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Chlordécone encore…

L’épisode chlordécone risque malheureusement de durer encore un bon bout de temps. Car le moins qu’on puisse dire c’est que les dernières études ne laissent présager rien de bon. On savait les terres du sud Basse-Terre contaminées. On subodorait également que la faune n’était pas épargnée. Maintenant on n’est plus très sûr de la qualité de l’eau. Et ce en dépit des discours des autorités qui se veulent plutôt rassurants. En réalité, il ne s’agit pas d’entonner les trompettes de la mort et d’affoler la population comme l’on fait certains médias de l’Hexagone en titrant sur la Guadeloupe empoisonnée, lorsque le professeur Belpomme avait sorti son fameux rapport. Pas sûr que cette attitude soit véritablement génératrice de solutions efficaces. L’Etat qui n’en peut mais, ne sera pas pour autant plus enclin à dédommager qui que ce soit plus qu’il ne le peut. Et le temps passé à pleurnicher peut être mieux utilisé. Et puis soit dit en passant on ne fait pas du marketing territorial en criant à tout va venez voir à quel point on nous a empoisonnés ! Cela dit, cette contamination par le chlordécone pose tout de même un certain nombre de questions qui ne doivent pas être éludées. D’abord, et contrairement à ce que certains peuvent penser, il n’est pas inutile d’établir clairement les responsabilités dans cette affaire. L’objectif premier n’est pas forcément de punir ou de stigmatiser, mais de comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là. Démonter le cheminement tordu et souvent crasse de cet incroyable empoisonnement. Histoire de se prémunir de nouvelles aberrations criminelles de cette nature. Ne serait-ce que pour cette unique raison les recours doivent poursuivre leur cours. Ensuite, puisque le mal est fait tant qu’il n’est pas éradiqué et cela durera encore longtemps, les pouvoirs publics doivent une information totale et franche à la population. Il y a deux ans une campagne de sensibilisation et d’information avait été initiée. Elle s’est vite évaporée. Enfin les contrôles sanitaires doivent être renforcés. Pour tout ce qui concerne l’alimentation mais tout particulièrement pour l’eau, vecteur particulièrement efficace à toutes les contaminations mais dans le même temps tellement indispensable à la vie quotidienne ! Nous ne pouvons dans ce domaine nous contenter d’approximations ou d’auto contrôle. Enfin les agriculteurs non planteurs de bananes ont pour une fois droit à tous les égards. Y compris d’ailleurs à ceux des planteurs de bananes qui eux peuvent continuer à exploiter leurs champs en toute quiétude puisque pas du tout concernés par un problème qu’ils ont pourtant contribué à créer.

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