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Comment les ténors gagnent une élection

Comment les ténors gagnent une élection

Si l’on croit tous ceux qui s’affairent ces jours-ci après conférences, meetings et autres organisations de manifestations publiques, la Guadeloupe serait devenue, un pays où tout le monde ne ferait que cela, de la politique. Nous sommes pourtant bien loin du compte. Il n’est en effet pas du tout sûr, que la majorité des citoyens se sente impliqué par cette consultation. Beaucoup regardent tout ce mouvement comme une simple gesticulation. Et c’est bien dommage. Car notre pays est toujours le territoire où lorsque le taux de participation à une élection dépasse les 50 % des inscrits, tous les observateurs saluent l’excellence de ce taux. Comparé aux grandes démocraties, c’est se contenter vraiment de peu. Ainsi, si l’on reste sur la base des 50 % de votants, c’était déjà à peu près le chiffre affiché en 2010, sur les 314 000 inscrits 157 000 personnes seulement vont voter et désigner l’équipe qui conduira les affaires régionales du pays pendant 6 ans. De quoi relativiser un peu les choses et calmer l’ardeur des plus excités. Dès lors que pointe une quelconque période électorale, on se croirait dans le pays le plus politisé du monde, alors que la moitié d’entre nous ne vote même pas. D’ailleurs il n’est même pas sûr que tous les excités aillent voter.

D’autant qu’au lendemain de cette élection, quels que soient les résultats, on n’aura pas changé de planète, on ne sera pas devenu plus riche, ni plus pauvre non plus. On sera peut-être content l’espace d’un jour ou deux de voir triompher son camp. Mais on ne sera pas forcément plus heureux. Le bonheur, je crois, c’est certainement autre chose. Votre univers proche ne sera pas transformé. Votre quotidien non plus. Autour de vous les gens ne seront pas plus heureux. Les candidats peuvent tout promettre, y compris l’impossible, aucun d’entre eux n’a de baguette magique. Et puis surtout, il faudra bien dire à nouveau bonjour au voisin qui n’a pas voté dans le même sens que vous, discuter et inviter le frère qui collait des affiches pour l’autre, en dépit des arguments que vous lui avez assené pendant toute la campagne, pour le faire changer d’avis. Bref, il faudra continuer à vivre parce qu’après les élections, la vie continue.

Pour tous ceux qui sont engagés dans cette bataille des régionales, dimanche 6 décembre sera sans doute l’un des jours les plus longs de l’année 2015. En attendant peut-être le dimanche suivant 13 décembre. En début de soirée les médias de l’immédiat – radios et télés — envahiront nos esprits, occuperont toute notre attention. Certains chanteront et feront la fête d’autres feront grise mine, et seront amers, ou peut-être pas. La décision finale étant encore suspendue à un deuxième tour de scrutin. Il faut seulement espérer que le plus grand nombre possible de personnes se soit rendu aux urnes, voter est l’acte citoyen par excellence. Il faut également espérer, le plus ardemment du monde, qu’il n’y ait aucun incident à déplorer, que les esprits soient apaisés et que tout se déroule dans le calme.

Mais en attendant le jour J, les états-majors s’affairent. On colle les dernières affiches, on tient les derniers meetings, on se lance dans une dernière séance de porte-à-porte. On ne sait plus quoi inventer pour convaincre les derniers incrédules. Chacun affirme haut et fort qu’il vole vers la victoire. Ça, c’est pour impressionner le camp adverse. Mais au fond, on n’est pas plus rassuré que cela. Car personne ne sait ce qui se passera dans les urnes. Tout le monde est inquiet. On fait appel à la méthode Coué et même un dernier sondage n’y changerait rien. C’est d’ailleurs souvent de l’intox. On ne peut rien savoir d’avance. Tout compte fait, heureusement. Ce serait enlever le véritable charme du scrutin. L’attente, l’incertitude, l’angoisse, le suspense, l’adrénaline qui monte… Le reste est plus quelconque, moins significatif y compris les discours d’après scrutin qui soient excessifs, soit de mauvaise foi, ou encore convenus.

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