Nicolás Maduro, qui a appelé plusieurs fois au dialogue avec Washington, avait assuré que le Venezuela disposait de « force et de pouvoir » pour répondre aux États-Unis si nécessaire : « Si l’impérialisme venait à porter un coup et à causer des dommages, l’ordre d’opérations, de mobilisation et de combat de tout le peuple vénézuélien serait décrété ».

Caracas a annoncé à de maintes reprises des manœuvres militaires dans le pays, fortement médiatisées par le pouvoir sans qu’elles soient toujours visibles sur le terrain.

Ces dernières semaines, les États-Unis ont mené une vingtaine de frappes aériennes dans la Caraïbe et le Pacifique contre des embarcations qu’ils accusent – sans présenter de preuves – de transporter de la drogue, faisant au total 76 victimes.

Des experts pointent l’illégalité de ces opérations contre des personnes n’ayant été ni interpellés ni interrogés. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exhorté lundi Washington à enquêter sur la légalité de ses frappes, évoquant de « solides indices » qu’elles constituent des exécutions extrajudiciaires, en clair des actions hors-la-loi.

Et mardi, le ministre russe des Affaires étrangères a qualifié ces opérations d’« inacceptables ». « C’est ainsi, en général, qu’agissent les pays […] qui se considèrent au-dessus des lois », a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une rencontre avec des médias russes, retransmise sur les chaînes d’État, critiquant des actions menées « sans procès, ni enquête ».

Nicolás Maduro, fidèle allié de Vladimir Poutine, avait annoncé en mai un nouveau rapprochement entre Moscou et Caracas avec la signature d’un traité de coopération.

Le déploiement militaire américain dans la Caraïbe génère des inquiétudes au Venezuela, mais aussi dans la Colombie de Gustavo Petro et le Brésil de Lula.

Même le Royaume-Uni, pourtant proche allié des États-Unis, a renoncé il y a environ un mois à partager ses renseignements avec Washington concernant les navires soupçonnés de trafic de drogue dans la Caraïbe, ne souhaitant pas être complice des frappes militaires américaines, affirme mardi la chaîne de télévision américaine CNN, citant des sources proches du dossier.

Contacté par l’AFP, Downing Street a indiqué ne pas souhaiter commenter sur les questions de sécurité ou de renseignement.

Avec AFP

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